Paris mon Amour, j’ai eu tellement froid ce matin.
Ma petite chérie, je n’arrive à rien ce matin. Je suis complètement prostrée sur ma chaise. J’ai froid. J’ai mis ma grosse écharpe et je l’ai enroulée trois fois autour de mon cou. Je suis encore en pyjama. J’ai mes règles. J’ai mal au ventre. J’ai passé ma nuit dans les toilettes. J’ai vérifié si on ne nous avait pas coupé le chauffage. Non il est bien allumé. Tu sais combien il fait chaud dans cet appartement. Les gens qui viennent en hiver ou en été, me disent que je suis folle, que 25 degrés dans un appartement c’est très mauvais pour la santé. La santé…Tu sais hier soir, j’étais à deux pas de ta rue Bichat. Comme tous les Vendredi soir, je profite de cette solitude et de l’absence des collègues. Ils quittent le laboratoire et l’Hôpital toujours un peu plus tôt le Vendredi. Ils rejoignent leur famille ou ils partent prendre une soupe et un bon verre de vin. J’étais sur cet article difficile que je suis en train d’écrire et de réécrire. Cet article que j’essaie de faire passer malgré les tensions entre les différents participants. Malgré cet orgueil d’un des participants qui m’a défendu de l’écrire. Je me bats. Les résultats de mes études portent sur deux patientes. Deux femmes qui ont eu un cancer du sein et qui ont accepté de nous donner un morceau de leur tumeur. Un morceau de leur mal afin que nous puissions découvrir son essence. Afin que nous puissions trouver un remède. Des femmes qui ont vécu, qui ont ri, qui ont enfanté et qui ont pleuré. Deux femmes qui nous ont donné leur confiance juste avant de quitter ce monde. A l’annonce du bilan sans une issue possible autre que celle de la mort, l’une d’elle a demandé à l’oncologue : « Monsieur, je veux bien mourir, j’accepte mon sort mais je vous demande une chose. Une chose qu’on ne m’a pas apprise. Une chose qu’il faut que j’apprenne vite. Monsieur, apprenez-moi à mourir ».
Tu sais, ma belle, je me bats pour faire entendre mes résultats. Des personnes ne veulent pas que ce papier soit publié. Ils sont puants d’orgueil, ils ne veulent pas que je l’écrive. Ces gens veulent être en premier nom et au-devant de la scène alors que derrière, des gens meurent en nous laissant leur confiance. Je sais que toi aussi ce matin, tu comprends ce que je peux ressentir. Je sais que toi aussi, on t’a fait confiance. Je sais comment tu dois souffrir de ne pas avoir pu tenir tes promesses ; la joie, l’ivresse la musique les terrasses, la vie pendant cette terrible nuit. La vie dans ta douce et belle coupe qui détient des joyaux d’histoire, de culture. La vie, oui la vie.
