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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Filipe Espíndola - Sara Panamby, une histoire d'art et d'amour qui perfore

L'art de perforer des standards pour atteindre l'essentiel

 

L'oeuvre de  Filipe Espíndola et Sara Panamby est belle, fascinante et crue.

Le spectacle devient le canal de jouissance de diverses connaissances, de questionnements, et de sensations nouvelles, provocantes . Une philosophie libertaire, qui travaille la décolonisation et la dépathologisation. En fait, ce n’est pas exactement, et seulement, un spectacle. Mais, des actions directes, des expériences vivantes. L'intention est de rapporter ce qui annihile et aliene la vie. C’est ouvrir les pores, échanger et toucher.

Un travail de performance qui utilise la limite du corps, le caractère ritualiste, et la question politique. Les présentations sont liées à la façon de vivre des êtres humains urbains - ou pas – en brouillant les frontières entre l'art et la vie, en essayant d'évoquer devenirs et montrer des modes d'existence subjugués par les cultures hégémoniques.

Ainsi sont les spectacles présentés par les brésiliens Filipe Espindola et Sara Panamby*, comme eux-mêmes définissent. Un art débordant, une fois que il va au-delà du moment de l'émission et se jette dans la vie quotidienne des artistes et des spectateurs comme une puissance créatrice. Artistes autonomes, ils n’ont pas, et peut-être ils ne veulent pas, quelques types de sponsors.

En ayant une longue expérience de body piercing, Filipe a été le précurseur de la pratique de la suspension du corps au Brésil. Ses performances ont été influencées par l'art du nord-americain Fakir Musafar. Sara avait déjà développé créations en performances et body art et, a partir de 2009, elle a commencé un partenariat avec Filipe. Elle a lui demandé de faire sa suspension de corps comme la conclusion de la recherche qu'elle a développée à l'université. Après cela, les deux ont élargi la recherche corporelle ensemble. Ensemble, ils ont commencé des travaux de collage, de l’art de rue et d'autres spectacles avec l’influence de la culture indienne, en particulier le brésilienne, et de la culture africaine.

Le visuel

Les costumes sont fabriqués à partir des recherches minutieuses. Les artistes utilisent des matériaux recyclés, éléments organiques et des artefacts des tribus indiennes du Brésil. Les peintures corporelles sont faites avec des pigments végétaux de plantes telles que le rocou, genipap et açai, et même l'argile et le charbon.

Percement, suspension (lorsque le corps est suspendu par des crochets), scarifications (dessins réalisés par des incisions avec des lames qui laissent cicatrice en relief), sont quelques-unes des procédures utilisées. Ils sont inspirés par des rituels indigènes et des pratiques modernes de modification corporelle.

Et ne pensez pas que les performances utilisent uniquement des techniques de maquillage pour donner «l'impression» de percement. Non! Ils sont le sont vraiment. Par conséquent, il s'agit d'une expérience de la douleur, avec une intensité plus ou moins importante en fonction du type de procédure. Les procédures sont pré-testées et respectent toutes les dispositions nécessaires pour qu'il y ait réduction des effets secondaires, avec l’assurance d’une bonne cicatrisation de la peau. Après la présentation, les artistes se appliquent huiles essentielles de guérison pour la stérilisation et le traitement des blessures.

Le repos entre les performances est nécessaire, ce qui peut prendre d'une semaine à un mois. Ce temps est exigé pour récupérer des blessures et également pour  la digestion de toute l'expérience vecue dans le spectacle.

Après ça, les artistes se présentent à des conférences, colloques, expositions et festivals.

Et le public ? En général, le public reçoit le spectacle avec un mélange de crainte et d'émerveillement. Le spectateur est un élément fondamental des représentations rituelles.

Perles et Transsubstantiations

La première représentation faite s’appelait “Meu Corpo é meu Protesto” (Mon corps est ma protestation), le rituel de suspension de Sara. 

“Pérolas aos Porcos" (Perles aux Pourceaux) est le spectacle plus présenté, représenté et revisité. Il a été présenté pour la première fois en 2009, dans l'événement “Univers Parallèle” à Bahia. Jusqu’à 2011, il a eu environ dix représentations.  Cette année, en octobre, la performance a été exécuté à “Casa 24” (Maison 24), l'espace coordonné par Filipe et Sara à Rio de Janeiro.

“Pérolas aos Porcos" est l’unique performance qui a eu des présentations successives. Les autres sont toujours uniques. En Novembre, par exemple, les artistes  se sont presentés au festival de interdisciplinaire "Ponto.CE" à Fortaleza, au Brésil, avec la performance "Transsubstantiations Intempestives", créée spécialement pour l'événement. Un spectacle avec le langage hésitant, le corps délirant, l’invention informe. Les artistes ont proposé une procédure d'écriture incarnée sur papier, sur la peau, surface raclée,  la matérialité monstrueuse du discours de l'expérience. La création de zones de déstabilisations révèle des connaissances par la perception de l'expérience poétique dans la chair-vie. Il suggère une plongée par des intensités de la procédure d'une écriture performative pulsante, engagé à ce corps présent et actif. Pour concrétiser le discours polyphonique, les mots sont inventés, dessinés ou raclés, ils débordent de l'espace partagé par la présentation du corps qui palpite, l'absence dans le vomissement tiède des mots jetés, dans la (dé)construction de paysages corporels. Dans une référence à Antonin Artaud, l'évolution suppose métamorphoses du mot, sa rupture et sa réinvention.

 

* Filipe Espindola détient un baccalauréat en Beaux-Arts de l'Université de Campinas (Unicamp) et Sara Panamby est titulaire d'un baccalauréat en Arts du Corps de l'Université Catholique de São Paulo (PUC-SP), maîtrise en Arts de l'Université d'Etat de Rio de Janeiro (UERJ) et suive un doctorat en Arts aussi dans UERJ. Les artistes coordonnent la “CASA 24” à Rio de Janeiro, où ils vivent et ils organisent des réunions et événements.

Ils ont participé à de nombreux événements comme “Universo Paralelo” (Univers Paralello), Bahia, Brésil; “Entre Lugares” (Entre Places), Rio de Janeiro – Londres; “Contra Band”, Rio de Janeiro – Londres; “Profanações” (profanations), Rio de Janeiro; “Panorama/Composições Políticas” (Panorama / Compositions Politiques), Rio de Janeiro; “Tomada Urbana V” (La Prise urbain V), Rio de Janeiro; “Virada Cultural” (tournant culturel), São Paulo; “Performa Paço”, São Paulo; “Palco Giratório SESC”, Rio Grande do Sul; “Ponto.CE”, Ceará; “Mostra SESC Guajajara”; Maranhão; “Instituto Hemisférico” (l’Institut hémisphérique), São Paulo; “Art Cena” (Scène Art), Rio de Janeiro; “Festival de Performances Insurgentes”, Rio de Janeiro; “Promptus Brasil-Mexique”, São Paulo – Mexique; entre autres.

 

Iara Borges, aux Urbains de Minuit

 

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