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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Dissoudre le corps des femmes (republication)

FEMEN au salon musulman fondamentaliste qui prétend mettre LA femme à l'honneur

 

 

Il existe plusieurs manières de dissoudre toute matière organique chimiquement…

Le processus de putréfaction y parvient aussi sur un temps plus long.

Pour la matière organique féminine il y a des procédés spécifiques qui ne font appel ni à la chimie ni aux asticots (pour faire court). Une sorte de miracle de nos sociétés.

Prenez d’abord le cas des mannequins femmes qui défilent sur les podiums. Elles sont proposées par des agences de mannequinât après sélection. Sur quels critères ? Sont choisies de très jeunes femmes d’extrême maigreur. Maigres à un niveau pathologique, leur IMC (indice de masse corporelle) en deçà de 18 ( dénutrition) étant souvent autour de 17 (dénutrition sévère) ou de 16 (état de famine), valeurs retenues par l’OMS, Office Mondial de la Santé. Évanescentes, translucides, émaciées, très grandes, leurs cuisses, fémurs à peine habillés de peau, leurs épaules, décharnées… un petit effort et la dissolution des chairs sera totale. Le corps féminin « normal » est ainsi nié, dissous, inapte à porter des vêtements (ou alors il lui faut l’estampille « Mama » souvent utilisée par D&G, Dolce et Gabanna, comme début mars, pour la nouvelle collection automne hiver 2016, intitulée « Viva la Mama », où l’on a vu défiler, en effet, des mannequins enceintes et d’autres accompagnées d’enfants).

Telle est l’image du corps féminin véhiculée par la mode. Tel est le modèle. Squelettique ou Mama.

D’ailleurs en amont des squelettes des défilés, il y a, s’adressant aux adolescentes, les sites Internet faisant l’apologie de la maigreur extrême, sites pro-ana, où l’on explique à des gamines comment manger moins, perdre l’appétit… le top étant d’obtenir un écart entre les cuisses (le thigh gap) d’au moins 15cm.

Les dégradations physiologiques entraînées par de telles pratiques amènent les corps à disparaître après un long processus d’autodigestion. Adieu chairs musculeuses enrobées et galbées du corps féminin. Féminité honnie. Mort.

http://claujomel.weebly.com/

Dessin Zacloud

 

Il existe une autre façon, des sociétés, de gommer les corps féminins. Il s’agit alors de les cacher.

Si je ne m’abuse, cette façon, le voile intégral ou le niquab, est spécifique aux sociétés musulmanes où se pratique un islam rigoriste imposé aux femmes.

Elle apparaît, malheureusement, avec l’islam politique, dans nos propres sociétés, comme revendication identitaire et, un comble, elle est alors revendiquée par les femmes, elles-mêmes, qui y adhèrent.

Le corps féminin satanique, tentateur, impur est une provocation en soi. Il est le trouble de l’homme, ce qui l’empêche d’être un bon musulman. Il est « péché ».

- Cachez ce corps que je ne saurais voir, je suis un être faible et mes besoins sont tels, que, vous exposées, je ne saurais résister, dit le sexe fort, basculant dans une incohérence qui serait bien risible si elle n’était d’une insupportable malhonnêteté… le corps féminin comme une menace. Trop présent, trop voyant, trop sensuel, dérangeant. Paradoxalement montré (Quoi de plus voyant qu’une femme entièrement voilée) inexistant !

Corps squelette ou corps fantôme… même combat : corps nié.

On comprend mieux l’utilisation par les Femen de leur propre corps, ce n’est pas de l’exhibition, c’est un corps politique, une revendication totale. 

Certaines femmes, elles, se sont « hissées » au rang des hommes, et ce faisant, elles ont presque toujours abandonné les caractères de leur féminité. Masculines et grises pour devenir leurs égales. Les Femen nous disent avec leurs seins, leur ventre, leurs hanches, leurs fleurs, que garder nos attributs ne fait pas de nous le sexe faible. Leur détermination, leur courage physique, leur animalité, que l’on soit d’accord ou non avec leurs actions, nous percutent et nous offrent un regard changé sur notre propre corps.

Il existe aussi des tentatives de redonner chair au corps des femmes . On assiste ainsi à la naissance d'un mouvement chez certain(e)s photographes, consistant à publier des photos de femmes « ordinaires », ni mannequins, ni actrices ou même fortes voire obèses. C’était le cas de Léonard Nimoy, décédé récemment (connu pour son rôle de Spock dans la série Star Treck) qui questionnait la société sur les normes de beauté du corps féminin dans son travail The full Body project (2007), consistant à valoriser à travers des photos, le corps des femmes hors normes pondérales.
 

Je ne sais qu’en penser vraiment dans la mesure où je n’ai pas le témoignage de ces femmes. Arrivent-elles à se trouver belles malgré les injonctions sociétales intégrées ? Ont-elles eu du plaisir à poser pour un œil bienveillant voire gourmand ? Ont-elles été convaincues par le discours de l’artiste ? Ont-elles pu changer leur regard sur leur propre corps ?

J’ai envie de souligner que le corps ne peut se vivre seulement comme un souci esthétique, il est l’habitat du mouvement et du bien être. Une femme obèse qui n’accepterait pas son corps ne le ferait pas forcément à cause de la norme esthétique imposée mais tout simplement parce qu’elle est mal dedans. 
 
Ni squelette, ni fantôme, peut-être pas obèses… pas facile d’être la femme que nous aimons être, plus facile d’ailleurs à déshabiller qu’à vêtir ! 

Notes et historique concernant la maigreur extrême : les députés ont adopté, dans la nuit du 1er avril 2015 un « amendement anti-anorexiques » pour combattre les troubles alimentaires. Cette mesure, initialement présentée par l’élue UMP Valérie Boyer, en 2008, était restée au stade de proposition de loi. Présentée à nouveau le 16 mars, par Olivier Véran, député socialiste de l’Isère, comme amendement à la loi Touraine sur la santé, elle avait été retirée à la suite de nombreuses critiques. Elle revient donc quinze jours plus tard. Un deuxième amendement concernant l’interdiction des mannequins trop maigres sera discuté le 10 avril.

Narki Nal, aux Urbains de Minuit.

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Numéro : 52 -