Comme je t’aime encore plus ce matin, si tu savais. Hier soir, je voulais rester mais je suis partie. J’ai baissé les bras. Je me suis dit que j’irais chez le petit commerçant arabe en bas de chez moi. L’autre fois on a discuté, c’est difficile pour lui. Lui aussi il se bat pour vendre de beaux fruits et de magnifiques légumes sans se laisser absorber par les gros distributeurs. Alors je prends mes 15 euros de rabe de la semaine et je m’achète et mange des fruits et des légumes. Je ne mange plus de viandes. Je suis sortie de l’hôpital et j’ai repris le même chemin que d’habitude et j’ai revu les mêmes personnes du quartier que je croise tous les matins en arrivant et tous les soirs en partant. La vie de quartier c’est beau chez toi. Des jeunes et moins jeunes qui boivent leurs bières en terrasse, qui passent de la place du Colonel Fabien à la rue de la Grange aux Belles, à la rue Bichat, de la rue Bichat à la rue Alibert etc. Comme souvent en fin de semaine, ils riaient fort en terrasse. Tous ces gens que je revois, je ne les connais pas mais on se dit souvent bonjour. Je ne sais pas s'ils pensent que je suis un médecin, une infirmière ou une chercheuse, mais parfois certains ont même une attention particulière pour moi : « Alors, on a mis son gros pull ? » Et je souris. C’est ton quotidien et c’est le mien aussi. Des personnes du quartier, des Français, des asiatiques, des indiens, et des magrébins. On va dire des Parisiens. Hier soir on s’est croisé et on s’est dit bonsoir. Je suis rentrée, j’ai cuit mes légumes et puis le temps s’est arrêté. J’ai vu les fusillades, j’ai appelé et on m’a appelé. De Paris, d’Italie et même de l’autre côté de l’océan. Les uns et les autres on a pris des nouvelles. On s’est réconforté. On a perdu des vies, et tout au long de la nuit, on en perdait encore. Ce sont tes enfants ma chérie. Ce sont peut-être aussi ces gens du quartier. Qu’ont-ils fait après que j’ai pu les saluer ? Est-ce qu’ils sont rentrés chez eux ? Est-ce qu’ils ont traversé la rue pour aller au restaurant dans cette allée fatidique ? Je me pose cette question depuis ce matin seulement. Je me pose des questions sur la vie de tous ces inconnus : les patientes que je ne connais pas, ces gens en terrasse, ces jeunes au Bataclan, les gens du quartier. Tout cela paraît irréel. Mais c’est bien une réalité. J’entends parler de Bachar, de la Russie, de la Syrie, Hollande, une action , fermeture des frontières, gars des cités, armée, visage jeune des assaillants … Et finalement je ne comprends plus trop bien. J’ai un sentiment de gâchi. Je n’arrête pas de me répéter : Quel gâchis. Mon dieu (?) Quel gâchis. Et aussi que je refuse de rester enfermée. J’ai envie de courir. De marcher. De rire et de vivre. Et je veux vivre pour les autres. Je veux aimer. Oui je le veux. Je veux la paix. Y’en a marre. J’aimerais débarrasser le monde de la haine. Mais pas comme ça. Pas en enfermant ou en tuant aussi. Il faut être plus fort. La connaissance ne sera pas vaincue pas l’ignorance. C’est une illusion. Il faut le dire encore et encore. Et si ce n’est pas assez il faut le répéter. Et il faut être une kamikaze de la connaissance. L’arme c’est la connaissance. Il faut lutter. Tous les jours. Il faut commencer par soi. Faire son mea culpa. Arrêter de vivre dans des demandes illusoires. Il faut créer des valeurs et il faut se battre sans relâche pour cela.
Créer des valeurs humaines. Redonner de la dignité à chaque être. Tout le monde mérite de vivre. Tous, nous méritons cette terre. C’est cela notre religion d’être humain. Je le dis sans relâche dans mes dessins et dans mes textes. Je n’arrêterai jamais. Paris, il ne faut pas te sous-estimer ; il faut garder cet espoir-là bien ancré dans ton sein. Je me dis que je dois être stupide. J’ai un peu de mal à réfléchir. Je me sens meurtrie comme tu dois l’être aussi. Et les explications et la politique, tout ça aujourd’hui me dépasse. Ce que je sais c’est le combat de ces deux femmes. C’est le rire des jeunes hier soir. C’est le sourire aimable des commerçants arabes de la rue de la Grange aux Belles. En somme c’est la vie, c’est le combat. Paris je t’aime et j’enlève mon écharpe car t’écrire m’a réchauffé les mains. Le téléphone sonne. C’est ma mère :"Reste chez toi aujourd'hui. Ne sors sous aucun prétexte. Pas la peine de venir me voir ce week. » Je lui réponds pour la rassurer que je reste, que je dois travailler. Finir mon article.
Elle me répond: « Bon je te laisse. Je vais chez le coiffeur."
Je continuerai.
