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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Administration Vs Artiste

Je me remémore tous ces instants de vie, bénis par la divine bureaucratie qui m'ont ramenée à ma juste place, celle du héros qui ne se connaît pas encore, embarqué malgré lui sur les chemins de la quête initiatique aventureuse où la finalité sera de choisir entre céder à la tentation et devenir un parfait connard, ou bien transcender son esprit au-delà des questionnements matériels et aboutir à une transformation de soi-même qui armera son existence en sagesse et détachement. Oui cette phrase est un peu longue. Tout comme l'est une démarche administrative aussi banale que percevoir son allocation chômage lorsque l'on est un artiste.

C'est déjà difficile en tant qu'ouvriers, artisans ou employés du service public ou privé, de percevoir ces droits sociaux et de se confronter aux fonctionnements de l'administration : absence de rapports humains, être considéré comme un numéro parmi des millions d'autres, se voir parqué comme du bétail dans des files d'attente interminables, détenir le bon dossier parfois introuvable sur la planète terre... Mais alors en tant qu'artiste...

Allez savoir pourquoi, le (ou la) brave conseiller(e) du premier pôle emploi vous mettra toujours dans la case « auto-entrepreneur » après lui avoir dit « Oui monsieur/madame je suis artiste » pour répondre à la question « pratiquez-vous une activité professionnelle ? »

Évidemment le statut social d'artiste étant assez flou, pour être perçu à la fois comme une activité professionnelle à but commercial et à la fois comme une activité pas vraiment professionnelle et pas vraiment commerciale... Monsieur ou madame de pôle emploi, pour ne pas se casser la tête, vous mettra dans le cadre auto-entrepreneur, bien trop fatigué par tant de possibilités et noyé dans la masse d'informations qu'il brasse à la journée. Alors qu'il lui aurait suffit de cliquer sur « artiste libre et indépendant ».

Oui mais voilà, cette petite erreur - que l'on ne mettra pas sur le dos de l’incompétence (la pauvre elle doit en avoir plein le c.l), mais sur le dos des formations professionnalisantes du service public qui sont aujourd'hui incomplètes et obsolètes - mène à une série de quiproquos et de désagréments forts déplaisants qui peuvent tuer un homme/femme. Non je n'exagère pas, si par cette erreur d'étiquetage votre dossier prend trois millénaires à être accepté, vous avez le temps de mourir de faim... et de soif puisque l'état vient de décréter que l'eau, un bien vital qui devrait être de droit commun, sera coupée à tous les in-payants !

Car NON, l'auto-entreprise est un statut social différent du statut d'artiste libre (artiste-auteur pour être plus précis) qui demande à être déclaré à l’URSSAF et qui en fonction de la déclaration de revenu qui en découle, déterminera de vos droits aux ASSEDIC. Contrairement au statut d'artiste libre qui permet peut-être bien d'avoir un numéro de SIRET mais pour en faire... des clous... bon...

Et OUI, la correction de cette malencontreuse erreur prend un temps infini qui demandera au dit artiste (au lieu de glander et de se tourner les pouces devant sa toile, c'est bien connu), dans un premier temps, de mendier à l'URSSAF un papier de déclaration de son activité qui n'existe pas pour finir par tomber sur LA bonne âme qui admettra enfin qu'artiste-auteur N'EST PAS auto-entrepreneur et que déclaration de revenus N'EST PAS requise. Ouf !

Beaucoup de lecteurs risquent de me dire, après ce témoignage, que je ne dois pas généraliser cette expérience à tout le système administratif et que tous les artistes ne se sont pas retrouvés dans cette situation. Détrompez-vous, je ne fonde pas cette argumentation sarcastique sur mon simple vécu mais bien sur le témoignage de nombreux artistes, amis et connaissances à l'expérience homologue visible via blog, facebook et autre réseaux de communications.

La réalité est que le statut d'artiste est trop méconnu du système, trop flou et trop sujet aux interprétations subjectives. Les droits qui y sont rattachés sont alambiqués, incompréhensibles et lorsque l'on se réfère aux professionnels des services juridiques pour combler les lacunes, on se confronte au laxisme et au dénigrement car ce n'est pas considéré comme « un vrai métier »... !!!

Et même si ce n'est pas le coup de l'auto-entrepreneur, ce sera un autre, basé sur d'autres prestations, ou la sécu, les impôts... Puis si l'artiste est de couleur noire et de confession musulmane... n'en parlons pas ! Moi j'ai la « chance » d'être blanche et agnostique alors personne ne me demandera de me justifier ou de me désolidariser de quoi que ce soit pour percevoir mes droits !

Au passage, rien à voir avec la choucroute de mon article, mais qui a quand même un rapport avec le climat, je vous conseille cette vidéo trèèèèèèès instructive de Usul, youtubeur et philosophe pertinent, concernant la polémique et la façon dont les démagos nous manipulent :

Nydenlafee, Artocrate et fée Urbaine.

2 commentaires
Le 0000-00-00 00:00:00 par Polydele
"L'administration est un lieu où les gens qui arrivent en retard croisent (...) ceux qui partent en avance."
Le 0000-00-00 00:00:00 par etzel

L'artiste et, en général, quiconque aspire à la liberté, n'ont de pire ennemi que l'Etat et, partant, la société. L'artiste est comme une "mauvaise herbe" poussant dans un champ d'OGM.

Je me rappelle ce site allemand altermondialiste et libertaire "Die Hölle ist da, alle schauen zu und keiner sagt was" (L'enfer est là, tous regardent et personne de dit rien) relatant la tragédie de Louis II de Bavière qui, à la suite d'un complot ourdi par les Prussiens, fut interné dans un asile de fous à Zürich (le motif accessoire en était son homosexualité et son mécénat excessif) où il mourut après d'atroces souffrances dues aux traitements cruels auxquels il était soumis, mais non sans avoir auparavant occis le psychiatre qui s'occupait de lui.

Je me rappelle aussi ce site évoquant l'art de Madame la Rédac' Chef, et expliquant que la société actuelle avalait et rentabilisait absolument tout, même ce qui devrait être pour elle un poison mortel. Merci, SG Top Gun Rédac' Chef, on t'aime...
Numéro : 51 -