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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Divagations sur le diable, cet obscur côté de la force.

Croyez vous en l’existence du Démon ? Baudelaire disait que son plus beau coup fut de réussir à faire croire qu’il n’existait pas. Mais si le diable existe réellement, alors qu’est- il ? Un être, une énergie, un symbole ? De nos jours, les adorateurs du malin sont exemptés de bûcher et beaucoup d’individus en révolte, à grand renfort de Métal Music, se refugient dans les bras de ce bon vieux cornu. Mais, si le diable en avait l’occasion, serait-il sataniste ?

«  Le grand Pan est mort ! », annonça un jour Plutarque. Le moyen âge se servit de sa dépouille pour déguiser le diable. C’est à cette époque qu’on commença à trouver des représentations de lui sous l’aspect de Pan.

Pas de diable chez les grecs. « Pan »  signifie  « Univers ». Il était le dieu de la Nature en même temps que la nature elle même. L’antique esprit de la nature, le Daïmon, n’était ni bon ni mauvais : Il était. D’ailleurs, est ce que le mal existe dans la nature ? Peut-on dire qu’un chacal charognard est plus mauvais qu’une colombe ? Tout deux servent, participent à l’ordre naturel et pendant ce temps,  « le Soleil continue de se coucher sur les ordures comme sur la beauté sans pour autant les toucher. » Schwaller de Lubisch .

Le Diable et les passions.

Pan était aussi le dieu des instincts animaux. Il semblerait que ce soit ce penchant qui lui a valu sa métamorphose en diable dans l’imagerie populaire.

 

 

On connaît tous «  l’homme de Vitruve », le fameux dessin de Leonard de Vinci. Dans cette œuvre, le Pentagramme  symbolise l’homme réalisé devenu  lien entre le micro et le macrocosme. Le pentagramme inversé quand à lui est le signe de l’homme involué esclave de ses passions et instincts bestiaux, certains ont vu dans sa forme la tête d’un bouc et voici que le diable se mit à braire.

Puisque le diable est lubrique, c’est bien cornu, intéressons nous un peu à sa sexualité…

La fourche du diable symbolise le Feu (ש shin ) . Mais de quel feu s’agit il ? Il est amusant de remarquer que les hindous voient l’énergie sexuelle, la « Kundalini » sous la forme d’un « serpent », se lovant dans la région du sacrum dans l’attente d’être éveillé. Un serpent, ça ne vous rappelle rien ?

« Le grand dragon, l'antique serpent, celui qu'on nomme Diable et Satan » Apocalypse 12:9 

 

Si la sexualité à souvent été attribuée au diable , est ce que les anciens illuminés pensaient pour autant qu’elle était mauvaise ? Une clef nous est donnée dans la figure allégorique du Baphomet que l’ on retrouve sur l‘arcane du tarot « le Diable ». Sur cette carte, il porte sur le crâne un pentagramme et celui ci n’est pas inversé. La sexualité sublimée peut être une très haute forme de mystique, et ses adeptes y voient une merveilleuse façon de s’unir avec le Divin, on peut alors parler de magie sexuelle et de tantra ou, si on est plus littéraire, s’abreuver à quelques vers de Sainte Thérèse d’ Avila décrivant l’une de ses extases (l’ascèse étant bien entendu aussi une forme de magie sexuelle).

Il est amusant de noter que Saint Michel ou Saint George ne tuent jamais le dragon … ils le terrassent ! Autrement dit le domptent. Ce qui tend à indiquer que les passions ne doivent pas prendre le contrôle sur nous mais que le dragon est une force « nécessaire » et que nous devons seulement apprendre à la maîtriser.

Dès lors, on pourra s’asseoir, tel un enfant de chœur, sur les genoux du diable en chantonnant : IO PAN ! IO PAN ! IO PAN ! Sans pour autant être un hérétique (cette phrase m’a été inspirée par le démon).

Le Diable et l’illusion.

Le Diable était aussi appelé par certaines sectes Gnostique « le gardien du seuil ». Ils pensaient qu’il était la première étape à franchir avant d’accéder au monde divin. William Blake, le célèbre poète et peintre anglais parlera de lui comme étant l’imagination et l’illusion, concept ressemblant à celui de Maya chez les hindous : le voile recouvrant la vérité.

Certains soufis racontent qu’ Iblis (Lucifer dans l’Islam) est semblable à la mèche d’ Allah, qui tantôt cache, tantôt met en valeur son visage. Ils disent aussi que c’est parce que c’est un amant jaloux qu’il interdit à quiconque d’approcher de son Dieu.

Si le diable est parfois appelé "l’adversaire" par les trois religions Abrahamique, il faut entendre par là, celui de l’homme et non de Dieu.