On continuera
Paris sera toujours Paris. La liberté, la paix et l’amour
Avec ou sans couvre-feu
Paris, le 2015-11-14
Francesca Acquaviva, aux Urbains de Minuit
Paris Amore mio , avevo così freddo questa mattina.
Il mio piccolo tesoro, non posso fare nulla questa mattina. Sono completamente blocata sulla mia sedia. Ho freddo. Ho messo la mia grande sciarpa che ho girata tre volte intorno al collo. Sono ancora in pigiama. Sono indisposta. Ho mal di stomaco. Ho passato la notte in bagno. Ho controllato se non mi avesse chiuso il riscaldamento. No, è acceso. Sai quanto è caldo questo appartamento. Le persone che vengono in inverno o in estate, mi dicono che sono pazza, che 25 gradi in un appartamento è molto dannoso per la salute. Salute... ieri sera ... Sai, era vicino a la tua via, rue Bichat. Come ogni Venerdì sera, aprofito del assenza dei colleghi, di questa solitudin. Lasciano il laboratorio piu presto il Venerdì. Si uniscono la loro famiglia o vanno prendere una zuppa e un bicchiere di vino. Mi è tanto difficile questo articolo che sto scrivendo e riscrivendo. Questo articolo cientifico che cerco di passare nonostante le tensioni tra i diversi partecipanti. Nonostante l'orgoglio dei partecipanti che mi proibivano di scriverlo. Io combatto. I risultati dei miei studi si concentrano su due pazienti. Due donne che hanno avuto il cancro al seno e che hanno deciso di darci un pezzo della loro tumore. Un pezzo della loro malattia in modo che si possa scoprire la sua essenza. In modo che si possa trovare una cura. Queste donne hanno vissuto, ridevano, hanno partorito e hanno pianto. Due donne che ci hanno dato la loro fiducia proprio prima di lasciare questo mondo. All'annuncio del bilancio senza un possibile esito, eccetto la morte, uno di loro ha chiesto l'oncologo: "Signore, voglio morire bene, accetto il mio destino, ma vi chiedo una cosa. Una cosa che non mi hanno insegnato. Una cosa che devo imparare in fretta. Signore, insegnami a morire. "
Sai, mia cara, faccio fatica a fare conoscere i miei risultati. La gente non vuole questo documento da pubblicare. Sono puzzolente con il loro orgoglio, non vogliono che fosse scritto. Queste persone vogliono essere in primo nome sempre messi in avanti, mentre dietro, la gente muore, lasciando la loro fiducia. Ti capiso troppo questa mattina, so quello che provi. Anche a te ti hanno dato la loro fiducia. So come si deve soffrire di non essere in grado di mantenere le promesse; la gioia, l'ubriachezza , la musica, la vita in quella terribile notte. La vita nella tua tazza dolce e bella che contiene gioielli di storia e cultura. La vita, sì la vita.
