Ami lecteur, ouvre ta gueule !

Parce que Les Urbains de Minuit sont un outil, nous vous donnons la parole.
Vos réactions seront lues et approuvées par notre sympatique comité de rédation dans les 48 heures.
Les propos racistes, xénophobes ou outranciers ne seront pas publiés.










CAPTCHA Image   Reload Image
Enter Code * :

ENREGISTRER
Numéro 61 - 07 septembre 2016
Inscrivez-vous à notre mailinglist :

La Chronique Illustrée

 

"Relâche", Marie Toyen, 1943

suivie d'une Chronique française, par Adjowa :

"Je suis née il y a une trentaine d’année dans une petite commune....

0 commentaires

Française

Je suis née il y a une trentaine d’année dans une petite commune du sud ouest de la France. Jusqu’ici tout va bien. Seul problème à l’horizon, ma couleur de peau : je suis noire. Un noir mélangé au blanc, couleur de ma mère.  

La France est mon pays mais j’ai passé mon adolescence à ne pas me faire remarquer. Il fallait bien étudier, et en faire trois fois plus pour être acceptée car j’étais persuadée que la couleur de ma peau ne m’autorisait pas un seul pas de travers. A l’école je devais être une bonne élève pour ne pas être assimilée à une enfant d’immigré, cancre de la classe. Dans la rue je ne devais pas trop attirer l’attention et dans les magasins je rajoutais toujours une couche de politesse pour effacer l’idée que je pouvais être potentiellement une délinquante. Cela n’empêchait pas malgré tout les agents de sécurité de me suivre à la trace. J’avais fini par auto intégrer les préjugés diffusés par la société.

Aujourd’hui, je suis fière d’être française mais fière aussi de mes origines. Mon identité n’est pas une couleur de peau mais elle en est parfois une des facettes.

J’ai appris dans mes livres d’histoire que j’appartenais à un pays qui a défendu les droits de l’homme, dont la devise était liberté, égalité, fraternité. Vous allez me penser naïve mais j’espère encore tous les jours que ce ne soit pas que des mots. C’est vrai, mon père est un immigré. Un de ceux qui sont venus dans ce pays pour trouver une vie meilleure ou qui l’on tout simplement aimé. Il est aujourd’hui français et a apporté sa force de travail son énergie et toute la richesse de sa diversité.

Mais qu’on ne s’y trompe pas… lorsque dans mon pays on attaque les immigrés, c’est un peu moi qu’on attaque car j’imagine que je n’aurais jamais vu le jour si un immigré n’avait pas posé un pied sur la terre des gaulois. Si je n’avais pas de carte d’identité française, ma couleur ne me différencierait en rien de certains immigrés qui deviennent les boucs émissaires d’une France en repli sur elle-même.

Quand on veut « les renvoyer chez eux » c’est un peu moi qu’on veut menotter et mettre au fond d’un charter

Quand on dit « qu’il existe un lien évident entre immigration et insécurité » c’est un peu moi qu’on traite de délinquante et qu’on soupçonne dans les magasins.

Quand on traite l’immigration « de fléau » c’est encore une fois moi que l’on considère étrangère au sein de mon propre pays.

Je vois partout dans le monde des murs qui se dressent, dans le paysage et dans les esprits. La méditerranée, autrefois mer d’échange devient un véritable cimetière. Les discours xénophobes et racistes prennent de plus en plus de place dans l’espace médiatique avec en plus une touche de divertissement. Un Zémour invité par ici, une Marine par là. Du moment que cela fait de l’audience…

La plupart des médias réduisent encore une fois le débat à des effets d’annonce, des chiffres manipulés mais non corrigés et une parole nauséabonde banalisée.  

Le FN a invité dernièrement les dirigeants de 7 partis d’extrême droite à son congrès. On verra ainsi Geert Wilders (PVV, pays bas) dire : "Tout comme vous, nous ne voulons pas que des étrangers viennent dans notre pays et nous disent qu'ils sont maîtres chez nous (…) sous les applaudissements et les "On est chez nous" du public frontiste.

 Le 22 novembre 2014, le GUD (Groupe union défense) invitait entre autres le parti aube dorée (partir néo nazi) et casa compound (centre social d’inspiration néo fasciste) pour un rassemblement à Nanterre dans l’indifférence générale. Méfions nous, la peste brune est revenue et il ne faut pas la sous estimer même si elle reste encore minoritaire.

 

                                                                                                                                            

Je suis le fruit d’une France multiculturelle, ouverte sur le monde et solidaire car il ne faut pas oublier qu’ « en parlant des « autres » il ne faut jamais perdre de vue que nous même, qui que nous soyons, où que nous soyons, nous sommes aussi « les autres » pour tous les autres » comme le dit si bien Amin Maalouf dans son livre « Les identités meurtrières ».

« C'est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c'est notre regard aussi qui peut les libérer» 

 

Adjowa, aux urbains de minuit

 

Mots clés : #France, # immigration
1 commentaires
Le 2015-04-23 20:26:08 par
joli billet <3
Numéro : 61 - 60 - 59 - 58 - 57 - 56 - 55 - 54 - 53 - 52 - 51 - 50 - 49 - 48 - 47 - 46 - 45 - 44 - 42 - 40 - 39 - 38 - 37 - 36 - 35 - 34 - 33 - 32 - 31 - 30 - 29 - 28 - 27 - 26 - 25 - 24 - 23 - 22 - 21 - 20 - 19 - 18 - 17 - 16 - 15 - 14 - 13 - 12 - 11 - 9 - 8 - 7 - 6 - 5 - 4 - 3 - 2 - 1 -