Dans leur iconographie commune, Lucifer était un des anges favoris de Dieu. Lorsqu’il créa Adam (l’homme originel, avant sa chute dans la matière), Lucifer refusa de se prosterner devant lui. Ne reconnaissant de souveraineté qu’en Dieu, il décida de prouver à celui ci que l’homme ne méritait pas son amour et fit le serment de mettre Adam au défit en tentant continuellement de le détourner du divin. Lucifer chuta alors du Ciel vers la matière en entrainant dans sa chute un quart des anges qui, une fois déchus devinrent sa légion de démons. Adam chuta aussi dans la matière et, prisonnier d’un corps de chair, perdit le souvenir de son origine céleste. Dès lors, Lucifer devint l’adversaire numéro 1 de l’homme, le voile masquant la Vérité, l’empêchant de réintégrer sa condition originelle.

D’une façon générale, en occultisme, Satan est considéré  comme le principe de division. D’ailleurs, dans les textes sacrés, on parle souvent de «La » Lumière au singulier tandis que « Les » Ténèbres sont au pluriel.

«  La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas reçu » Saint Jean

Dans le symbolisme classique, la lumière désigne l’Esprit & les Ténèbres, la Matière. On retrouvait déjà cette idée de dualisme dans le combat entre « Ahura Mazda » (la Lumière) et « Ahriman » (les Ténèbres) représenté dans une des premières grandes religions de l’humanité, le Zoroastrisme. Ce concept de polarité n’est pas sans évoquer le Ying & le Yang des orientaux mais pour les initiés Chrétiens, les Ténèbres et la Lumière ne sont pas deux forces égales s’opposant en vue de l’équilibre. Pour eux le mal n’existe pas, ou plutôt, il est du bien à l’état latent. Tout les arbres poussent vers la Lumière même si il doivent d’ abord traverser l’obscurité en se frayant un chemin à travers la terre. Techniquement, on ne peut mesurer l’obscurité que par la quantité de Lumière présente, en d’autre terme, l’obscurité n’ a pas d'existence propre, elle n’est que le résultat de l’absence de Lumière. Tout est en voie d’évolution et court à sa perfection; il est écrit que Lucifer, à la fin de sa mission, pourra retourner se prosterner aux pieds de Dieu.

Dans la symbolique alchimique, Satan est celui qui cache la lumière (en hébreux "shatan" : l’obstacle). Quand la lumière rencontre un obstacle, elle produit une ombre et cette ombre est Lucifer (en latin : "celui qui porte la lumière") Lucifer porte la Lumière car il est une « ombre portée », et cette ombre est aussi notre monde. Lucifer est la matière, on peut d’ ailleurs entendre « l’âme à tiers » tout en se rappelant qu’il a chuté avec un quart des anges. Satan est le principe qui fait obstacle à la lumière et Lucifer l’ombre portée donnant l’illusion du monde matériel.

Notons que dans la Bible, Satan est appellé le "Prince de ce monde" alors que le Christ répond « mon royaume n’est pas de ce monde » lorsqu’on lui demande d’ou il vient.

Aujourd’hui, que pense la science de ce que nous percevons de la réalité ? Ce monde est-il une illusion? Le mystère reste entier …

Sauf si on interroge google : Physique Quantique / ce que nous percevons de la réalité / search .

Le cerveau décode des informations provenant du monde extérieur par le biais de nos sens .Il assemble ensuite ces données pour récréer une image mental, qui s’affiche dans une des régions du cerveau et c’est ainsi que nous voyons le monde . Quand nous regardons les étoiles et qu’elles nous semblent si lointaines, en réalité les étoiles sont à l’intérieur de notre cerveau et c’est aussi de la que nous les regardons. Lorsque l’on rêve c’est exactement la même zone du cerveau qui s’active pour recréer une image que lorsqu’ on est éveillé… étrange non ?

Le Libre arbitre

Dans la genèse, Dieu avait interdit à Adam & Eve de toucher aux fruits de l’Arbre de Vie. Le Serpent (qui était décrit comme l’animal le plus rusé des champs) tenta Eve qui y goutta puis en proposa à Adam qui y goutta à son tour. Par ce geste, Adam & Eve qui vivaient dans l’innocence découvrirent la connaissance du bien et du mal. «  Et ils surent qu’ils étaient nus. »

Dans le symbolisme classique, le Serpent tentateur est le Diable et celui qui dit «  ne goutte point de ce fruit » est Dieu. Mais les Ophites (qui vénéraient le Serpent) et d’autres sectes Gnostiques, pensaient au contraire que le Dieu qui avait donné l’interdit n’était autre que Pan ou Démiurge, le dieu de la matière, qui voulait que les hommes restent à l’état animal et n’ acquièrent pas le libre arbitre, ou la capacité de décider de leurs actes en choisissant entre le bien et le mal . « le seul remède a la folie c’est l’innocence des faits » disait Jaques Rivière à Artaud . Sorti de son état animal l’homme prend conscience de ces actes et en devient responsable. Les Ophites pensaient que le serpent n’était pas le diable mais l’ Esprit de Vérité voulant instruire l’homme . D’ailleurs, en hébreux Nahash, le serpent à la même valeur numéraire que Messiah, le Messie.

