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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Considérations sur le tango argentin, suite

 

COUP DOUBLE

Chère Sonia,

J'ai bien assisté à cette leçon de maîtrise organisée, perçu sa géométrie, et l'objectif...c'est de cela que je te remercie. C'est quelque chose comme décider et aller de l'avant tout en créant un monde dessiné, destiné. De la danse je ne connais que peu de ce qui est typé, admirant les évènements à l'improviste, du tango mon expérience n'est que les délicieuses improvisations amicales lors du bal votif du village.

Ce que j'ai aimé dans ce moment c'est le sérieux et la sensibilité. Deux mots qui caractérisent l'art.  C'est cela qui était agréable: les mots, les gestes, l'ambiance: cela fait "un bon moment".

Il y a les formes: les cercles et les passages diagonaux, les arrêts, les silences, les scansions. Ce que j'ai apprécié ce sont les formes imposées adaptées par les couples en action, aux dimensions de leurs êtres, leurs dimensions, leurs dimensions, leurs dimensions. Avec humour je dirais: tout est affaire de pointure de chaussures. Je sais que la danse s'écrit.
Moi, c'est l'écriture qui me préoccupe, parfois agir vite (en laissant au temps peu de chose), parfois retenir et revenir (en laissant à la durée la finesse de l'action en devenir). Je suis à l'aise dans les deux cas. La poésie c'est la scansion normée (du rythme préétabli de la poésie latine à la forme libre), la poésie c'est aussi l'observation simultanée du vivant et la mise en forme plastique (l'élargissement du pathos au profit de la réalisation partagée).
Ce sont des sujets de réflexion et de production: une sorte de style?
 
bien sincèrement,   

Olivier GARCIN

www.artactgo.com
 
Cher Olivier

La danse, oui aussi,  s'écrit et se dessine - là comme en tout il est question de  proportion. Dans  "Architecture", de Luca Pacioli (1450-1514) le chapitre intitulé " De la mesure et des proportions du corps humain de la tête et des autres membres, modèle de l'architecture", développe cette notion du corps humain comme écrin de la divine proportion : "la nature, ministre de la divinité, lorsqu'elle façonna l'homme, en disposa la tête avec toutes les proportions voulues, correspondant à toutes les autres parties de son corps : aussi les anciens, en égard à la disposition du corps humain, édifièrent toutes leurs œuvres, et principalement les temples sacrés, selon ces proportions. Ils trouvaient en effet dans le corps de l'homme les deux figures les plus importantes (le cercle et le carré), sans lesquelles il est impossible de faire quelque ouvrage que ce soit..."
Ces liens entre ces justes proportions inscrites dans le corps, la géométrie, la physique dynamique, la mécanique de deux corps ensembles,  le dessin de la main, celui des pieds sur le sol, aussi  l'émotion de l'harmonie, d'une  manière mystérieuse sont inscrits en nous  : nous les reconnaissons, nous les agissons. Le tango les synthétise dans le mouvement.  Le tango est ainsi un exercice proche de la philosophie socratique et platonicienne - ce qui est inattendu - et plutôt loin de la poésie que je pensais y trouver,  car il n'y règne pas ce nécessaire fatras, que seule la solitude rend possible et d'où surgit la nouveauté à loisir.
Etre deux   permet et empêche.
Je note qu' il est beaucoup question de pointes : la pointe des pieds, la pointe de la chaussure, la pointe du crayon, du stylo, du compas, la pointe du pinceau, la pointe de l'aiguille, la pointe de l'esprit.
 
Bien sincèrement,
 
Sonia Grdovic
 
 
(photo Stephan Auriou)
 
Mots clés : #tango argentin
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Numéro : 8 -