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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Des chats et des hommes : des chats (1ere partie)

Quand on arrive à Tel-Aviv, en dehors de l’impression de chaos général, ce qui surprend le plus, ce sont les chats.

Les chats et l’architecture, les chats et l’espace public ou privé. Dans le centre-ville tout d’abord, habitué au contrôle des populations félines par les services de la SPA et de l’hygiène de le ville de Nice, le choc est grand, ou plutôt la joie.

Imaginez : vous êtes avenue Jean Médecin et devant les magasins vous voyez des gamelles avec croquettes et eau. Vous criez immédiatement au manque d’hygiène, c’est infect, un enfant pourrait manger les croquettes… et bien à Tel-Aviv, cela ne gène personne. C’est comme les pigeons de la place Saint Marc, l’aspect carte postale en moins !

Vous voyez passer des chats sereins qui ne vous regardent pas, n’ont pas peur de vous et pour qui vous n’existez que si vous franchissez la frontière invisible de leur espace de sécurité. Vous les trouvez partout, dans les rues, dans les jardins, devant les entrées d’immeubles, dans les parcs, tous libres d’aller et venir. Aucune entrave à leur liberté.

On peut distinguer des fratries, des familiarités, des croisements en fonction des déambulations que l’on fait dans la ville. Tel chat avec sa tête d’abyssin va se décliner dans les jardins de trois ou quatre immeubles, ou va se trouver soudain démultiplié en un nombre incroyable de spécimens dont la seule différence sera la robe.

Il en est de même avec l’architecture du centre ville. On voit une belle maison fonctionnaliste (école du Bauhaus) et ensuite une autre semblable mais pas tout à fait la même, puis une troisième avec une variation et une quatrième… et ainsi de suite.

Mon intérêt pour l’architecture m’a amené à une longue déambulation, l’observation des chats à m'avancer dans les arrière-cours, les deux à m’aventurer dans les jardins, les immeubles, à m’arrêter là où j’étais, à regarder.

Tel-Aviv n’est pas Miami et ne ressemble pas à un gros gâteau à la crème.

Les efforts de valorisation du patrimoine architectural y sont récents, les habitants du centre-ville n’ont pas encore été tous chassés même si l’inflation des loyers pousse de plus en plus de gens vers la banlieue. Les maisons ne sont pas toutes en bon état, sans pour autant être vétustes et c’est ce qui fait de cette ville un lieu de vie réel et non un visage lissé à grands coups de chirurgie et d’injections qui neutralisent toute expression.

De même, ces chats domestiques retournés à l’état semi-sauvage ne sont pas tous magnifiques. Le tableau n’est pas idyllique. A côté de la paix indolente des chats couchés dans l’ombre ou s’étirant au soleil, la guerre territoriale est présente. On entend des chats hurler, des feulements. On voit des chats estropiés, blessés, borgnes ; résultante d’une quête de territoire et de pouvoir ou d’une transgression des frontières. On voit des chats s’approcher d’une entrée pour y manger et se faire chasser par un de leurs congénères. On entend un chaton miauler et on pense qu’il est peut-être abandonné ou que sa mère a été renversée par une voiture et git agonisante près d’un trottoir ou sous une voiture. On ne sait pas, on ne peut pas savoir ce qu’est la vie de ces chats.

La sauvagerie,  le caractère sauvage, peuvent varier. Ils ont été domestiques et sont acclimatés aux humains. Certains se laissent approcher, certains sont totalement indolents et ne vous considèrent aucunement, certains autres fuient dès qu’on s’en approche. Il faut faire preuve d’une grande patience si l’on veut pouvoir les caresser, les toucher, tenir compte de leur nature animale et penser qu’en animaux de taille supérieure, nous sommes aussi perçu comme des prédateurs, car parfois la main qui caresse est aussi celle qui bat. Nous sommes aussi capables de sauvagerie…

 

À suivre.

 

Kader Robert Aniguid, aux Urbains de Minuit

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Numéro : 54 -