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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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La Chronique Illustrée

"Wrong again" de Leo Mc Carey

1 commentaires
Le 2013-02-12 22:33:51 par Zelwer
J'aime tout simplement

Résister : la méthode de la raison

Déployons quelques clés de résistance à la pression des normes et des dispositifs normatifs, résistance à l'accroissement de la quantité de ces dispositifs d'évaluation et de contrôle, que Catherine Thieberge  étudie dans

La Force normative. Naissance d’un concept,

ouvrage collectif,  éd. LGDJ/Bruylant, 2009.

"Comment cultiver l'art de résister sans s'épuiser, sans s'aigrir dans une révolte sans issue et surtout, en déjouant les pièges d'une résistance contre-productive, qui renforce ce contre quoi on lutte ?

1 - RÉSISTER sans alimenter

Ne pas discuter les modalités du dispositif, ne pas proposer autre chose à la place, ni essayer d'améliorer ou d'amenuiser. Se souvenir de l'enseignement du mythe d'Hercule luttant contre l'hydre de Lerne, coupant une tête et en voyant repousser dix. Développer plutôt l'art de "la juste résistance", ajustée et "radicale" (au sens littéral de l'adjectif), donc une résistance qui soulève le problème à sa racine.

2- METTRE EN LUMIÈRE, pour légitimer la résistance et inverser le processus

La mise en lumière, ce n'est pas la même chose que la dénonciation idéologique. C'est donner à voir, au plus grand nombre de personnes concernées et par un travail de déconstruction rigoureux, ce qui fonde, notamment au niveau juridique, les stratégies qui dissuadent toute résistance. Si la critique est, elle aussi, "radicale" et bien ciblée, elle peut saper les bases du dispositif. Voici quelques questions qui peuvent contribuerà  cette déconstruction :

. la question de la force du dispositif, notamment de sa force juridique, et s'il n'a pas de force obligatoire, celle de sa "force normative",

. la question de la légitimité du dispositif, que ce soit la légitimité de sa source, donc de ses auteurs, et/ou celle de son contenu.

Les réponses à ces questions peuvent fournir de puissantes raisons, incontestables, de dire non, et de refuser de se soumettre.

3 - REMONTER À LA SOURCE pour désamorcer la dynamique

Ce n'est pas tant une question d'efforts déployés que d'ajustement de l'action, et plus précisément d'activation des bons leviers, ceux qui peuvent favoriser ou provoquer la marche arrière. Par exemple, mettre les auteurs du dispositif face aux conséquences possibles, comme le risque de recours en justice à l'encontre du dispositif, si ce dernier est illégal.

Si la "densification normative" crée un "filet de normes", il suffit parfois de tirer sur la bonne maille pour élargir le filet, ou même pour le détricoter tout entier.

4 - S'ENGAGER dans les brèches de liberté

Les normes qui régissent les dispositifs de contrôle et d'évaluation sont issues d'un matériau souvent très hétérogène : textes juridiques, décisions, interprétations, actes de gestion, pratiques, discours, etc. Souvent, leur "maillage" n'est pas uniforme - normes juridiques et normes de gestion s'entremêlent - les mailles pouvant être plus ou moins larges et plus ou moins solides/obligatoires. Ce qui ouvre la possibilité de s'affranchir, dans une mesure variable, de la "pression normative", en se faufilant à travers les mailles du filet normatif.

. Le premier affranchissement est intérieur, lié à la levée de la peur et à la prise de conscience de l'intériorisation de la contrainte, pour se tenir debout dans notre espace de liberté intérieure.

. Une autre possibilité de s'affranchir siège dans un rapport éclairé à l'autorité des règles. Cela suppose de bien distinguer l'exigence de l'obéissance à la loi, a priori contraignante par définition, et la soumission volontaire à une norme qui recommande ou propose et qui n'a de force obligatoire que celle que ses destinataires voudront bien lui conférer.

Il y a, entre les deux, une différence fondamentale qui réside dans la marge de choix. Autant cette marge peut être limitée à l'égard de la loi (sauf à entrer dans une résistance à la loi injuste), autant cette marge de liberté s'avère bien plus importante par rapport à une norme proposante .

5 - FAIRE VIVRE LES VALEURS qui donnent SENS à nos métiers et pratiques

Par la pression parfois insupportable qu'ils engendrent, les dispositifs de normalisation, de contrôle et d'évaluation peuvent fournir d'excellents contre-modèles, des sources d'inspiration par la négative. Dans un paradoxe qui n'est qu'apparent, ils font monter la conscience des valeurs essentielles à la pratique satisfaisante de notre métier.

En ombres chinoises, ils pointent ainsi le chemin du contre-pied :

. Ils se fondent sur des logiques quantitatives de rentabilité et sur des critères purement formels ? Privilégions partout où c'est possible la gratuité et la qualité du fond.

. Ils font jouer la compétition, la comparaison entre collègues ? Choisissons la coopération, le soutien aux plus jeunes, aux plus fragiles d'entre nous.

