Christopher Lasch, Gilles Lipovetsky y réfléchissent. Ils dessinent les contours d'une culture du narcissisme dont le mot clé est "vide". Conséquence du  néocapitalisme, la culture de masse homogénéisée n’engendre pas une mentalité éclairée et indépendante, mais au contraire passivité intellectuelle, confusion, amnésie. Dont le dernier vote citoyen en France est l'écho, sinon la preuve.

"Le social se présente toujours sous deux formes inséparables  : la forme collective et la forme individuelle, sous forme d'histoires-faite-choses et d'histoires-faites-corps, pour reprendre une formulation de Bourdieu." (Alain Accardo)

L'idée que nous vivons la pathologie collective et individuelle de la régression dans le narcissisme ("le moi faible") est selon Adorno ("Que signifie repenser le passé") l'explication des racismes, nationalismes, radicalismes religieux et autres négations de  l'autre,  constituant pour l'individu faible des moyens forts de surmonter son impuissance.

Si la lutte collective est bien nécessaire, elle ne peut s'abstenir sur le plan personnel d'une auto-socioanalyse, afin de chercher à extraire les racines de l'ordre établi que chacun a intériorisé à des degrés divers. Sortir du spectacle, de la passivité, ou de la performance, de la séduction, de la domination, de l'instrumentalisation... pour se mettre au travail de la pensée, de la création, où l'autre est toujours  un interlocuteur qui nous déploie par son expérience, son savoir, ses doutes, son désir, ceci est l'unique chemin de la guérison.

Ainsi, fabriquer des outils pour agir sur le corps social.  Autant que l'on peut.