Je n'ai jamais été riche, mais malgré cela, étant un professionel valorisé et respecté dans mon milieu de travail, un jour j'ai été invité à rencontrer l'un des clubs les plus exclusifs : le Rotary Club International. Après ce premier contact, je l'ai rejoint avec un peu de peur et de curiosité, au fond c'était faire partie du cercle restreint des quelques personnes (30/40) les plus influentes et les plus riches de la ville dans laquelle je vivais et travaillais : juges, avocats, notaires, médecins, comptables, entrepreneurs, tous sélectionnés selon une rigueur morale reconnue et partagée, et payant 100 euros par mois le droit d'en être.
Le statut du Rotary prévoit que les membres sont des gens qui jouissent d'une bonne réputation et exercent une profession de prestige dans laquelle il sont compétents et capables. Un candidat possible peut devenir membre si il est recommandé par au moins un partenaire principal, et à condition que tous les autres membres soient d'accord, ce qui en rend l'accès encore plus exclusif et ressemble aux critères de la "bourgeoisie". Je n'appartiens pas à ce monde, par nature et histoire personnelle, mais j'ai succombé à la volonté d'essayer de le connaître. S'en suivirent des réunions hebdomadaires, dans le restaurant d'un hôtel, où on dîne en compagnie d'autres membres sur des sujets et des projets divers. Souvent préparés, très informés, les membres abordent en profondeur des arguments souvent inhabituels et complexes. Je ne peux pas nier que j'ai eu une satisfaction réelle à faire partie de ce groupe mais malheureusement, tout s'est arrêté, le jour où j'ai décidé d'y mettre un terme.
Les devises du Rotary : « Servir d'abord » (Service above Self) et « Qui sert le mieux profite le plus » (One profits most who serves best).
Les objectifs affichés de cette fraternité sont nobles mais le doute sur la sincérité réelle et effective des membres est devenu pour moi une certitude au fil du temps. Quand, lorsqu'à chaque réunion, à chaque "tableau" où je me trouvais dans cette parodie de convivialité, on n'a jamais perdu l'occasion de murmurer critiques et allusions lourdes sur d'autres membres siégeant à d'autres tables, après avoir, au préalable, échangé sourires, poignées de main, tapes dans le dos. L'envers du décor n'était que critique et méchanceté à mes yeux. Cette contradiction a rendu impossible pour moi de rester dans ce groupe, royaume de l'hypocrisie. Dans un match de tous contre tous, au mépris absolu de l'amitié, la loyauté et la justice, valeurs claironnées en théorie mais négligées dans la réalité.
Donc, à quoi bon cette idée du club qui apporte des avantages ? Puisqu'il s'agit simplement d'avoir "des amis haut placés" sur lesquels compter dans toute situation et que l'on critique dès qu'ils ont le dos tourné ! Le but affiché est l'aide sociale à la communauté, mais en réalité, rejoindre le club reste un privilège qui favorise souvent les ambitions de pouvoir personnel. Les individus se présentent comme des bienfaiteurs alors qu'ils sont des "alpinistes sociaux". Naturellement, parmi les membres, on compte des politiciens et des administrateurs de pouvoirs locaux, dont la vocation ultime est de travailler pour le «bien» de la communauté.
Le lien entre le Rotary et la franc-maçonnerie est indéniable. Le Rotary club est un vivier dans lequel la franc-maçonnerie puise ses sociétés affiliées. Par ailleurs, une bonne partie des membres du club sont francs-maçons comme il est ressorti d'une récente publication dans un journal local.
In fine, cette élite d'une classe sociale qui se targue d'être à la pointe d'un processus idéal de la paix dans le monde et d'offrir un réel soutien aux nécessiteux par des dons les plus divers, ne peut d'évidence mener à bien cette action, tant l'envie et la malveillance imprégnent l'air des réunions. Dès lors que la réalité me sautait aux yeux, et que j'avais identifié les intérêts secrets et les ambitions personnelles, écrire une lettre de démission me procura un sentiment réel de bien-être. J'avais finalement découvert ce monde inconnu, et je pouvais retourner dans mon monde réel, absolument sans aucun regret de l'atmosphère des riches Rotarien....
GM, Urbains héros-à-rien
Sur le Rotary International (source : wikipédia) :
Le Rotary International est une association qui rassemble 34 462 clubs au 30 avril 2013, présents dans près de 200 pays et régions géographiques. L'ensemble de ces clubs Rotary compte au total près de 1 220 000 membres au 30 avril 2013 appelés rotariens.
Le Rotary a été historiquement le premier « club service » créé au monde. L'association se présente comme une organisation apolitique et ouverte qui encourage une haute éthique civique et professionnelle et œuvre pour faire progresser l'entente et la paix dans le monde.
