Ami lecteur, ouvre ta gueule !

Parce que Les Urbains de Minuit sont un outil, nous vous donnons la parole.
Vos réactions seront lues et approuvées par notre sympatique comité de rédation dans les 48 heures.
Les propos racistes, xénophobes ou outranciers ne seront pas publiés.










CAPTCHA Image   Reload Image
Enter Code * :

ENREGISTRER
Numéro 61 - 07 septembre 2016
Inscrivez-vous à notre mailinglist :
aussi sur www.facebook.com/lesUdM

Roms de Roumanie et l’Eldorado français

Depuis un an ou plus, une jeune femme très sale, assise sur Boulevard Joseph Garnier à Nice, fait la manche accompagnée de deux enfants d’environ 3 ans et 6 ans. Ses deux enfants vivent sur ce trottoir quasiment toute la journée, hiver, été. Les seuls moments où ils n’y sont pas ce sont les jours de pluie. Une poussette leur sert de lit, chaise. Ils sont dans un état de crasse épouvantable et jouent à même le sol avec des jouets donnés par des passants. Font leurs besoins près d’un arbre. Elle fait la manche et si quasiment personne ne lui donne de l’argent, elle reçoit des fruits, de la nourriture, des vêtements, des jouets, les passants s’apitoyant sur le sort de ces deux très jeunes enfants. La fillette est encore au sein.

Cette maman a quitté la Roumanie avec sa famille, parents et autres, "parce qu’en Roumanie, il n’y a pas d’allocations" ! Elle n’a que ses papiers roumains, n’a aucune ressource, comme sa famille. Ils vivent de la manche, les autres sont Place Masséna et alentours.

Si on tente d’aller plus loin dans l’échange, elle fuit et ne répond pas. Elle ne met pas ses enfants à l’école, comme d’autres familles.

La nuit on peut les voir devant la Banque de France, dormant sur des cartons qui leur servent de matelas, les poussettes alignées en file près d’eux.

Ils n’ont rien et attendent. Ils attendent sachant qu’ils n’auront aucun papier. Ils ont quitté la Roumanie pour venir au pays de l’eldorado des allocations, la France. Ils ont quitté la Roumanie, parce qu’ils n’y travaillaient pas et se retrouvent dans une situation pire que celle qu’ils vivaient.

Cette maman, le dit clairement, elle s’exprime très bien en français et le comprends parfaitement. Lorsque je lui demande pourquoi elle ne retourne pas dans son pays ? Elle répond toujours par "les allocations"...

Ils ne peuvent obtenir d’allocations, bien qu’européens, puisqu’ils sont en situation irrégulière en France, qu’ils n’ont pas d’assurance maladie, aucune ressource, aucune résidence. Ils ne peuvent avoir accès à l’Aide Médicale de l’Etat, ils n’ont pas de résidence même auprès d’un organisme agréé. Ces familles, et il y en a d’autres, espèrent avoir des papiers, un jour. Ils ne s’insèrent pas et ne vont pas dans les associations qui reçoivent et aident les Sans papier ou les Sans Domicile Fixe.

On croise certains de ces Roms, au Fourneau économique (association qui prépare et sert des repas le midi moyennant 1 Euro ou gratuitement). Ils se différencient des autres populations fréquentant le Fourneau économique. Certains ignorent les couverts et mangent avec leurs mains, d’autres sont à surveiller afin qu’ils n’embarquent pas verres ou couverts. Les enfants comme leurs parents, jettent très souvent la quasi-totalité de leurs assiettes. Lorsqu’on leur explique (pas qu’à eux) qu’un repas jeté sera un repas en moins pour un autre accueilli, ils nous répondent "je paye, je jette si je veux ".

Ils payent presque tous, argent issu de leurs « manches ». La plupart refusent le contact, ils ne parlent ni ne comprennent le français.

