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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Femme, la mode nous fake

(dessin P.P.P.)

 

Lettre ouverte.

 

Il était une fois un royaume où on faisait croire aux petites filles que, être une princesse c’était de porter des robes sous lesquelles devaient apparaître le moins de chair possible. Quand j’étais petite, je m’imaginais souvent en femme. Et quand je m’imaginais en femme, je m’imaginais avec un corps ressemblant à celui des actrices américaines le genre Rita Hayworth ou Ava Gardner. Voilà ce que cela signifiait pour moi être une princesse mieux, une femme car j’ai toujours été très objective et j’ai toujours su que les princesses n’existaient pas sauf quand on nous aimait.

Je voulais voir la transformation de mon corps comme quelque chose de joyeux, un hymne à la vie à laquelle j’offrais une belle poitrine avec une belle paire de fesse. Et puis j’ai grandi. Et puis on m’a proposé des modèles de femmes. Des fakes de femmes, des choses assez horribles. Et plus je vieillis et plus je vois qu’on ne veut plus de nous, les femmes. On ne veut plus de notre corps.

J’ai cette impression que notre corps doit être caché pire qu’il est en passe de devenir un objet détestable. A un tel point  qu’on lui demande de disparaître. Qui demande ? Qui décide de nous sommer de perdre un os pour pouvoir passer son épaule dans une robe ? Que dis-je, de passer un rachis dans un bout de tissu fabriqué par des gamines chinoises et qu’on va te fourrez avec une marge absurde qui doit effectivement, elle, faire son poids. Qui sont ces gens ? Des créateurs ? Des femmes ? Non pas très souvent des femmes je trouve. En tous cas des hommes ou des femmes qui ne connaissent rien à l’anatomie féminine. Certainement des stylistes qui n’ont jamais fait l’amour à une femme ou alors très mal.

Depuis 5 ans, à chaque fois que j’achète une jupe, l’arrière de celle-ci est souvent plus courte que l’avant. En dehors du fait qu'elles sont probablement réalisées par de petites esclaves cambodgiennes sur des formes qui vont à la réalisation la plus rapide et donc la moins chère, serait ce de plus un effet de mode ? Du haut de mes 41 ans dois-je considérer alors que j’ai un gros cul ? Monsieur (ou madame ou qui que vous soyez), j’ai un cul, un vrai cul musclé dont je suis assez fière et qui, de plus, est tout à fait capable de rentrer dans une taille 36. Un cul vraiment admirable. J’ajoute donc que je n’ai rien d’une boulotte et encore moins d’une ronde. J’ai juste des vêtements mal taillés. Des vêtements qui ne sont pas à ma mesure. Ma mesure de femme. Mon cul, mes hanches, mes seins sont et font partie de ce qui me différencie de vous messieurs les stylistes. Biologiquement, c’est l’attribut essentiel qui devrait permettre de faire de beaux bébés, de les porter pendant 9 mois dans mon ventre. Mon volume de femme permet de nicher un enfant qui peut faire son poids de 4 kilos parfois. Mon volume est important. Mon volume prouve mon existence et ma différence. Respectez là, respectez-moi. Taillez-moi une jupe qui fasse de la place à ma chair.

Arrêtez de nous proposer vos burkas d’os, vos cadavres. Donnez-nous la force d’exister dans notre féminité. Combattez à nos côtés, rendez-nous digne, rendez-nous la vie. Soyez créateurs et non destructeurs. Cassez votre système, ne nous enfermez pas, ne nous faites pas disparaître. A moins que ce soit là le but ultime. Le but caché, le but inconscient. Vous qui allez dans les salons parisiens, vous qui vous pavanez dans votre luxe et qui vous offusquez de la traite des femmes en Afrique, de ces assassinats, de ces burkas ? Vous sentez vous parfois coupables ?

Vous nous rendez malheureuses. Pourquoi vous évertuez vous encore à tuer des jeunes filles ? Assumez vos crimes et faites donc un New âge de la mode dans une collection qui serait uniquement représentée par des cintres attachés à une poulie faisant ainsi avancer les différents modèles de robes etc. Pas besoin de filles, puisque de toute façon on les voit à peine sous leurs jupes. Economisez votre argent et surtout économisez nous toutes ces frustrations accompagnées de leurs acolytes c’est à dire ces ensembles, non pas de tailleurs, mais de buts illusoires. En parlant d’ensemble, vous appartenez à un monde créateur de fakes et vous faites de nous, les femmes, des fakes de femme. Je n’ai aucune pitié pour vos grandes marques qui se font copier voire « faker de manière dérisoire. La noblesse et le style que pouvait avoir une Coco Chanel n’est plus. Et oui, la mode se démode mais le style jamais. Et c’est ce qui vous manque, messieurs du style et de l’allure. Je n’arrive pas à dissocier votre monde à celui de la pornographie. Le monde de la mode et de la pornographie se sont définitivement lancés dans un même combat, celui de produire des fakes de femme. L’un en nous imposant une burka dessossée, l’autre nous imposant une burka de chair. L’un nous imposant insidieusement des régimes restrictifs et inhumains, l’autre allant jusqu’à nous imposer la couleur et la forme de notre chatte et de notre anus. Voici ma lettre. Je ne demande rien de spécial. Juste de nous aimer nous, les filles pour ce que nous sommes et si cela est au-delà de vos forces, et bien messieurs arrêtez le massacre. Vous êtes un danger pour les femmes. Laissez-nous libre de notre corps.

 

Francesca Acquaviva, aux Urbains de Minuit

http://meldibe.tumblr.com/

 

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Numéro : 52 -