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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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L'association fait court-circuit : vous avez dit abus ?

Altermondialiste, écologiste, collaboratif ou encore équitable, voilà des termes qui me parlent, qui relèvent de l'état d'esprit que je cherche, que je défends. Ces mots, s'ils sonnent bien pour certains d'entre vous, ne suffisent pas, bien sûr, à faire un individu ou un lieu, à le définir. Ils sont insuffisants, ces mots, pour résumer ce qu'est un lieu associatif. Associatif, en voilà un autre mot qui porte un sens sympa, en voilà un mot qui laisse entendre que l'argent n'est pas une fin mais seulement un moyen, que ce qui importe c'est autre chose… Oh, j'en vois déjà qui ricanent, en « vieux loups des asso' », se disant, « qu'il est naïf celui-là » ! Ne craignez rien, je le suis de moins en moins.

En effet, pendant ce dernier Festival de la Saint-Narcisse, nous avons coorganisé des événements dans un café-restau-asso de Nice, j'ai nommé le Court Circuit Café, installé rue Vernier. Je tiens à rectifier ce que sous-entend ma phrase précédente : coorganiser signifierait que l'engagement et le travail furent partagés. En fait de partage, il n'en a rien été. J'ai moi-même, au cours de quelque décennie antérieure, accueilli moult musiciens, artistes et autres personnages noctambules dans une association qui n'existe plus et je jure, que malgré mon caractère pourri et mes sautes d'humeur, j'ai toujours veillé à accueillir convenablement les personnes que nous programmions, à faire en sorte que tout se passe pour le mieux, à faire venir le public, aussi nombreux que possible… bref, à faire mon travail.

Oui, messieurs-dames du Court Circuit Café, j'insiste, c'est votre job ! Salariés, membres décisionnaires ou bénévoles, peu importe, il s'agit bien là d’un engagement, d’une responsabilité, d’un travail ! Ce n'est pas parce qu'une structure est associative qu'elle doit fonctionner de façon moins efficace. Je dirais même que cela devrait être le contraire puisqu'il n'y a pas d'enjeu de bénéfices à outrance.

Pourtant, dans le cas qui nous concerne, c'est tout l'inverse qui se produit : personne, je dis bien personne de l'équipe, ne sait ce qui se passe dans ce lieu au jour le jour. Un responsable qui regarde sur son ordinateur une heure avant le début d'un événement pour voir ce qui se déroule chez lui. Des serveuses ou serveurs qui ne vous proposent pas de quoi vous rafraîchir pendant votre prestation, qui ne pensent pas à vous proposer un casse-croûte alors que vous installez une expo chez eux pendant des heures et pour qui c'est un privilège de se voir offrir un verre de vin parce que merde quoi, ça suffit, avec tous ces inactifs qui boivent gratos, zont qu'à avoir un vrai métier pour se nourrir. Une salle d'expo dont on enlève les éclairages parce qu'il faut ranger la rallonge à sa place, des éclairages installés partiellement et pendant le vernissage plongé dans l’obscurité– eh oui, il fallait apporter ta lampe frontale pour voir les photos. Une exposition qu'on laisse dans le noir comme si elle n'existait pas, à qui bon la programmer alors ? Aucune communication faite, hormis un site internet peu amène, une page facebook peu dynamique car vous vous rendez-compte, communiquer pollue… Comment ça se passe donc au Court Circuit Café ? Comment cela se fait-il que ça ne disjoncte pas ? Je vais résumer autrement : ce lieu programme des artistes bénévoles - qui sont mal accueillis, dont on se fout royalement du travail, de sa qualité, de sa portée, au point de les ignorer ou de les rabrouer selon - pour faire venir un public qui consommera à un prix pas du tout associatif  ou collaboratif lui (une tarification très ordinaire en somme, même si elle peut se justifier, bien entendu). Et pour le compte de qui d'ailleurs ? Je veux dire que si je paie le même prix qu'ailleurs, que la moitié du personnel est bénévole, où passent les bénéfices, s’ils ne profitent pas aux gens qui les produisent (c'est à dire les gens qui font venir le public i.e. les artistes) ? Je vais arrêter ici ma liste de griefs mais on ne m'y reprendra plus, je ne remettrai plus les pieds au Court Circuit Café. Le respect et la conscience professionnelle sont essentiels en tous lieux. Ce sont des qualités qui ont déserté celui-ci. Il faut se souvenir que ce genre d'attitude fait du tort aux artistes mais aussi au milieu associatif dans son ensemble. Quelle avanie !

Soit dit en passant, programmer des événements qui ne coûtent rien dans le seul but de faire venir des clients et faire des bénéfices, n’importe quel bar sait le faire, pourquoi faire pareil en se réfugiant derrière un concept humaniste ?

Ce que je décris n'est finalement qu'un symptôme, celui d'une structure malade qui ne sait pas où elle va et pourquoi. Ce que permet un café ou un restaurant associatif, c'est de pouvoir se libérer de la contrainte du chiffre à tout prix et de n'avoir aucun actionnaire à nourrir sur son dos. J'épargnerai les détails fiscaux car ils n'apporteront rien au raisonnement. En outre, ce type d'endroit peut bénéficier d'une main d’œuvre bénévole, pour peu qu'elle soit justifiée. Ainsi, un café associatif peut proposer des tarifs de restauration ou de bar abordables, ou utiliser les bénéfices de ces activités pour en promouvoir d'autres, comme des activités culturelles. Pour se faire, il faut une équipe motivée et stable, formée comme n'importe quelle équipe professionnelle, une bonne communication interne et externe et un climat d'écoute et d'entente au sein de l'établissement. Si avant toute chose, à sa tête trône un chef qui n'a aucune idée de ce qui se passe chez lui, comment voulez-vous que la base soit au fait.

Une bonne mise au point s'impose avant que les bénévoles partent, que les artistes désertent et que le courant ne passe plus du tout. À bon entendeur…

Emmanuel Desestré pour les Urbains de Minuit

2 commentaires
Le 0000-00-00 00:00:00 par Art thur
Sage commentaire qui aurait pu être plus égratignant à mon sens. Trop sage ?
Le 0000-00-00 00:00:00 par Richard
Je suis un des 2 fondateurs du CCC qui soit dit en passant a été créé par l'association dénommée Transition Alpes-Maritimes car dans l'esprit de Laurent BOUVIER, qui doit se retourner dans sa tombe, et de moi même la "transition" voulait tout dire et notamment d'agir autrement. Il fut un temps où bénévoles, dirigeants et salariés ont fonctionné de concert ( c'est le cas de le dire), où il y avait un pilote dans l'avion et une motivation de tous les instants, jour et nuit. Ceux là ont été écarté lorsqu'ils ont commencé à parler "coopérative", " rachat des murs", travaux financés par la région au bénéfice d'un propriétaire chargé de la comptabilité...La dernière AG a mobilisé beaucoup de monde qui voulait s'investir dans ce projet qui appartient à tous ( par leurs impôts et leur temps) mais la porte s'est refermée, protégeant cette clique qui ne sait pas faire mais qui s'impose.
Aujourd'hui, en plus de tout ce que tu dis, il y a l'existence d'un fort endettement qui pourrait conduire à une fermeture... mais ces magnifiques locaux rénovés à neuf et très bien équipés en cuisine aux frais du contribuable trouveront certainement à être loués très vite...
Au secours Laurent, qu'ont-ils fait de notre rêve ?
Numéro : 58 -