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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Utopie corporelle de l’artiste

Le corps est une prison, un lieu dont nous ne nous échappons jamais du réveil à l’endormissement. Comme le suggère Michel Foucault[1], nous pouvons le mouvoir, le reposer, jouer avec mais jamais nous en évader. Il nous suit partout, dès que nous avons les yeux ouverts, il  nous enferme à chaque instant. Le corps est une prison implacable, une « topie impitoyable », un endroit qui nous contient autant que nous sommes ce lieu. Ce corps et cet esprit indissociables, inséparables, peut-être « inséparés », nous les éprouvons sans relâche tout au long de chaque journée quand bien même nous ne le désirerions pas.

Le corps est en même temps la frontière qui sépare l’individu du monde et l’interface qui le relie à lui. Le corps, lieu où se logent les émotions provoquées par le monde, réceptacle et medium qui nous permet de l’appréhender, devient frontière, barrière nous poussant à nous retrancher et nous replier sur nous-mêmes, permettant de forger notre identité. Pourtant cette identité se forge à partir du monde, à partir de l’autre : un autre comme nous-mêmes, celui que nous reconnaissons ; un autre aux qualités réifiées ; un autre fantasmé, enlaidi ou éblouissant, barbare ou exotique.

Le corps est tout cela. Le corps permet de vivre, de penser et nous vivons ce corps malgré nous. Ce corps faible, fragile, sensible à son environnement, l’homme n’a de cesse de vouloir le renforcer : il cherche un corps puissant sans jamais pouvoir le saisir entre ses propre bras ni du regard. Jamais le corps ne se voit ni ne s’englobe.

Cherchant au creux de sa corporalité, l’artiste y puise sans cesse les ressources de son art. Le corps est vecteur de pensée, d’action, il garde la trace des mouvements passés, il se contrôle lui-même, libérant son habitant des contingences et des nécessités quotidiennes du mouvement. Mais le travail artistique est-il seulement le fruit de ce corps ? N’est-il pas le moyen d’échapper à l’inexorable prison corporelle de l’homme ? Le corps n’est pas et ne peut pas être une simple machine à créer. Le corps serait davantage un moyen de se transposer hors de lui-même par le processus de création et, conjointement, dans l’œuvre ainsi créée. L’artiste fabrique alors, à chaque instant de son vécu mental et physique, une utopie corporelle, perpétuant et réalisant le désir de l’humain d‘échapper au pénitencier de chair. Ce corps donc est catalyseur d’utopies, siège de toutes les utopies vécues, intérieures et arrachées à lui dans l’acte de créer, nourries de l’épaisseur du vécu, de l’intime dans une mise en résonance et en « raisonnance ».

 

Emmanuel Desestré aux Urbains de Minuit.

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[1] FOUCAULT Michel, L'utopie du corps, 1966,
https://www.youtube.com/watch?v=NSNkxvGlUNY

Mots clés : #Corps, #utopie, #art, #création
1 commentaires
Le 0000-00-00 00:00:00 par Polydele
Peignons les barreaux en bleu et les roses en rouge... ;-)
Numéro : 53 -