
Noir c’est noir: Anita O’DAY
"High times, hard times", autobiographie
Noir c’est noir, et pourtant c’est la plus grande chanteuse blanche de jazz dont nous allons parler ici. Précipitez vous sur son autobiographie « High times, hard times” , assurément un des plus grands livres jamais écrit sur le jazz, le vrai, pas celui des conservatoires… Issue de la bourgeoisie chicagoane, Anita, dans ce livre fascinant raconte son apprentissage du métier, les contacts pas toujours faciles mais passionnants avec la crème des musiciens noirs, la route, les voyages en bus, les cabarets, clubs, dance halls, les bouges et les palaces, la mouise et la gloire, et aussi une franchise déconcertante , le côté obscur : son addiction à l’alcool , puis ensuite à l’héroïne pendant 14 ans, les rencontres d’un soir qui conduisirent à une dizaine d’avortements (clandestins, bien sur ; nous sommes dans l’Amérique des fifties…) . Les anecdotes savoureuses sont foison, incluant des figures aussi légendaires que Miles Davis, Charlie Parker, Stan Getz, Lenny Bruce, Barbra Streisand, Billie Holiday…La dame ne manquait ni de tempérament, ni d’humour, voir la manière dont elle raconte que lorsqu’elle se produisit au Festival de Newport, performance qui la rendit célèbre dans le monde entier grâce au film « Jazz on a summer’s day ‘’, elle était « high as a kite » (‘’ je planais comme un cerf-volant ‘’, figure argotique signifiant : « j’étais complètement défoncée »).. Une grande dame , qui malgré tous ces aléas , vécut jusqu’à l’âge vénérable de 88 ans , et un grand livre , à ranger à côté de « Miles : l’autobiographie » , « Moins qu’un chien’’ de Mingus, ‘’ La rage de vivre’’, « Straight Life’’ d’Art Pepper. Du vécu ! Ah, j’oubliais , ce n’est disponible , hélas, qu’en anglais, aucun éditeur français n’ayant eu le courage de le publier… Tant pis pour vous , fallait pas passer son temps à faire des cocottes en papier pendant les cours d’anglais !
Gilbert D’Alto Aux niçois qui mal y pensent.
Anita O'Day performing at Newport Jazz Festival in 1958