Yves Klein, « Saut dans le vide », 16 octobre 1960
Chronique Urbaine : "Nous sommes de l’étoffe dont nos rêves sont faits" (W. S.), par Sonia Grdovic
Les rêves des hommes sont aussi importants que(...)
La Chronique IllustréePUBLIÉ LE 27/05/2014 à 02 PAR LES URBAINS DE MINUIT Yves Klein, « Saut dans le vide », 16 octobre 1960 Chronique Urbaine : "Nous sommes de l’étoffe dont nos rêves sont faits" (W. S.), par Sonia Grdovic Les rêves des hommes sont aussi importants que(...) 0 commentaires "Nous sommes de l'étoffe dont les rêves sont faits" (W. S.)PUBLIÉ LE 17/05/2014 à 00 PAR SONIA GRDOVIC (photo : auteur inconnu de nous) L'imaginaire est bien réel. Il est la source de la création en l'homme, sa substantifique moelle, l'origine de ses oeuvres, de ses récits. Dans la grotte Chauvet la ligne d'un museau naît de la forme d'une roche. Les vies des saints du Moyen Âge, avec leur multitude de miracles, ont absolument fait partie de la vie des hommes de ce temps, même si aucune de ces vies n'est "historiquement prouvée" ni même prouvable : c'est "la divine irréalité des choses" (Pessoa). Les rêves des hommes sont aussi importants que leurs actions. Les rêves font partie de la biologie, de la culture, de l'histoire des hommes, et leurs significations évoluent avec eux. Depuis l'Antiquité il existe des spécialistes de l'interprétation des rêves ainsi que des textes de références. La Bible en fait partie (Dieu envoyait des songes à ses prophètes comme à ses ennemis). L'Eglise a très rapidement mis une partie des rêves du côté du diable, essayant d'en réprimer l'interprétation. Malgré cela, les textes qui parlent aussi de ce refoulé existent, particulièrement dans les monastères ; ils sont un témoignage tout aussi important, en creux, de ce qu'ils interdisent. L'historien ne travaille qu'avec des documents. Ainsi ceux qui témoignent de l'imaginaire, perçu comme tel ou non, doivent être étudiés de la même manière scientifique et critique, que tout autre document. Un historien se doit de faire l'histoire de l'imaginaire avec grand sérieux. Mais l'historien, même éclairé, n'est pas un artiste. Tout acte de perception est en partie un acte de création. Notre cerveau reconnaît, grâce au système optique, les objets perçus, puis il les analyse, et en construit le sens, la signification. Pour autant cela ne nie pas le réel, qui existe indépendamment de ce que nous en percevons, et parfois très indépendamment... Cela veut dire que par le seul fait de regarder, nous imaginons déjà. Et l'artiste le sait. Cette simultanéité fait qu'il n'a pas besoin des rêves du sommeil pour créer. Simplement il voit. Dans l'exercice critique et analytique de la vision, il est conscient, même, de l'existence de son point aveugle. Le point aveugle est une petite portion de la rétine qui est dépourvue de photorécepteurs. Il y a donc une portion du champ visuel que l’on devrait ressentir comme manquante. Or, il n’en est rien, parce que le cortex visuel complète le point aveugle avec la couleur et la texture de l’environnement qui l’entoure. Par conséquent, ce que l’on a conscience de voir n’est pas exactement ce qui s’imprime sur la rétine, comme sur une simple pellicule photo, mais quelque chose qui a déjà subi plusieurs « effets spéciaux ». La mise en évidence du point aveugle permet d'introduire cette notion selon laquelle la vision est une interprétation du monde effectuée par le cerveau. En effet, l'œil n'est pas une caméra (au sens photographique) puisque ce que nous percevons (image vue, ressentie) est une interprétation constante du réel. Les informations transmises sont traitées par le cerveau qui crée une sensation (perception) relative du monde conforme à ses attentes. Le cerveau interprète les signaux et construit une "image" de ce réel dont nous prenons conscience, et que notre habitude nous fait interpréter comme du réel objectif, alors que c'est du réel interprété. Ainsi, physiologiquement, même sans pathologies neurologiques, l'imaginaire et ce que le cerveau perçoit du réel sont tissés dans la même étoffe, selon la fantastique intuition de Shakespeare. Il y a, il y aura toujours les rêves des hommes. Le rêve est la première grande porte de la perception, au sens d'Huxley, qui s'ouvre potentiellement toutes les nuits sur le voyage. Nous courons, nous explorons, nous voyons, nous vivons la puissance des émotions, l'intensité des interactions, alors que nous sommes immobiles, profondément absents du monde. Le rêve est une expérience réelle. Notre cerveau recèle aussi toutes les autres possibilités d'états modifiés de conscience, qui ouvrent sur l'infini du temps, du vivant, et de l'espace. Dont la méditation, l'hypnose. Dont la transe. Dans ce lien Corinne Sombrun, à l'origine du premier protocole de recherche des neurosciences sur la transe : http://www.univ-paris-diderot.fr/Mediatheque/spip.php?article425 LE CERVEAU HUMAIN EST FAIT POUR CREER. Et il crée. Ne vous laissez pas croire que d'autre vont créer à votre place. Nous sommes faits pour inventer notre vie à chacune des secondes de notre vie. "Vivre c'est créer. Créer c'est résister."
Sonia Grdovic, aux Urbains de Minuit et de midi
L'imagination consiste à expulser de la réalité plusieurs personnes incomplètes pour, mettant à contribution les puissances magiques et subversives du désir, obtenir leur retour sous la forme d'une présence entièrement satisfaisante. C'est alors l'inextinguible réel incrée." René Char, Fureur et mystère
Mots clés : #rêve transe art 2 commentaires Le 2014-06-05 09:40:10 par GM http://cafethawrarevolution.wordpress.com/2013/11/17/la-necessite-du-reve-dans-la-lutte/ Le 2014-06-06 12:05:35 par Karla Paslac Ah, ah.. c'est trop drôle, Sonia, cette phrase finale de René Char, c'est une de mes favorites.... comme quoi, chez les Urbains, ça résonne....ça raisonne déraisonnablement....tranquillement ... de concert .... bisous !!! |