(Akbar del Piombo)
Anticame d'une méditation sur l'escargot (par Sonia Grdovic) :
Chronique illustréePUBLIÉ LE 06/05/2013 à 13 PAR (Akbar del Piombo) Anticame d'une méditation sur l'escargot (par Sonia Grdovic) : 0 commentaires Méditation sur l'escargotPUBLIÉ LE 06/05/2013 à 00 PAR SONIA GRDOVIC dessin : Sonia Grdovic http://www.soniagrdovic.fr
Tout est poésie dans l'escargot. D'abord sa bave. Son scintillement ne peut rationnellement s'expliquer que par l'antique malédiction qui frappa les fées : ce qui fait qu'il n'y a plus de fées, et que les escargots sont si parfaits et sages. La première preuve de leur sagesse est la lenteur. Lent comme Dieu. Une des questions qui préoccupait les exégètes du Moyen Age était la très très très longue durée entre la Chute d'Adam et Eve, et l'Annonciation, entre la première chance de vaincre le mal (fiasco total) et la deuxième (demi echec). Dieu, l'Alpha et l'Omega, a failli faire attendre l'humanité. L'escargot est devenu l'image de cette lenteur de Dieu. L'escargot est très sage parce que l'escargot est hermaphrodite. Alors que Dieu, on ne sait pas. L'escargot est humide. Il a la sagesse de se recroqualambiquer dans sa coquille pour maintenir son hygrométrie dans l'adversité. Coquille qui est une spirale logarithmique, alors que l'escargot ne sait même pas que deux et deux font quatre. S'inclinant devant cette perfection, depuis que l’homme est homme, depuis qu’il se sait mortel, elle l’accompagne dans la mort. Qu'il soit néandethal (en France l'Abri de la Ferrassie, Dordogne, 75 000 et - 60 000 ans BP) ou homo sapiens ( St Germain-la-rivière, 15 780 ans BP) la coquille d'escargot est présente dans les inhumations intentionnelles les plus anciennes. Sage parce qu’il sait à quel moment décroître. Disons-le : l'escargot n'est pas con. Effectivement « il construit la délicate architecture de sa coquille en ajoutant l'une après l'autre des spires toujours plus larges, puis il cesse brusquement et commence des enroulements cette fois décroissants. C'est qu'une seule spire encore plus large donnerait à la coquille une dimension seize fois plus grande. Au lieu de contribuer au bien-être de l'animal, elle le surchargerait. [ ... ] Passé le point limite d'élargissement des spires, les problèmes de la surcroissance se multiplient en progression géométrique, tandis que la capacité biologique de l'escargot ne peut, au mieux, que suivre une progression arithmétique ». Ivan Illich, Le genre vernaculaire, in OEuvres complètes, tome 2, p. 292 Vous imaginez un escargot construire une maison plus grande que ses besoins, juste parce qu'il sait construire..... Vous imaginez un escargot saisi de velléité d'apparat ou que sais-je, agonisant sous le poids du 7 pièces cuisine salles de bains qu'il ne peut occuper et dont il n'a aucun besoin, méprisant vaguement tous les escargots qui ne font que vivre à leur mesure ? Et si tous les escargots, refusant d'être ainsi méprisés, se mettaient à agrandir leur demeure ? ça s'appellerait le suicide collectif d'une bande d'abrutis. Mais comme ce ne sont que des mollusques, ça ne serait pas grave. Ainsi l'escargot est devenu le symbole d'un concept économique et politique : celui de la décroissance, dont Serge Latouche est le principal théoricien. http://www.franceculture.fr/emission-a-voix-nue-serge-latouche-objecteur-de-croissance-15-2013-04-29
Amis Urbains, devenons escargot. Au moins pour aujourd'hui.
« Aujourd’hui je n’ai rien fait Roberto Juarroz, extrait de "Treizième poésie verticale", édition bilingue, traduction Roger Munier, José Corti 1993
Sonia Grdovic, aux Urbains de Minuit, et de midi 2 commentaires Le 2013-05-19 09:24:35 par buonpan j'ai cherché, je n'ai pas trouvé, qui sont 'les exégètes du MA' ? qu'est ce que le MA ? Le 2013-05-21 14:15:47 par sonia grdovic MA pour moyen âge : désolée pour la coquille - |