Ti amo ancora di piu sta mattina, se sapessi come. Ieri sera volevo stare, ma ti ho lasciata. Ho rinunciato. Ho detto che sarei andato al piccolo negoziante arabo al piano inferiore da me. L'altra volta sono statta a discutere con lui, anche per lui le cose sono difficile. Anche lui sta lottando per vendere belle frutta e verdura bellissima senza essere assorbiti dai grandi distributori. Così prendo la mia settimana quelli 15 euro che mi rimagano e compro e mangiare frutta e verdura. La carne non la mangio più. Ho lasciato l'ospedale e ho preso lo stesso percorso come al solito e ho visto le stesse persone del quartiere che incontro ogni mattina e ogni sera. La tua vita di quartiere è bellissima casa. Giovani e meno giovani che bevono le loro birre sulle terrazze, che si spostano dal la Place du Colonel Fabien in rue de la Grange aux Belles, rue Bichat, rue Bichat di rue Alibert etc. Come al solito in questo fine settimana, tutti stavanno a ridere ad alta voce in terrazza. Tutte queste persone che vedo, che non conoscono ma con cui ci salutiamo. Non so se pensano che io sono un medico, un infermiere o un ricercatore, ma a volte alcuni hanno anche una particolare attenzione per me "Così abbiamo messo il maglione? "E io sorrido. È la tua vita quotidiana, ed è anche la mia. La gente del quartiere, sono francesi, asiatici, indiani, e magrebini. Diremo i parigini. La notte ho incontrato alcuni e ci siamo salutati come al solito. Sono tornato a casa, ho cucinato le verdure e poi il tempo si fermò. Ho visto la tragedia, le sparatorie, ho chiamato e mi hanno chiamato. Da Parigi, dal'Italia e anche oltre oceano. L'uno e l'altro abiamo preso notizie. E ci siamo consolati. Vite sono state perse, e per tutta la notte, abbiamo ancora perso. Tutti erano figli tesoro. Chi eran, forse questa gente del quartiere con cui mi saluto ogni giorni ? Che cosa hanno fatto dopo che li ho salutati ? Sono tornati a casa? Hanno attraversato la strada per andare in un ristorante nella fatidica strada? Mi pongo questa domanda solo questa mattina. Che senso hanno tutte quelle sconosciute vite: quelle delle paziente che non conosco, queste persone sulla terrazza al Bataclan, questi giovani del quartiere. Tutto questo sembra irreale. Ma è una realtà. Sento di Bashar, Russia, Siria, Hollande, l'azione, la chiusura delle frontiere, ragazzi di periferia, esercito, il giovane volto degli attaccanti ... E infine non capisco piu bene. Ho la sensazione di un grandissimo e tragico spreco. Continuo a ripetermi: Che spreco. Mio Dio (?) Che spreco. E mi rifiuto di rimanere chiusa. Voglio correre per le strade, ridere e vivere. Voglio vivere per gli altri. Voglio amare. Sì, lo farò. Voglio la pace. Basta , non se ne puo piu di tutto questa facenda. Vorrei liberare il mondo del odio. Ma non così. Nessuna guerra. Dobbiamo essere più forte. La conoscenza non sarà sconfitto con l'ignoranza. Si tratta di un illusione. E va detto sempre piu forte. E se questo non basta vale la pena ripeterlo. E deve essere una conoscenza kamikaze. L'arma è la conoscenza. Dobbiamo combattere. Ogni giorno. Si dovrebbe cominciare a casa. Fare il suo mea culpa. Smettere di vivere nelle richieste illusorie. Dobbiamo creare valori e si deve combattere senza sosta per essa.
Creare i valori umani. Ridare dignità ad ogni essere. Ognuno merita di vivere. Tutti noi meritiamo questa terra. Questa è la nostra religione, di essere umano. Lo dico senza sosta nei miei disegni e mie testi. Non smetterò mai. Parigi, non sottovalutatarti; dobbiamo mantenere quella speranza radicata nel tuo seno. Mi dico che devo essere stupida. Ho un po 'di difficoltà a pensare. Mi sento lividi da per tutto. Come te. E spiegazioni e la politica, tutto questo ora è oltre me. Quello che so è la lotta di queste due donne. E 'la risata di giovani la notte scorsa. Quello sorriso gentile di mercanti arabi nella strada delle Grange aux Belles. In sintesi questa è la vita, che è la lotta. Parigi ti amo e mi prendo la mia sciarpa, perché scrivendoti si sonno scaldata le mie mani. Squilla il telefono: Mia madre, "Resta a casa e non uscitre in nessun caso. Non preoccuparti di venire a trovarmi questa settimana" Gli ho detto di rassicurarsi che rimango, che devo lavorare, finire il mio articolo.....Lei ha risposto: "Beh, io ti lascio. Vado dal parrucchiere ".
Io continuerò.
Continuerà
Parigi sarà sempre Parigi.
Libertà, pace e amore
Con o senza il coprifuoco