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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Festins et Festa en arrière-pays niçois (republication)

Mon retour  à Clans, le village des Alpes Maritimes où j’ai grandi, m’a permis de renouer avec une culture que j’avais oubliée et qui, pourtant, a contribué à construire la personne que je suis aujourd’hui.

J’avoue,  j’avais oublié l’accent particulier du Gavôt, ce patois local que seul quelques petits vieux ont gardé. J’avais oublié l’excitation que l’on peut ressentir en sautant par-dessus les flammes du feu de la Saint-Jean. J’avais oublié qu’ici, on ne se faisait pas la bise mais la baieta. J’avais oublié que je savais jouer à la bocca (aux boules).

J’avais oublié à quel point l’arrière pays niçois est riche en patrimoine et en histoire. J'avais oublié que le festin, la fête patronale d'un village c'était les trois jours dans l'année où toute une population villageoise se fédère autour de traditions ancestrales mais aussi comme une grande famille qui se retrouve une foi par an pendant les fêtes.

Il ya quelque chose d'effervescent dans ces festins de l'arrière-pays niçois. En Bretagne il y a les festnoz, en countèa de Nissa il y a les festa. Cela appelle notre côté animal, bestial. Chaque village pose son week-end estival et pendant trois ou quatre jours, chacun fête son saint patron. Un grand chapiteau est dressé sur la place centrale avec un grand bar et une scène où, le soir, un groupe de musique, traditionnel où de variété populaire, joue de 21h à 2h du matin. On commence généralement par un petit bal musette, les p'tits vieux se mettent sur leur 31 et retrouvent leurs 20 ans. Autour, les quinque-quadra, trentenaire et jeunes loups boivent comme des trous en attendant le moment où le groupe va enfin jouer la merde qui passe à la radio. On se lache, l'esprit enbrumé par les vapeurs de bière et de vin, les narines charmées par la fumée des barbeucs. Enfin, vers minuit, la guitare et le rock sortent du placard, c'est le moment de Téléphone, d'Indochine et des Pink Floyd. Une fois la musique coupée, si quelques irréductibles sont restés, on sort alors le fifre et les tambours, c'est l'instant envoutant des farandoles, et si quelques vièles à roue sortent des étuis, les passionnés se regroupent pour danser les bourrées, les mazurkas et les rondos. A chaque début de journée on envoie les aubades : les musiciens réveillent les gens chez eux et de jeunes filles en fleurs distribuent les traditionnelles cocardes. Le dimanche, une messe commémore le saint patron, une procession dans le village porte les idoles de 250 kg dans les ruelles pavées et enfin, on clôture le week-end par un grand repas populaire. Voilà, en gros c'est ça un festin de village dans l'arrière pays niçois.

Cette idée de se retrouver pendant tout un week-end de fête, je l'ai aussi retrouvé dans la festa de la countèa de Nissa organisée par l’association Racine du Pays Niçois (Raïs dou Païs Nissart), qui a eu lieu en Juillet 2015 à Clans. Cet évènement qui rassemble les gens autour de la culture niçoise, la musique, les danses traditionnelles, la culture littéraire, le patrimoine historique, n’est pas forcément qu’un prétexte pour boire un coup de pastaga autour d’une assiette de socca. J’ai d’ailleurs eu le plaisir de rencontrer un de ses organisateurs, Robert-Marie Mercier, président de cette association créée au départ dans l’optique de faire un site internet pour rendre visible la culture niçoise et les évènements qui l’animent

Robert-Marie, que tout le monde appelle Bob (ne me demandez pas pourquoi) est un grand bonhomme charismatique aux cheveux longs blanchâtres qui, croyez-moi, en sait long sur ce qu’il raconte. En quelques jours passés avec lui, je ne l’ai pas entendu une seule foi déblatérer une ineptie vide de sens. Et pourtant, mon Dieu ce qu’il parle beaucoup ! Lorsqu’il a fondé Racine du Pays Niçois, il ne se doutait peut-être pas de l’ampleur que cela allait prendre. Mais quoi qu’il en soit, aujourd’hui, l’organisme se bat pour sauvegarder une culture locale et pour la rendre tangible à travers la création d’évènements, tel que la Festa de la countèa de Nissa.

