Mes difficultés persistantes dans l'utilisation sociale de la communication verbale et non verbale, comme manifestées par l'ensemble des caractéristiques que je vais détailler ci-dessous, laissent à penser à mon psychiatre californien affilié à l' Association Américaine de Psychiatrie, donc au fait des dernières avancées de la science pharmaceutique (c'est cette association qui constitue les DSM *), l'urgence de ma mise sous surveillance médicale. En effet, je ne peux nier :
- Mes déficits de l'utilisation de la communication à des fins sociales de manière appropriée, comme saluer ou partager des informations. Souvent, je fais la bise à des gens que je ne connais pas, ou alors je ne fais pas la bise à des gens que je connais. Parfois, je ne salue pas du tout parce que j'en ai pas envie. Parfois je partage tout ce que j'ai, ce que je sais et même du coup les autres font pareil. Parfois, je dis n'importe quoi parce que je m'ennuie, mais c'est de plus en plus rare. Je vieillis.
- Ma capacité réduite à adapter la communication selon le contexte ou les besoins de l'auditeur, comme parler différemment dans une salle de classe ou au bar, parler différemment à un enfant ou à un adulte. En effet, je reconnais que, ayant le privilège d'être professeur de français pour étrangers, je les amène à developper le langage qui leur permettra de tenir dignement leur place au bar, haut lieu de la culture française, d'écrire dans un web journal pamphlétaire, de porter bien haut leurs pensées, leurs paroles et leurs actes, et ce dans toutes les langues.
- Mes difficultés à suivre les règles de la conversation et de la narration, comme parler toujours à tour de rôle dans la conversation, reformuler sans cesse lors d'incompréhensions, utiliser les signaux verbaux et non verbaux pour réguler les interactions. En effet il arrive que je m'exalte, m'exaspère, exagère ; ce qui fait beaucoup de x.
- Mes difficultés à comprendre ce qui n'est pas dit explicitement et le sens non littéral ou ambiguë du langage (par exemple, les expressions idiomatiques, l'humour, les métaphores, les significations multiples qui dépendent du contexte pour l'interprétation). En effet mon humour est particulier, celui des autres aussi et parfois, vraiment, ça ne me fait pas rire.
Ces déficits entraînent, selon mon psychiatre californien de comptoir et tous ceux qui en font office à Nice (notre Californie à nous), des limitations fonctionnelles de la communication efficace, de la participation sociale, des relations sociales, de la réussite scolaire, la performance au travail, individuellement ou en combinaison.
L'artiste que je suis, diplômée de l'Ecole du Louvre, fondatrice des Urbains de Minuit, du Festival de la Saint Narcisse, de ce web journal, compagne d'un italien francophile, tanguera, enseignante, maman d'un jeune garçon quasi sémite nommé Dieu en grec, le tout individuellement et en combinaison, et plus si affinité, prouvera t'elle aux psychiatres californiens en puissance que la vie qui bouillonne est force créatrice ? L'autopsie le dira.
Nonobstant, mon psychiatre californien, en vacances dans mon c.l, est catégorique. Ces critères diagnostiques sont ceux du "trouble de la communication sociale", qui a fait son entrée en 2013 dans le DSM 5. Et, bon sang, ce sont les miens = je suis une sociale communiquante troublée.
Troublant, non ?
Sonia Grdovic, aux Urbains troublés, de minuit à midi
*DSM-5, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ("Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders"), publié par l'American Psychiatric Association en mai 2013.