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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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L'art de ne pas mourir d'ennui, avec André François Boureau Deslandes


Let me introduce you : André-François Boureau-Deslandes (1690, Pondichéry - 11 avril 1757, Paris) scientifique et écrivain français. 

Il ne vint en France qu'à l'âge de 13 ans, entra au service du Roi en octobre 1708 comme contrôleur à Brest et fut nommé commissaire de la Marine dans ce port en 1716. Philosophe mondain, à tendances épicuriennes,  il fut traité par Voltaire de "bel esprit provincial".  Il meurt célibataire à Paris en 1757. La fiche de police de 1748 le concernant dit : "Il ne travaille que pour la gloire, puisqu'il ne retire rien des livres qu'il fait", "fort grand, fort gros, physionomie assez gracieuse, petit yeux".

A.F B-L  (nous l'appellerons ainsi par plus de commodité) naît et grandit donc à Pondichéry, concession française en chantier (la Compagnie Française s'y installe en 1673) et il meurt célibataire à Paris... Entre le début et la fin il a tout tenté pour ne pas mourir d'ennui. Y compris d'écrire. Y compris d'écrire "L'art de ne point s'ennuyer".

L’art de ne point s’ennuyer est  un ouvrage utile au Public, plus utile sans doute que tout ce qu’on a admiré jusqu’ici. On se passe aisément d’éloquence & d’histoire. Peut-être l’homme vivrait-il plus heureux, s’il était moins savant & moins cultivé ? Mais on s’ennuie partout : à la Cour comme à la Campagne, dans les grands postes comme dans l’obscurité. Et n’est-il pas avantageux de se délivrer d’un ennemi d’autant plus cruel qu’il se fait moins connaître. L’adresse est surtout nécessaire dans cette nouvelle sorte de guerre cachée & cette adresse n’est pas moins l’ouvrage d’une étude naïve que d’uneimagination fleurie. J’en appelle au jugement des plus grands hommes : je veux dire, au jugement de ceux qui ne brillent que dans le monde délicat & poli.

Il tenta tout pour ne point mourir dans l'ennui. Y compris d'écrire une très documentée "Réflexions sur les grands Hommes qui sont morts en plaisantant."

Je méprise les morts trop sérieuses, donc le principal mérite consiste dans un grand air d’affectation. La valeur qui est concertée n’est pas la plus estimable : un peu de nonchalance sied bien aux personnes qui abandonnent la vie. J’entends cette nonchalance qui est le vrai & le premier sentiment d’une joie pure. Comme elle naît du repos de l’esprit, y a-t-il volupté qui lui soit préférable ? J’aurais tort de la proposer aux rêveurs, aux esprits sombres & cachés ; rien ne leur plait que ce qui est exactement dans les règles du sérieux. Ils seraient fâchés qu’on diminuât l’horreur que la mort semble inspirer, en les détournant ingénieusement de ce que sa vue a de triste.

Et là je dis MDR.

 

Maria Ceresa, aux Urbains de Minuit

Mots clés : #philosophie
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Numéro : 48 -