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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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La Chronique Illustrée

(Charlotte Greenwood, Metro-Goldwin-Mayer studio, 1928)

Eloge de l'été, par Sonia Grdovic :

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Eloge de l'été

photo : une famille parisienne pendant la canicule de l'été 1937 (source inconnue)

 

L'été est une belle saison. Parce que tous les corps sont visibles. On regarde de tous ses yeux. Et c'est beau.

L'esthétique....non....la beauté... non : le sentiment de la beauté apaise. Profondément. Comme si cela re-tissait en nous une communion ancienne, à travers le temps des hommes,  la pensée et la sensation, l'homme et la femme, soi et l'autre. Il s'agit de réconciliation. Il s'agit d'accord. De corps. D'être d'accord. D'être deux corps. Il s'agit d'un bonheur partagé.

L'homme est l'animal dans lequel le sentiment esthétique s'est développé. L'homme pense avec ses yeux. Alors il affine, ses vêtements, la couleur de sa peau, son corps dans l'espace, sa démarche, il danse, caresse, recherche la grâce dans ses gestes. Cela peut être articiel et maladroit, mais jamais superficiel. Depuis Platon, le Beau chemine avec le Bien et le Vrai. De l'amour d'un beau corps à l'amour du beau en soi, du sensible à l'intelligible, voilà qui est juste : car "le beau est un éclat du vrai" (Hegel).

Nous tombons dans la beauté tout petits : nous avons étés bouleversés enfants par la beauté d'un coucher de soleil, le bleu de la mer, la transparence d'une rivière, la danse des flammes dans la cheminée, puis, grandissant, par un tableau  sur un timbre poste, ou dans un livre, parfois même dans un musée, ou une musique ; puis, grandissant, par la beauté d'un visage ; puis, grandissant, par la beauté d'un corps ; puis, grandissant encore par toutes ces beautés ensembles. Plus nous rencontrons la beauté, tout au long de notre vie,  plus nous l'expérimentons, plus nous la désirons, mieux nous la voyons. Parce que nous la connaissons, il nous suffit de regarder les yeux grands ouverts, pour convoquer à chaque instant la beauté du monde.

Nous sommes de grands sorciers.

Sur la piste marquée de pollen fasse que je marche

Avec des sauterelles à mes pieds fasse que je marche

Avec la rosée à mes pieds fasse que je marche

Avec la beauté fasse que je marche

La beauté devant moi fasse que je marche

La beauté derrière moi fasse que je marche

La beauté au-dessous de moi fasse que je marche

La beauté au-dessus de moi fasse que je marche

La beauté tout autour de moi fasse que je marche

Dans le vieil âge errant sur la piste de la beauté avec un sentiment de vie fasse que je marche

Dans le vieil âge errant sur la piste de la beauté à nouveau vivant fasse que je marche

Accompli dans la beauté.

Accompli dans la beauté.

(extrait du Kledslé Hatal ou  Nuit des Chants, des Navajos)

 

Sonia Grdovic

1 commentaires
Le 2013-07-29 20:32:05 par André Chenet
Une très profonde mélopée des indiens Navajos que nous interprétions dans ce trop éphémère "Le Bordel des poètes" avec Dom Corrieras, Lise Tstsirides, Alain Carré et moi-même. Sauf qu'il n'a rien à voir avec la beauté des corps et la langueur de l'été. La beauté selon le mode occidental s'est égarée dans le m"m'as-tu vu" avec des concepts faciles et sans vigueur : comm prendre des anesthésiques ou des anti-dépresseurs ... Signé André Chenet, un ami lecteur.
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