. Ils activent la peur et le stress ? Développons la convivialité, la créativité dans des "micro-pratiques" subversives, chaleureuses ou pleines d'humour, et la joie de se retrouver pour œuvrer ensemble.

. Ils s'inscrivent dans l'urgence ? Ralentissons autant que faire se peut, et prenons le temps de la maturation nécessaire.

Cette normalisation peut engendrer du mal-être, une sensation d'impuissance voire d'écrasement, de la résignation, de la révolte... Mais elle peut aussi, par contraste, et sous la pression, ouvrir la voie de son contraire : stimuler le désir de convivialité, le besoin de solidarité, le choix de la qualité... et une vigilance accrue à ce qui y porte atteinte."

 

1 commentaires
Le 2013-02-12 22:35:46 par Zelwer
j'approuve !!!

Les Urbains de Minuit

1 commentaires
Le 2013-03-06 12:29:39 par frederic louis
Les Lucioles ne sont pas mortes, elle luisent encore. On en a aperçu quelques-unes à la fin du mois d'Octobre, vers minuit, et en ville de surcroit. Je souhaite longue vie à elles, ou plutôt, longue survivance.

La Chronique Illustrée

 


www.caroline-hazard.fr

0 commentaires

Nice ville de la performance (ethique)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour sur le colloque niçois du 16/17 novembre 2012 réunissant des intervenants garants d’une haute pertinence intellectuelle, scientifique, économique et politique (Ignacio Ramonet, Roland Gori, Charles Melman, Jean-François Mattei, Francisco Van der Hoff), d’autres un peu moins, et d’autres garants du contraire (Christian Estrosi pour ne citer que lui). Ce colloque intitulé « Pour une éthique de la performance » fait suite à une exposition de la Villa Arson avec son cortège d’interventions et de performances. Les niçois bouffent de la performance depuis 5 mois. Volonté institutionnelle. Volonté industrielle également puisque ce colloque est co-organisé par Jean-Pierre Blanc, PDG de Malongo. Soit. 

Questionnons-nous.

 
« Pour une éthique de la performance ». Ce titre vous paraît étrange ? Un peu de grammaire. Il s’agit d’une affirmation introduite par la préposition « pour » indiquant un rapport d’intérêt (en faveur de), suivie d’un article indéfini et du nom « éthique » (science de la morale), puis d’un article défini et du nom « performance » (résultat obtenu, exploit), point. Pas point d’interrogation. Point. Donc, périphrasons : « En faveur d’une science morale du résultat obtenu ». Ah. « Performance » et « résultat » ont une étymologie liée à l’action physique (sauter, courir pour un cheval de course). Donc «en faveur d’une science morale d’une action physique gagnante»…où on voit arriver Estrosi, ex champion et ministre du sarkozysme décomplexé, et où on verrait bien arriver Rocco Siffredi  en représentant de préservatifs du commerce équitable. Bon. Continuons à décortiquer ce titre. Il se trouve que les deux termes de la proposition s’opposent : l’éthique pose des limites, la performance les dépasse. Il s’agit donc d’un oxymoron.  Et toutes les contorsions des brillants intervenants à ce colloque n’y changent rien : leur présence valide l’intitulé de ce à quoi ils participent, à savoir une impossibilité du sens. Nous sommes devant une volonté  qui impose, avec des intellectuels et des artistes, l’impossibilité du sens.
 
Tant que nous y sommes regardons-la cette société de la performance qui est la nôtre aujourd’hui. Elle produit par la compétition une majorité de perdants, de non fonctionnels (autant dire d’handicapés), de la toxicité, de la fraude, et une minorité de gagnants acculés à leur prochaine victoire. La compétition (ou la performance, ou la logique du résultat)  ne fabrique pas autre chose. Alors ? Vous avez l’impression qu’ « on » cherche à vous faire avaler la pilule de la performance en vous la vendant comme équitable ? Cette intention a un nom, « propagande » : « expression d’opinions effectuées délibérément par des individus en vue d’influencer l’opinion ou l’action d’autres individus, avec référence à des fins prédéterminées et au moyen de manipulations psychologiques » (Laswell, cité par Ramonet in..."Propagandes silencieuses").
 
Il se trouve que nous ne sommes pas influençables. Nous refusons de performer. Tout alibi intellectuel, économique, scientifique… ne nous fera pas confondre vie avec performance, ni conscience avec éthique. Ethique : je tique.
Autant le dire.
 
Sonia Grdovic, aux niçois qui mal y pensent. 

 

2 commentaires
Le 2012-12-30 12:46:53 par BenPacaFun
J'adore... Ne change rien Sonya
ps : "Aux Niçois qui mal y pensent..." tu l'as péchaud avant moi, celle-là... alors là, rien à dire... parfait !
Esprit vif et affuté Mademoiselle, bravo !
UNQVVDB (Un Narcisse Qui Vous Veut Du Bien)
Le 2013-01-02 21:10:52 par Bouss7
Que de plaisir à te lire....mhmmmm un vrai petit régal :) Merci !
Si j'osais, je dirai que pour le coup voici une belle performance éthique..., non.. ? Keep on
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