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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Predictive Policing

 

Après avoir souligné l’actualité de la science-fiction de Philip K. Dick, dans l’article « Robots les doter d’une éthique ? » et dans l’article « Tests d’empathie », j’attire votre attention sur celle de Minority Report.

Le Wall Street Journal a dénoncé le fait que depuis le mois de mars 2012, l’agence fédérale du contre-terrorisme (National Counter Terrorism Center, NCTC)  accède à de nombreux fichiers sur les citoyens américains :

le fichier des passagers du transport aérien,

la liste des employés de casinos,

le nom des Américains hébergeant des étudiants étrangers,

« et beaucoup d’autres bases de données »,

écrit le Wall Street Journal, qui a obtenu ces précisions grâce à la loi pour la liberté d’information, contraignant les agences fédérales à fournir des documents à quiconque en fait la demande.                                          

Dans une très longue enquête, le Wall Street Journal détaille l’étendue inédite du programme :

« La NCTC peut désormais obtenir à peu près n’importe quelle base de données gouvernementale qui “contient vraisemblablement” des informations “relatives au terrorisme”. C’est-à-dire que pourraient être concernés aussi bien la liste des formulaires pour des prêts hypothécaires garantis par l’Etat que le dossier médical des personnes soignées dans les hôpitaux militaires. » Et sur n'importe qui.

La NCTC peut désormais copier ces bases de données en intégralité, les conserver jusqu’à cinq ans et les analyser. L’agence peut consulter le dossier de n’importe qui, même sans raison de le soupçonner. C’est une rupture avec les règles en vigueur : « La pratique habituelle interdisait à l’agence de collecter des informations sur les américains ordinaires, s’ils n’étaient pas répertoriés comme soupçonnés de terrorisme ou reliés à une enquête en cours. »

Cela s'appelle de la surveillance massive de population.

« Il y a eu un affrontement entre ceux qui posaient le problème en terme d’efficacité – combien de temps conserver les données, où les stocker – et ceux qui s’inquiétaient d’un niveau de surveillance inédit de la population par le gouvernement» mais les règles juridiques qui encadrent l’utilisation des fichiers n’interdisent pas clairement d’en faire cet usage. Le Département de la Justice américain a donc signé l’autorisation de mettre en place ce programme.

La responsable de la vie privée au Département de la Sécurité Intérieure estime que le programme représente « un changement radical dans la manière dont le gouvernement interagit avec ses citoyens », d’après le site américain Slate.com, qui analyse ces révélations :

« Une surveillance aussi massive pose problème aux autorités, parce qu’elles pourraient finir par se noyer dans la masse de données en essayant de trouver une aiguille dans une botte de foin, en considérant des innocents comme des suspects. (...) Le gouvernement américain considère que des programmes avancés de surveillance sont nécessaires pour détecter de potentielles attaques terroristes. Mais, en dernier lieu dans une démocratie, la décision devrait rester entre les mains du peuple américain. C’est une question d’équilibre : au nom de la sécurité, à quel point sommes-nous prêts à sacrifier nos libertés ? »

Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, en plus de la création de "l'Office of Special Plans" (bureau regroupant toutes les données connectées par la CIA, DIA, NSA) les États-Unis ont  souhaité regrouper les fichiers publics et privés à des fins préventives contre le terrorisme. Le programme s’appelait alors Total Information Awareness. Suscitant une levée de bouclier, il avait été abandonné. Cette fois-ci, apparemment pas :

« L’agence fédérale de contre-terrorisme n’a pas eu à affronter de résistance. Déjà, le débat a eu lieu à huis clos. En plus, contrairement au Pentagone, la NCTC a été créée en 2004 justement pour connecter entre elles les données et combattre le terrorisme. Même après huit ans d’existence, l’agence reste peu connue. »

Couplez ceci avec cela : « La ville de Santa Cruz a été la première à se doter, en juillet 2011, du programme PredPol, l'abréviation de Predictive Policing, un algorithme conçu pour prédire où et quand un crime va se produire. Grâce à une base de données recensant les infractions passées, la formule mathématique – complexe et tenue secrète – permet d'aiguiller très précisément les forces de l'ordre. Classé dans le Top 50 des inventions de l'année 2011 par le magazine Time, PredPol a conquis plusieurs villes américaines : Los Angeles, Memphis (Tennessee), Charleston (Caroline du Sud) et New York. Dans la Cité des Anges, entre novembre 2011 et mai 2012, ce dispositif a contribué à faire chuter de 33 % les agressions et de 21 % les crimes violents. A Santa Cruz, le nombre de cambriolages a diminué de 19 % sur les six premiers mois de l'année. » (Le Monde du 6/01/13)

Vous aimez Philip K. Dick ? Tant mieux : convaincue par ces chiffres prometteurs, la police du Kent, en Grande-Bretagne, teste le programme informatique depuis le 10 décembre 2012, élément du PROJET INDECT, destiné à l'ensemble de l'Union Européenne.

 

Maria Ceresa, aux niçois qui mal y pense.

 

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Numéro : 3 -