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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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La Chronique Illustrée

la vie d'artiste, ferocia anima 

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Vie d'artiste, ferocia anima

Parfois on tombe ou on fait tomber, parfois on casse ou on se casse. Penser le danger. Penser le fait d'être dangereux.

Penser la violence. Bien sûr sa propre violence.

La violence est comme un diamant : il  faut bien réduire en poussière la saleté qui fait sa gangue, petit à petit, pour qu'elle brille enfin. Il faut remonter à son noyau étymologique violentia « force (du vent), ardeur (du soleil), rigueur (de l’hiver), fougue, emportement (de caractère)»,  jusqu'à vis « vigueur, force », pour atteindre la bienheureuse violence.

Nietzsche l'appelle la « volonté de puissance ». C'est à dire la puissance de vie, ce qui fait que nous nous sentons vivants, que nous expérimentons la vie en nous - sans se méprendre.
Les personnalités fortement dotées de cette volonté de puissance doivent particulièrement consentir à ça  : la violentia en soi, et
le faire avec grande attention et à grands pas chassés. La violence première est vitale, non pas mortelle. Créatrice et non destructrice.  Pour aller au diamant il faut pulvériser la gangue car la violence première a été abîmée, recouverte, il y a très longtemps par la sale violence. Ceci est une décision qui demande détermination et discernement. Régler son compte à la fureur, à la rage, la haine qui sont souffrances afin de guérir d'elles.  

On doit danser cru et dru aussi.

« Bien avant qu'il y eut des philosophes, on accordait à la musique la force de décharger les passions, de purifier l'âme, d'adoucir la ferocia animi – et justement parce qu'il y a de rythmique dans la musique. Lorsque la juste tension et l'harmonie de l'âme venait à se perdre, il fallait se mettre à danser – c'était là l'ordonnance de cette thérapie. » Nietzsche, L'origine de la poésie in « Le gai savoir ».

Cela fait partie du travail du philosophe et de l'artiste, amis de la sagesse. De notre travail. Devenir ce que l'on est, connaître le fonctionnement de la violentia, vouloir la volonté de puissance qui est notre, chacun à sa mesure, s'en servir de manière juste. Quand elle devient colère aussi : au bon moment avec la bonne force, pour une bonne raison et contre la bonne personne. Créer avec elles. Mais. Guérir de la folie de la fureur.  

Voulons cette volonté de puissance qui nous veut, qu'elle soit énergie pure, énergie de vie.

« Etre dans la violence d'un monde à créer, appelé à supplanter la violence absurde d'un monde fasciné par son autodestruction. » (Raoul Vaneigem)

 

C'est un sérieux voyage.

 

 

 

 Sonia Grdovic

Mots clés : #violence
1 commentaires
Le 2013-06-05 11:03:10 par dom corrieras
Bravo. Beau texte. Violence n'est pas virulence.
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