Une famille, parents et enfants, adultes et enfants très jeunes, venaient assez régulièrement. On pouvait les croiser, l'été,  au niveau de l’arrêt du tramway de la Place Masséna, avec leurs poussettes. Non pas pour faire la manche, mais pour voler les touristes. Là, nous reconnaissant, ils tournaient la tête, comme si ils ne nous avaient jamais vus. Ils ne viennent plus du tout. Où sont-ils allés ?

Sur le nombre de Roms, vivant dans la rue et de la manche, seulement une dizaine vient prendre un repas au fourneau économique.

On peut croiser ces nombreuses familles Roms, derrière l’église Notre Dame, les fins d’après-midi, où en groupe, ils fument, téléphonent, crient, les enfants courent partout, rendez-vous quotidien avant d’aller dormir du côté de la Place Masséna.

Ils peuvent séjourner trois mois en France et au-delà, normalement, s’ils n’ont pas de justificatif de travail ou de couverture sociale, ils sont en situation irrégulière.

Que faisaient-ils en Roumanie ?

Ils font partie de la minorité et sont rejetés.

Les politiques et les Roms de Roumanie

Interview du député Lionel Lucas d’origine roumaine en avril 2014 :

« …À l'échelle européenne. Pour intégrer les Roms, des aides sont attribuées à la Roumanie et la Bulgarie mais il n'y a pas de suivi, pas de vérification sur place. » « … Quelles que soient leurs conditions de vie en France, celles-ci sont dix fois meilleures que là-bas ».

Hostilité envers les Roms dans leur pays : « … C'est ancestral et irrationnel, comme l'antisémitisme. C'est le problème d'un groupe important vivant à part et que l'on regarde avec méfiance. On est dans le préjugé. Nous, on en a les conséquences ; »

Intégration des Roms : « … les nouvelles générations ont envie de s'en sortir. En parallèle, il faut lutter contre la criminalité organisée dont les ramifications sont dans les pays d'origine. Ses chefs, qui vivent en Roumanie comme des nababs, utilisent, souvent par la contrainte, les pauvres gens de leur propre peuple. »

« … Pourquoi les Roms viennent chez nous, c’est parce qu’ils sont misérables en Roumanie, ils sont mis à l’écart, discriminés ».

« …Il faut donner les moyens au niveau européen à la Roumanie de régler son problème. Il faut aider la Roumanie à prendre ses responsabilités. »

De nombreuses rencontres ont eu lieu en Roumanie ou en France pour le dossier « Intégration des Roms de Roumanie ».

Avril 2015 :

        - M. Yannick IMBERT, directeur général de l’Office français pour l’Immigration et l’Intégration (OFII), s’est rendu en Roumanie le 9 avril 2015 pour signer une déclinaison locale du programme expérimental franco-roumain de réinsertion des familles roumaines appartenant à la minorité Rom.

       - "Au cours de la journée internationale des Roms, en avril dernier, le secrétaire d’Etat roumain aux Affaires stratégiques, Daniel Ioniţă, faisait mention du fait que, l’insertion suppose une action ferme de la part de tous les acteurs impliqués et que les transformations sont des processus d’une finesse extrême, qui exige un effort commun des autorités, des ONG tout comme des personnes intéressées. Il a, en même temps, fait valoir l’importance qui revient à l’utilisation efficace du cadre législatif et institutionnel en place, tout comme des ressources financières allouées à l’amélioration de la situation économique et sociale des Roms.

Le secrétaire d’Etat aux Affaires stratégiques, Daniel Ioniţă, a précisé que l’appui direct de la société civile et des leaders de la communauté rom était essentiel, sachant qu’il s’agit des facteurs qui peuvent influencer, le mieux, les transformations attendues au niveau des destinataires directs des politiques gouvernementales et européennes.

Le dignitaire roumain a réitéré le soutien accordé par le ministère roumain des Affaires étrangères à la protection des droits et libertés de tous les citoyens roumains, Roms compris, spécialement dans le contexte des nouvelles compréhensions, dimensions et approches exigées par l’insertion de la population rom, au niveau européen. »

Source, Ministère affaires étrangères

 

Claudie, aux Urbains de Minuit

0 commentaires
Numéro : 54 -