Le Bhoutan a adopté en 1972 l’indice du « Bonheur National Brut (BNB) ». Lequel repose sur quatre piliers : la croissance et le développement économiques ; la conservation et la promotion de la culture ; la sauvegarde de l’environnement et l’utilisation durable des ressources ; et la bonne gouvernance responsable.

En 2011 la France de Sarkozy a  signé à l’ONU le 21 juillet la résolution Le bonheur : vers une approche globale du développement, dans laquelle l'assemblée générale des Nations Unies se félicitait de la proposition du Bhoutan d'organiser au sein de l'institution, une table ronde consacrée à la mesure du bonheur invitant les membres des Nations Unies à élaborer et à mettre en commun de nouvelles mesures prenant  en compte le bien-être.

L'intention nous touche, mais un rapide constat s'impose :

1er pilier, croissance et développement économique　: l'économie française commence l'année 2013 sans aucun élan de croissance et elle continuera à détruire des emplois au premier semestre, selon l'Insee. L'Institut national de la statistique et des études économiques prévoit au mieux un petit 0,1 % de croissance du produit intérieur brut (PIB) sur les deux premiers trimestres.

2eme pilier, conservation et la promotion de la culture　: certes, mais laquelle　? difficile de répondre, nous sommes culturellement colonisés depuis 60 ans par les USA qui font de la culture comme de tout le reste un produit de consommation de masse.

3eme pilier, la sauvegarde de l’environnement et l’utilisation durable des ressources　: si la crise de la biodiversité, c’est-à-dire la disparition d’espèces animales ou végétales, est moins connue que celle du climat, les dégâts sont dans l’Union européenne tout aussi graves. Le Grenelle de l’environnement 2012 soulignait l’urgence de faire connaître la situation, d’informer l’opinion sur ses enjeux, et d’agir http://www.conservation-nature.fr/article3.php?id=184

4eme pilier, la gouvernance responsable　: de quoi ? nous vivons sous l’hégémonie de la finance globalisée.

A ces  piliers　du bonheur nous rajouterons  Lexomyl et Spasfon, recommandés par les spécialistes. Car nous sommes objectivement malheureux.

Giorgio Agamben définit le contemporain par son habilité à savoir "neutraliser les lumières dont l'époque rayonne, pour en découvrir les ténèbres". En d'autres termes "contemporain est celui qui reçoit en plein visage le faisceau de ténèbres de son temps". Nous,  lucioles contemporaines, faisons sans BNB - et contre mauvaise gouvernance bon coeur.

Sonia Grdovic, aux Urbains de Minuit et de midi