Nice, Nice, deux minutes d'arrêt !
Nice, belle ville, touristique (il va de soi), ensoleillée, bordée par la Méditerranée ... Ses plages, ses hôtels, ses belles voitures et sa culture... Mais oui, il y a bien un patrimoine culturel à Nice au delà des plages ensoleillées, et de la devanture luxueuse.
Nice est une ville où se parle une langue : le Niçois. Langue, pas patois ! Et cette langue s'inclut dans l'Occitan.
Occitanie, Occitanie, plusieurs siècles d'arrêt !
Parce qu'il faudrait au moins ça pour expliquer ce qu'est l'Occitanie, mais résumons...
L'Occitanie est une région historique, existant depuis le Moyen-Age.
L'idée que toutes les personnes qui parlent Occitan appartiennent à un « espace culturel commun » a soulevé et soulève encore des oppositions chez ceux qui y voyaient soit une menace à l'unité nationale française, soit la négation d'une identité régionale.
Ainsi, nous trouvons-nous, nous Niçois occitanistes, confrontés aux fervents défenseurs de l'identité régionale, voire même, à ceux qui voudraient une nouvelle annexion de Nice à la Savoie, ou pire encore l'indépendance de la ville elle même.
Les locuteurs de la langue d'Oc n'emploient pas une seule acception de leur langue, car l'Occitan n'est pas une langue monolithique avec par exemple un seul dictionnaire où chacun des locuteurs retrouve exactement son vocabulaire, mais une juxtaposition de dialectes intercompréhensibles par eux tous. Aussi, de nombreuses études se sont focalisées sur les différences entre les Provençaux, les Languedociens, etc. Par conséquent, pour certains, la langue niçoise n'est pas langue d'Oc, mais purement le niçois.
Revenons maintenant à Nice, et à sa culture...
Ici, beaucoup nient son appartenance à l'Occitanie, se réclamant du Comté de Savoie, balayant d'un revers de main des centaines d'années d'histoire, d'études anthropologiques et géographiques. Ainsi nait le clivage entre occitanistes niçois et nissardisants.
Alors que les un se réclament de l'Occitanie, cartes, dictionnaires et écrits divers à l'appui ; les autres ne se sont arrêtés que sur une maigre portion de la frise chronologiqe de l'histoire de leur ville : la dédition de Nice à la Savoie, figeant leur culture dans le seul aspect folklorique.
C'est ainsi que bien souvent, lors des manifestations culturelles de la ville, nous voyons fleurir petits bonnets rouges et jupes à froufrous, habits "traditionnels" de la ville de Nice, sautillant joyeusement au rythme des tambourins. Alors oui, c'est très mignon, puis c'est vendeur pour le touriste lambda venu, appareil photo autour du cou, prendre une bouffée de traditionalisme. MAIS ... comment défendre une langue, une culture, en l'instrumentalisant à des fins touristiques, comment transmettre l'envie d'en apprendre plus sur la richesse culturelle d'une ville, d'un espace culturel (qu'est l'Occitanie) en laissant supposer que le temps s'est arrêté, que cette langue n'est parlée que lors des festins?
Si seulement ce “désaccord” entre occitanistes et nissardisants s'arrêtait là... Malheureusement, lors de manifestations et événements culturels, les occitanistes sont souvent victimes de brimades, de moqueries et subissent une attitude aggressive, saisis au col, raillés et chassés.
Le drapeau occitan a, par ailleurs, été dernièrement déterioré dans les locaux d'une association occitane pourtant partie prenante de la défense de la langue niçoise. Ce drapeau déchiré est le symbole des dissensions que nous vivons au sein de notre ville, dont chacun de nous, quel que soit le “bord” défend les valeurs et la culture.
L'Occitan est une langue, avec un (des) dictionnaire(s), une histoire, des auteurs (poètes, troubadours, historiens, romanciers, etc...), des journalistes, (http://www.jornalet.com/), des musiciens qui font danser, vibrer la langue et les corps sans que personne n'ait à se déguiser... C'est ainsi que dans les "bals trad", chacun danse librement, parle et chante en Occitan; les fervents défenseurs de la langue occitane sont ouverts sur l'avenir, non pas sur le passé, et ne s'enferment pas dans des clivages géographiques ou approximativement historiques. De tout temps, l'Occitanie est ouverte sur le monde pour des raisons évidentes d'échanges commerciaux (de par sa localisation géographique) et culturels (de par son melting-pot).
Alors, mon message pour les nissardisants, le voilà: balancez vos bonnets, froufrous et corsets... dansez librement, vivez votre langue ... acceptez que d'autres puissent aimer cette langue qu'est le Niçois, tolérez que son inclusion dans la langue occitane ne soit pas une volonté de nier notre histoire, mais bien celle de s'ouvrir à une culture, un vaste territoire, bien plus vaste que le Comté de Nice.
À vous, amis Urbains, je vous souhaite de pouvoir un jour participer à un bal trad, meilleur moyen de découvrir en s'amusant la richesse de cette culture, de cette langue qu'est l'Occitan.
Ta Gali aux Urbains de Minuit
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