(Manu Duf, collage)
Chronique de Frédéric Louis : "Une cartographie multi-résistante"
La Chronique IllustréePUBLIÉ LE 07/01/2014 à 14 PAR MANU DUF (Manu Duf, collage) Chronique de Frédéric Louis : "Une cartographie multi-résistante" 0 commentaires Couleurs sur la ville : cartographie multi-résistantePUBLIÉ LE 04/01/2014 à 14 PAR FRéDéRIC LOUIS Couleurs sur la Ville
Le Sud Soudan veut redessiner ses villes en forme d'animaux de la jungle... Si l'on compare la Ville à un Corps, que l'on envisage sa tête, ses membres, ses terminaisons nerveuses, les rapports qu'entretiennent les différentes parties entre elles, alors ce qui le fait vivre, qui l'anime, lui donne sens, sont les femmes et les hommes qui le constituent comme cellules, fluides corporels, sang, synapses, sperme, matière grise, matière noire... On reconnait la mort d'un corps lorsque plus rien ne circule en lui : plus d'air dans les poumons qui apportent l'oxygène aux muscles via le réseau sanguin, en particulier au muscle cardiaque qui fait à son tour circuler le sang et l'oxygène ; disparition d'impulsions electriques qui du système nerveux central commandent aux muscles via le réseau des nerfs ; fin de l'activité du cerveau qui, s'il est au centre de tout, a besoin de la périphérie pour fonctionner. Qu'est qu'un corps malade ? C'est un corps déréglé et qui ne sait plus fonctionner normalement : des fonctions s'affaiblissent, d'autres s'arrêtent, d'autres encore produisent en abondance des éléments de défense, anticorps qui attaquent, agressent le corps lui-même jusque parfois à le mettre en danger, afin de tenter de le guérir. Les mécanismes de défense sont parfois plus dangereux pour le corps que les maladies elles-mêmes. Parfois le corps se leurre lui-même, se crée ses propres maladies, auto immunes... Mais cette idée de Georges Canguilhem que seul un organisme en bonne santé est apte à dépasser sa maladie, cette idée modifie les rapports entre la santé et la maladie, "le normal et le pathologique". Maladie prise donc comme un moment dans la santé du corps. Un corps sain c'est un corps qui est capable de vivre ses maladies. Georges Canguilhem, philosophe, médecin, épistémologue, vitaliste et grand résistant de surcroit eût une influence majeure sur Foucault, Deleuze et quelques autres pirates de la philosophie... pas de hasard. Vivre sa maladie, vivre sa folie, vivre ses débordements, balafrer son corps, expérimenter les limites, bigarrer ses excès, jouer à l'homme léopard... ___ En d'autres temps, même s'il ne fût pas le premier, Thomas Hobbes a eut cette même intuition, l'idée que l'Etat était un corps, mais que les parties de celui-ci, à savoir les hommes étaient incapables de leur propre initiative, de le guider afin d'assurer sa pérénnité car chaque homme (ou partie du corps) possède selon lui une instinct de conservation "sauvage" (ou conatus) incompatible avec les instincts des autres hommes et menant irrémédiablement à l'anarchie. Son remède : sortir de l'état de nature, adhérer implicitement à un "contrat social" en abandonnant au passage une partie de sa liberté, de sa volonté propre, au profit de celle du Souverain, monarque absolu tenant lieu et place de tête couronnée, seule volonté capable de guider ce corps qu'il appelle aussi "Léviathan". On voit bien que cette vision du Politique et de l'Etat a eu une postérité avec des fortunes diverses. Mais il ne faut pas trop accabler Hobbes, homme pragmatique qui vivait en des temps troublés : première révolution anglaise, conflits religieux, exécution de Charles 1er, et on peut louer sa postérité notamment au niveau les lois civiles. Cependant, au-delà de cette clémence, c'est une vision pessimiste, sécuritaire et infantilisante. Sa théorie n'est pas à hauteur d'homme, elle se place au niveau de l'Etat, et de son souverain à sa tête...mais qui garantit la juste conduite, et au-delà de l'Etat n'y a-t-il pas d'autres états aux instincts de conservation antagonistes ? Le "léviathan" de Hommes, Etat dont le corps est composé des hommes, et la tête, celle du souverain semble impassible et contrôle le glaive séculier et la crosse de l'évèque... ___ De quoi sont malades nos villes, et plus particulièrement la nôtre, à savoir Nice ? Peu importe... On peut objecter que la tête a tendance à oublier ses membres, et si l'on file la métaphore de cette Coulée Verte au centre de cette ville, cette coulée, cette vessie où rien n'est possible, on peut dire qu'alors que la tête s'admire et se satisfait d'elle-même, le corps "fait sous lui"... Cette ville est malade d'une maladie dont la tête s'accomode, car le corps, pour partie, est endormi. Réveillons ce corps, envoyons-lui des bactéries multi-résistantes, hoquets, hallucinations, assourdissements, aiguilles d'acuponcture dans les fesses. La maladie est une chance. Des remèdes ? si la politique vous amuse, allez-y, mais ne devenez pas une tête de plus, une tête sans corps. Si c'est l'art qui vous passionne, allez bigarrer son visage, maquiller ses yeux, tatouer ses bras et ses jambes pour la rendre un peu canaille, un peu pute et désirable. Le désir est toujours subversif, il nait de la beauté, de la beauté de l'imagination créatrice, alors créez, c'est votre ville, c'est votre corps, c'est votre liberté. Créez, créez et surtout rendez-compte... il en restera toujours quelque-chose...
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