L’association a également mis en place, une fois par mois environ, une « promenade en pays niçois ». Elle organise également des diners-débats autours des traditions niçoise, dans les établissements du Vieux-Nice. Il sera aussi prévu, pendant la morte saison, de réaliser « Nos veillées dans les Vallées ». Allez faire un tour sur http://racinesdupaysnicois.eu/ qui rend visible les évènements de bien d’autres associations niçoises.

L’idée est de montrer une culture niçoise contemporaine, sans passer par le folklore, spectacle pour touristes et blingbling pour petits bourgeois. L’idée est de montrer une culture VIVANTE, l’âme d’un pays, d’un comté qui autrefois englobait tout un territoire, aujourd’hui divisé et annexé. L’idée est de restaurer des racines qui ont été enterrées par l’administration d’un pays. Pays qui formate la culture, englué dans un système mondial destructeur pour les traditions locales. Par le passé, le gouvernement français a coupé les gens de leurs origines en leur interdisant de parler leurs langues, le Nissart et le Gavôt. Aujourd’hui, il y a une volonté très forte chez les niçois et dans les villages du comté de « libérer la parole » et de se réapproprier leurs cultures.

Au passage, Bob m’a rappelé une chose qui m’a longtemps fait peur : l’identité. J’ai toujours eu cette vision du niçois identitaire facho tel que ceux de chez Nissa Rebella. Qui en réalité ne font rien pour la culture, qui s’affublent d’un parti Nissart mais qui n’ont rien à voir avec la culture niçoise. Bob me disait d’ailleurs « ce sont des Jacobins* ». Il a ensuite ajouté que dans la réalité des choses, la région de Nice est un territoire riche parce qu’il a accueilli un grand nombre de populations, se grossissant d’une pluri-culturalité organisée autour d’une tradition orale transmise de générations en générations, affirmant une idée et une seule : On est niçois avant d’être autre chose.

Je comprends que les niçois aient un mal fou à s'y retrouver dans leur culture, noyée dans tout ces "tcharafi" de foire à touristes. Et relever le défi de retrouver cette ambiance de communauté dans une grande ville, c'est un peu "chercher une aiguille dans une botte de foin": on sait qu'elle est là, on a le souvenir de l'avoir vu briller, et chaque fois qu'on s'en approche, elle nous échappe. Ce genre d'association, c'est un peu comme un aimant à métaux.

 

Nydenlafee, Artocrate et fée Urbaine perdue en montagne.

 

* Jacobin: (selon notre ami wikipédia) À son origine, le jacobinisme est une doctrine politique qui défend la souveraineté populaire et l'indivisibilité de la République française. Il tient son nom du club des Jacobins dont les membres, s'étaient établis pendant la Révolution française dans l'ancien couvent des Jacobins à Paris.

Le mot jacobinisme désigne aujourd'hui une doctrine qui tend à organiser le pouvoir de façon très administrative (bureaucratie) et très centralisée (centralisation) et à le faire exercer par une petite élite de techniciens (technocratie) qui étendent leur compétence à tous les échelons géographiques et à tous les domaines de la vie sociale afin de les rendre uniformes, ce qui en fait l'adversaire du régionalisme. L'usage moderne du mot jacobinisme est quelque peu anachronique. En effet, le jacobinisme, pendant la révolution française, était une réaction aux enjeux particuliers de l'époque. Pour n'en retenir que la philosophie, on pourrait aussi entendre jacobinisme comme une doctrine opposée aux politiques communautaires et régionalistes, qui provoqueraient des divisions internes.

Nyden Lafée, aux Urbains de Minuit

2014-08-26 

 

 

4 commentaires
Le 0000-00-00 00:00:00 par Jay Cee
toujours friand des us et coutume en pays Niçois, ça va me faire faire encore plus d’incursions dans ce pays où mon cœur s'est accroché.
Le 0000-00-00 00:00:00 par NLF
C'est vrai qu'il y a énormément de choses à découvrir en arrière pays niçois, la région est riche, je ne pouvais pas parler de tout en un seul article. En fait c'est une région avec une culture qu'il faut vivre pour la découvrir.
Le 0000-00-00 00:00:00 par "Man" de Clans
Super article "Beterave " ! Vive notre petite patrie et nos tribus montagnarde !
Le 0000-00-00 00:00:00 par NLF
"Beterave"... jamais je n'aurais cru voir apparaitre ce surnom chez les UDM... Merci Mathieu c'est vachement sympa ^^ Au fait comment va ta cigale?
Numéro : 55 -