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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Nue au soleil exactement

© Capture d'écran INA

L'été, torse nu au soleil - comme les hommes. Torse nu dans l'eau - comme les hommes.

Le torse  nu des femmes, qui en ont fait autre chose qu'une zone érogène, autre chose qu'un organe sexuel.

Ce doux combat est celui de ma génération. Une manière de dire aux hommes : grandissez, dépassez vos pulsions, dépassez la soumission à vos instincts, une manière de dire aux matrones : vos enfants ont grandi grâce à vos seins, n'en ayez pas honte devant eux. 

À mesure que les corps s'exposent, la nudité devient moins transgressive. Ainsi les plages sont devenues grâce aux  tropeziennes (pas les tartes pardon non elle était tentante)  et aux cannoises tiens,  par l'usage, des havres de peaux dorées, et de respect, avec grand succèsCar le corps est pur et la plage est bien le seul endroit ou il est  libre à l'égal des hommes : ceci est le résultat parmis bien d'autre d'une lutte, c'est notre acquis de femmes de méditerrannée. Mais qu'à la plage. Dans les lieux publics où l'on se dénude (type piscines, Paris Plages, bords de mer) (qui ne sont pas l'espace public attention malheureux !!!!) ce sont les règlements intérieurs, définis par les municipalités, qui autorisent ou non la poitrine dénudée et le torse nu.

Une femme qui jouit de son corps n'a ni dieu ni maître,  elle s'appartient  et n'obéit qu'aux lois qui sont siennes, elle est responsable d'elle même et de sa sécurité, dans le respect de la société qu'elle contribue à fabriquer ; ni père, ni mari, ni curé, ni imam, ni rabin n'ont à lui dire ce qu'elle a à faire, ni à construire pour elles les murs à l'intérieur desquels ils l'enfermeront. Elle sait. Comme les hommes. Je rappelle que l'égalité homme/femme est un principe écrit dans le préambule de la Constitution. 

Philaminte

Le corps, cette guenille, est-il d'une importance,
D'un prix à mériter seulement qu'on y pense,
Et ne devons-nous pas laisser cela bien loin ?

Chrysale

Oui, mon corps est moi-même, et j'en veux prendre soin.

Molière, Les Femmes savantes

 

La pudeur, sentiment si féminin,  évolue avec l'ensemble des moeurs d'une société, comme les lois, les religions,  les décrets, dans un processus européen séculaire, de sécularisation même. Une évolution c'est quelque chose qui avance. Pas qui recule. C'est dangereux de reculer, ne croyez pas. Lorsque quelqu'un commence à reculer, tout recule. C'est tellement facile. Il suffit d'arrêter de penser, de se taire. De refuser ces cadeaux que d'autres femmes donnent : le vent dans les cheveux, le soleil et l'eau sur la peau ainsi que  le corps aime à les sentir. Il suffit de se soumettre. De tourner les yeux. Mieux : de les baisser, mesdames. C'est dangereux car nous en sommes les premières victimes toujours : "soit pudique, ne sors pas sans moi, tais toi, ne t'habille pas comme ça, habille toi comme ça, tu dois être vierge pour ton mari, tu engendreras : et dans la douleur, viens au lit"....

Un petit retour sur actu ? L'été 2015 le roi d'Arabie Saoudite privatisait une plage publique de Golf Juan pour y faire tremper sa cour, c'était effectivement scandaleux, et les femmes du coin faisaient de la résistance en monokinis tout autour. Aujourd'hui, après un an d'attentats et de morts au cri d'allah ouakbar, certains se demandent si la liberté d'expression ne permettrait  pas de permettre le braqué en arrière toute sur le corps  de "leurs" femmes à eux, celles des religieux même pas d'extraction royale,  en France, car il est interdit d'interdire ?  ou en d'autres termes s'aligner sur la "perversité du double langage auquel ont recours les islamistes pour défendre l’oppression des femmes au nom de la liberté individuelle, et la barbarie religieuse au nom de la liberté culturelle ?" (Chahdortt Djavann in Lettre aux nouvelles voilées)

Voyons voyons que Molière me chatouille, mais vous n'êtes pas sérieux. Ah si.

La plage.

Je note que c'est sur le chemin de la plage qu'ont été massacrés ces gens  un 14 juillet et que ceux qui n'y sont pas morts n'ont plus bon moral.

Je note  également que c'est par le chemin de la plage que s'exprime le grondement de fond présent dans nos rues,  espace public par excellence, depuis 20 ans : à savoir que les vêtements religieux tendance dure wahhabite qui se multiplient (alors que d'autres vêtements d'intégristes divers et variés non) sont contraires à la laïcité (qui s'exerce dans les espaces publics sinon où ?) (sauf que la loi restreint la notion d'espace public à l'école - et certains maires discutablement à la plage - bon - mais pas à la rue - non : ne confondez pas espace public et lieu public malheureux !), "que cette idéologie soit la matrice originelle du djihadisme n'est pas faux" (sic Bruno Guigue),  que "le port du  burkini n'est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République" (sic Vals), que  "la laïcité, principe politique, ne peut pas être assimilée avec la tolérance, valeur individuelle" (sic Jacques Sapir) qui de toute manière ne sert à éviter les conflits que si elle est multilatérale. 

Il est notable que le thème soit sorti du discours exclusif du Front National pour être discuté par des socialistes (oui je sais, non représentatifs de l'espèce) et autres ex UMP. Il est évident qu'aucun décret municipal ne peut décider d'une question grave et générale : à savoir le port de signes religieux ostentatoires dans l'espace public français, mais que seule une réforme de la Constitution, juridiquement possible, peut trancher.

Et peut être que simplement

 

Tout individu a besoin de vivre une révolution, une division intérieure, de renverser l'ordre existant, et de connaître un renouveau, sans forcer les choses sur ses voisins, sans le manteau hypocrite de l'amour du prochain ou du sens de la responsabilité sociale. La réflexion personnelle sur soi, le retour de l'individu aux fondements de la nature humaine, à son être profond dans sa destinée individuelle et sociale, voilà le moyen de lutter contre l'aveuglement qui règne." Carl Gustav Jung

...je n'hésite pas à faire suivre Jung de Bardot et  Gainsbourg

ça aurait pu être Gainsbourg et Anna Karina. Tant d'autres.

Une femme sous le soleil exactement 

c’est sûrement un rêve érotique
Que je me fais les yeux ouverts
Et pourtant si c’était réel ?


en France voyez-vous, c'est réel, car c'est culturel.

 

 

Maria Ceresa, aux Urbains de Minuit

cf l'article http://blog.francetvinfo.fr/judge-marie/2016/08/29/ras-le-burkini.html

 

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