Le Diable et la tentation .

 

«  Pourquoi tombons nous Maitre Bruce ? » « Pour mieux nous relever Alfred ! » Batman

 

Au 19ème siècle,   Eliphas Levi et d’autres occultistes tentèrent de réhabiliter Lucifer en le distinguant de Satan. Leur philosophie envisageait Lucifer comme une sorte de coach, qui en nous tentant mettrait à l’épreuve notre volonté, nous permettant de la renforcer. Lucifer voudrait rendre l’homme meilleur, le rendre plus fort, lui apporter la lumière. Et chaque fois que l’homme cède à la tentation, Le blanc Lucifer est à nouveau déchu, se transformant en Satan, noircit par l’homme comme du charbon. Christ et Lucifer serait des jumeaux opposés, l’esprit de vérité et celui de mensonge, la simplicité et l’orgueil, l’amour et la haine. Deux forces intimes que nous devrions apprendre à identifier afin de nous réaliser.

Satan, figure littèraire.

Enfin, il y a le diable des poètes . Celui de Baudelaire ou Rimbaud, Lucifer, l'amant incompris de Dieu, essuyant les rejets jusqu'a devenir le symbole de la solitude de l'artiste et l'ami de l'homme a qui le Ciel ne repond plus .

'' ... O Prince de l'exil, a qui l'on a fait tord,

Et qui. vaincu, toujours te redresse plus fort,

O Satan prend pitie de ma longue misere

Toi qui sais tout, grand roi des choses souterraines,

Aimable medecin des angoisses humaines,

O Satan prend pitie de ma longue misere

Qui meme aux parias, ces animaux maudits,

Enseigne par l'Amour le gout du Paradis ... ''  Charles Baudelaire

 

Dans le Bouddhisme le mal est l’ « ignorance ».

On à souvent peur de ce que l’on ne connaît pas, c’est dans cette optique que je me suis intéressé au symbolisme du diable, Je n’ai pas voulu faire son apologie ni même dire ce qu’il était ou n'était pas, j’ai simplement jeté dans une sorte de pot pourri quelques pistes sur lesquelles il m’avait été donné de me pencher. Je pense qu’avoir peur du diable est une des meilleurs façon lui donner vie.

     « La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance, la souffrance mène au coté obscur de la Force » Maitre Yoda

 

Dans la Kabbale, il est dit que le diable est un dieu inversé, «  Deus inversus ». Mais si le Diable est l’ombre de Dieu, alors nous devons garder à l’ esprit qu’il n’ est jamais loin de lui et que si nous ne sommes pas vigilants nous pouvons nous perdre même dans des voies censées nous conduire à l’ harmonie. « Il n’y a de Dieu que Dieu » dit le Coran. Et c’est souvent parce que l’on se fait une idée formelle des choses que l’on s’éloigne de leurs vraies natures, le formalisme conduisant inexorablement à une vision bornée . Le prétendu bien est la cause de bien des malheurs.Quand on croit avoir raison cela implique aussi que l’autre a tort. Cette dialectique ne fait que jeter du soufre dans le chaudron du diable. C'est bien là le principe de division et, par extension, celui du mal. Puisque c’est bien connu « l’enfer c’est les autres » Sartre.

«  Tout royaume divisé contre lui-même ne peut subsister » Saint Matthieu

Que nous croyons en la Raison ou en l’ Esprit Saint nous sommes tous responsable de l’ orientation de nos âmes ou de l’exaltation de nos vertus et le diable ou les obstacles de la vie  n’y sont pour rien . «  l’ homme est responsable de ses maux » Pythagore . Nous sommes les seuls organes permettant la matérialisation du mal et en toute chose nous avons le choix.

Certains soufis vous diront, « Ne t’inquiète pas de Shaïtan ; inquiète-toi plutôt de shay-ye-tan » (littéralement « la chose dans le corps » soit l’âme incarnée ou l’ego) .Tandis au qu'au fond de leurs laboratoires les alchimistes murmurent que «pour trouver la lumière il faut d’ abord avoir pardonné aux ténèbres.».

 

Harpocrate aux Urbains équinoxiaux .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3 commentaires
Le 0000-00-00 00:00:00 par Karla Paslac
Quelle belle synthèse avec une optique positive. Ca y est, j'ai plus peur !
Servons-nous donc de toutes les forces négatives qui tourbillonnent dans ce monde pour voir ce qu'elles révèlent et affermir notre détermination, sans crainte. Merci L'Harpocrate !
Le 0000-00-00 00:00:00 par TS
beau travail, merci
Le 2015-02-27 23:10:30 par Polydele
Panpan, ou Toutou si l'on préfère utiliser GougleTrad lapin maléfique à l'oeuvre dans sacré Graal des Monty Pythons ou pis encore dans Donnie Darko est la véritable hypostase du malin ! N'est ce point lui encore qui évinça notre bien vénérable Gros Quick !!!
Numéro : 43 -