Légende du plan  : En rouge, Carré d'or (shopping de luxe) / En jaune, Tradition et artisanat / En violet, Grands magasins / En vert, Commerces de proximité / En marron, Antiquaires / En parme,  Zones piétonnes commerçantes

Parmi les idées reçues il y a celle là : "Le tourisme c'est bon pour l'économie d'une ville ; ça apporte de la richesse à la population locale".

Quand je les entends me dire ça (nos amis touristes), et notre cher Laurent Fabius (ministre des Affaires étrangères et du Développement international - Tourisme - Conférence de presse Paris, 20 août 2015 : "Nous allons en 2015 vers un nouveau record mondial pour le tourisme en France" sic) en mon for intérieur d'habitante d'une ville touristique, je fais un rapide tour de mes conditions matérielles de vie, de celle de mes amis précaires, de mon quartier... puis je fais un tour  de ma  Méditerranée massacrée : Venise et les anglos-saxons beuglants et vomissants dans ses ruelles la nuit, Imperia avec son industrie de pasta comme son port de commerce en faillite et la construction du nouveau port de plaisance, la Dalmatie vendue au plus offrant, la Grèce, on en parle ? la Tunisie et ses clubs de vacances où les G.O. ne s'appellent plus Moktar mais Chicco... Tous, tous, des pays pauvres et en grandes difficultés.

Par contre du côté des nations de touristes : l'Allemagne, l'Autriche, l'Angleterre, elles  se portent bien merci : de la richesse et pas de tourisme. What's the hell ? Dites,  l'économie du tourisme (y compris l'Office de Tourisme de Nice, la plus grande entreprise niçoise !) faudrait voir  à arrêter de nous prendre  pour des cons, non ?

"Pauvres, voilà bien ce que nous sommes devenus. Pièce par pièce, nous avons dispersé l’héritage de l’humanité, nous avons dû laisser ce trésor au mont de piété, souvent pour un centième de sa valeur, en échange de la piécette de l’« actuel ». À la porte se tient la crise économique, derrière elle une ombre, la guerre qui s’apprête. Tenir bon, c’est devenu aujourd’hui l’affaire d’une poignée de puissants qui, Dieu le sait, ne sont pas plus humains que le grand nombre souvent plus barbares, mais pas au bon sens du terme. Les autres doivent s’arranger comme ils peuvent, repartir sur un autre pied et avec peu de chose. (...)" Walter Benjamin  Expérience et pauvreté (1933)

Les décideurs des villes vendent nos biens au plus offrant, dilapident le patrimoine, exploitent notre mémoire, sécurisent nos rues pour en faire des malls à ciel ouvert, et des enclos pour bétail. Voilà ce que nous sommes devenus http://www.nicetourisme.com/pro-shopping_pro.

ET NOUS SOMMES PAUVRES ! Moi-même qui travaille pour les touristes, je suis pauvre ! comme tous les autres employés du tourisme ! Et nous le savons, et pas de Marseille (dont on ne va pas parler, c'est trop criant)... Quant aux patrons ça va, ça va ils ne se plaignent pas vraiment, au pire ils exploitent leurs salariés un peu plus, augmentent les tarifs et diminuent la qualité.....pas grave, les touristes, c'est de la clientèle de passage et les salariés, ils ont du travail, vont pas  porter plainte, ça serait du blasphème par les temps qui courent n'est ce pas ?

Nice : la ville la plus pauvre des Alpes Maritimes. Pardon quand je dis Nice je ne parle pas des caisses de la Ville, non je parle des niçois : nous sommes les plus pauvres des Alpes Maritimes, nous qui vivons  dans une des villes les plus chères, et la troisième plus riche après Paris et Marseille http://www.planet.fr/actualites-le-vrai-budget-des-10-plus-grandes-villes-de-france.504206.1557.html?page=0%2C2.

Messieurs mesdames : où va l'argent ? 

Nice Propaganda, voleuse et cynique, j'ai honte de toi. Mais je ne suis ni muette ni manchotte.  Et surtout,  je ne suis pas seule.

Sonia Grdovic, aux Urbains de Minuit