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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Femmes de quartier, et moi

photo : Bushra Almutawakel

Il est des quartiers où les femmes sont très nombreuses, des quartiers où l'on ne voit qu'elles, emmenant les enfants à l'école, discutant au coin des rues. Leurs seuls droits dans ces quartiers : s'occuper des enfants, faire les courses, et prétexter de cela pour discuter. Restrictif ? Sans doute. Peu travaillent ou ont des loisirs.

Mais ce n'est pas là le propos.

Ces femmes, je les vois tous les jours depuis plusieurs années, et je suis, moi aussi, femme de quartier.

Ici, les femmes portent le voile, ou le foulard, chacun l'appellera comme il veut.

J'ai connu des femmes avec lesquelles je discutais ... fut un temps.
A cette époque, ces femmes ne portaient pas le voile, européanisées, "intégrées" ... puis un jour, le foulard est apparu sur leur tête, un foulard coloré, joliment noué, un jean et des baskets aux pieds.

A mon amie ne portant pas (encore) le voile, j'ai demandé : "Elles, portent le voile, toi pas. Quel est leur regard sur toi ? Le porteras-tu un jour ?"
Ce à quoi elle a répondu que cela dépendrait de sa foi. Sa foi grandissant, elle finira un jour par se couvrir, elle aussi, la tête. 
Choquée ! Mon amie, la seule que j'ai dans le quartier, sera donc elle aussi, victime de la radicalisation religieuse.

D'années en années, j'ai continué de croiser ces femmes de quartier, foulard sur la tête. Mais à mesure que le temps avançait, le foulard était de moins en moins coloré, les tenues de moins en moins voyantes. 
Finis les jeans, les pantalons se sont assombris. Finis les foulards, place à de longs voiles. Puis le hijab. Porté, le plus souvent avec des lunettes de soleil.

Disparition des femmes de quartier derrière de longs habits, regards dissimulés, rasant les murs, baissant le regard pour certaines ; d'autres me fixant droit dans les yeux, ou me toisant, moi, qui suis aussi une femme, une femme de quartier ...
La tenue vestimentaire devenant un cheval de bataille, utilisée pour marquer un degré de foi, quantifier la valeur d'une femme. 

Me voilà donc, femme de quartier parmi d'autres femmes, dévisagée comme une impure, mes tenues "d'européenne" considérées comme provocantes, mes décolletés (si peu plongeants) regardés comme un appel au sexe !
Je suis femme de quartier parmi d'autres femmes, et aux yeux de ces femmes invisibles, je deviens bien trop visible. Les chuchotements et les regards en disent long.

Devrais-je, moi aussi, me couvrir ? Baisser les yeux devant ces regards accusateurs ? Ou continuer de lever ostensiblement mes seins au ciel, comme un bras d'honneur non pas à leur Dieu, mais à son sexisme ?

J'espère seulement ne pas voir totalement disparaître ces femmes derrière ces lourds tissus noirs ne laissant voir que leurs yeux,  faire abstraction de leurs regards sur moi, pour que nous puissions nous rencontrer de Femme à Femme. 

Ta Gali, aux Urbains de Minuit

2015-04-15 (n°52)

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1 commentaires
Le 0000-00-00 00:00:00 par chris
Affaire à suivre...merci de ce témoignage
Numéro : 56 -