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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Le Bon degré de folie

 

Le Bon degré de folie

 

Comment vous sentez-vous ces derniers temps ? Êtes-vous traversé d'idées bizarres ? Vous arrive-t-il de ne plus faire la bise aux personnes de votre connaissance ? De vouloir obsessionnellement remonter à un chez-vous que les autres jugent douteux, voire purement imaginaire ? Vous arrive-t-il de ne plus parvenir à distinguer la réalité de la fiction, de préférer, à votre identité ordinaire, l'identité d'un personnage inventé dont l'incarnation vous plonge dans des transes euphoriques ? Ou bien, au crépuscule, quand la destruction et la création, la vie et la mort semblent se réunir, vous arrive-t-il d'entendre Kali murmurer à votre oreille ? Dans ce cas, les Urbains vous recommandent vivement de ne rien laisser paraître. La folie, Michel Foucault nous a bien expliqué comment ça se règle dans les sociétés modernes : entre quatre murs.

 

Entre quatre murs, loin de ceux qu'on aime. Si vous ne devez lire qu'une chose dans ce numéro 39, lisez le témoignage d'un détenu de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. http://www.lesurbainsdeminuit.fr/coups-de-coeur-et-autres-coups/4448 L'enfermé explique sans pathos, avec lucidité et justesse, ce que cela fait de redevenir humain pendant les trente trop courtes minutes de parloir qui ponctuent la longue non-existence carcérale. L'attente, la joie et l'oubli, puis la honte. Sobre et puissant, ce récit ne peut que réveiller l'empathie d'un lecteur digne de ce nom.

 

Il paraît que Google et internet nous ont rendu stupides et incapables de faire une lecture calme et profonde*. Prouvez-vous le contraire à vous-même en plongeant dans une longue incantation à la folie, d'Harpocrate. http://www.lesurbainsdeminuit.fr/coups-de-coeur-et-autres-coups/4465 Religions et mythologies se mêlent dans un souffle poétique pour emporter la part la moins triviale de notre esprit. Sa tangente folle.

 

Folle, comme une vieille que l'on confie à des ambulanciers chargés de la conduire à l'hôpital psychiatrique. Qu'elle proteste, qu'elle clame avoir toute sa raison, c'est à coup sûr un symptôme qui prouve son égarement. http://www.lesurbainsdeminuit.fr/coups-de-coeur-et-autres-coups/4453 Au fond, peu nous importe d'être sain d'esprit. L'essentiel c'est d'en convaincre les autres pour pouvoir être relâché, et rentrer chez nous rejoindre ceux qu'on aime.

 

Folle, selon les critères de plus en plus stricts du DSM, le règlement intérieur des âmes édicté par les multinationales pharmaceutiques. Il apparaît qu'être normal, c'est aussi savoir bien se tenir en société. Ne pas aboyer, ne pas mordre tant que notre survie n'en dépend pas. Donner la patte et remuer la queue pour accueillir les invités. Ne pas faire ses besoins au milieu du salon. Toute personne ne se comportant pas comme un caniche bien dressé par sa mémère sera soupçonné d'appartenir à la catégorie des troublés de la communication sociale. http://www.lesurbainsdeminuit.fr/coups-de-coeur-et-autres-coups/4450

 

Folle, c'est aussi ce que l'on dit d'une œuvre d'art quand elle s'écarte de tout ce qu'on connaît déjà. Quels que soient son support, son genre, sa forme, le délire artistique a toujours quelque chose de jubilatoire pour celui qui le reçoit. Avec une dose de folie, un film peut devenir un assemblage d'images et de grognements http://www.lesurbainsdeminuit.fr/coups-de-coeur-et-autres-coups/4443, des dessins peuvent ouvrir une promesse de vie au-delà des obscurités poussiéreuses http://www.lesurbainsdeminuit.fr/coups-de-coeur-et-autres-coups/4447, un blog BD peut se transformer en entreprise de manipulation scénaristique à grande échelle http://www.lesurbainsdeminuit.fr/coups-de-coeur-et-autres-coups/4454, et une conférence peut déborder en spectacle politique mêlant cours d'économie, récit de vie, réflexions sociologiques et parapente. http://www.lesurbainsdeminuit.fr/coups-de-coeur-et-autres-coups/4456

 

Parlé, écrit, clamé, gravé, sifflé, imprimé, combiné avec sagesse ou avec extravagance, le langage est toujours de l'ordre du délire. Entre demander à son voisin de table « Passe-moi le sel » et écrire cinq cents pages sur l'ignominie du gratin de chou-fleur et la suprématie de la truite aux amandes (Éric Chevillard, L'Auteur et moi**), il n'y a qu'une différence de degré dans la folie, de réussite dans la divagation, d'euphorie dans le transport intellectuel. Ce journal est là pour en témoigner : il faut être fou pour faire de l'assemblage de signes son passe-temps favori.

 

Lisez. Commentez. Soyez fous.

 

 

Animande, aux urbains de minuit, de midi et de 18h

 

 

* http://www.framablog.org/index.php/post/2008/12/07/est-ce-que-google-nous-rend-idiot

 

** Pour ceux à qui la crise a ôté les moyens de s'acheter un livre, il reste toujours son blog, libre d'accès, et tout aussi génialement délirant que ses romans : http://l-autofictif.over-blog.com/

 

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