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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Ce que l'art contemporain doit à la philosphie de comptoir.

 

J’entends partout que l’art contemporain est incompréhensible par le commun des mortels, que les artistes se cachent derrière des fondements intellectuels inaccessibles, autrement appelés « masturbation mentale ». J’entends partout qu’il est tellement facile de jeter un pot de peinture sur une toile et de vendre ça 10 000 euros. Ou encore de ne rien faire du tout dessus, de l’appeler monochrome et de l’exposer dans toutes les galeries célèbres de Paris. J’entends partout que les artistes sont une bande de branleurs, fainéants, trop émotifs pour vivre dans la réalité des choses et qu’ils font de l’art pour fuir cette réalité. J’entends partout que les artistes se donnent un statut supérieur et détaché du reste de l’humanité pour assouvir leur narcissisme et leur besoin pathologique de reconnaissance.

J’aimerais tout personnellement et en tant qu'artiste dire que : l’art contemporain N’EST PAS inaccessible à monsieur tout le monde, mais il faut se creuser un peu le citron pour le comprendre. Et après tous les effort du monde,  si incompréhension il y a, c’est peut être que l’œuvre que vous regardez n’a pas de sens spécial, ou peut être juste vous questionner sur sa nature et sur ce qu’elle veut dire, ce qui vous amène sémantiquement à vous interroger sur le sens de toutes choses, ET C’EST TOUT. Deuzio : faire du beau pour juste faire du beau ce n'est plus swagg depuis 50 ans.

Et si malgré ça vous jugez toujours les œuvres en fonction de leur beauté plastique, dites-vous que vous avez des rapports catégoriques avec l’esthétique des choses et que vous n’êtes pas prêt à vous en émanciper. Puis si par hasard vous regardez une œuvre en pensant que vous ne pourrez pas mettre « ce truc » dans votre salon, méditez sur l’idée que « ce truc » n’a peut-être pas été conçu pour finir dans un appartement. Oui, l’art ce n’est pas qu’un marché. Il y a des œuvres qui ne se vendent pas. Leurs existences n’est que le fruit d’une réflexion, et basta.

Cette réflexion n’est d’ailleurs pas de la masturbation intellectuelle. Chacun est libre de torturer son cerveau comme il lui chante, y a pas de mal à se faire du bien. Et si vous n’avez pas envie de bousculer le vôtre, personne ne vous jugera. Mais ne venez pas crier à la paluche cérébrale alors que vous n’avez pas fait l’effort de comprendre, vous risquerez de passer pour un abruti. Au passage j’adorerais que le premier troufion venu vienne me prouver qu’il peut jeter de la peinture sur une toile et vendre ça des milliers d’euros. J’attends… Fais ton truc et va t’adresser aux galeristes parisiens… Va ! Pour info, l’action de jeter violement ou précisément de la peinture sur un support, est initié par « l’expressionisme abstrait », un mouvement artistique apporté par des intellectuels, poètes, peintres d’avant-garde, dans les années 40, s’opposant aux idéologies de l’après-guerre et s’exprimant à travers le lâcher prise et l’expression de ses sentiment par le « geste ». Quand au célèbre tableau monochrome blanc sur fond blanc qui suscite tant de moquerie, il est l’œuvre de l’artiste Kasimir Malevitch, « carré blanc sur fond blanc » réalisé en 1918. L’œuvre représente deux univers infinis imbriqué l’un dans l’autre, exprimant le concept du multidimensionnel…. En 1918… je rappelle. Ces informations te serviront peut être le jour où tu iras montrer ta croûte aux galeristes, la gueule enfarinée.

Mais après ça, si l’ensemble de l’humanité pense encore que les artistes sont des glandeurs…  C’est vrai qu’en comparaison avec l’ouvrier qui se casse le cul tous les jours les mains dans la crasse… Mais à bon entendeur, l’artiste, avant de vivre de son art, pour gagner sa pitance, est aussi l'ouvrier, la caissière, le vendeur du mc do. Les privilégiés qui entrent en école d’art sans jamais avoir travaillé, ne sont qu’une poignée non représentative de l’ensemble du milieu artistique, au même titre que la petite bourgeoisie, n’est pas représentative de l’ensemble d’une population.

Et si d’ordinaire, le cliché de l’artiste est caractérisé par l’individu sur-émotif, allergique au réel (ce qui revient à dire la même chose que « les arabes sont tous des voleurs » ou « les juifs sont tous des radins») ; dites-vous biens que s’il y a  fuite de la réalité à un moment où à un autre, de par son travail de transcendance du réel et de questionnement sur la perception, l’artiste se projette continuellement dans la réalité. Et quand on voit cette réalité dans ses moindres détails, comment ne pas en être affecté ?

Et pour finir, sur le coup de l’artiste narcissique et égocentrique, j’aimerais dire que si personne n’avait de problèmes liés à l’ego, l’homme n’aurait pas inventé la psychanalyse. Et soit dit en passant, les artistes n’ont pas besoin de consulter un psychothérapeute, ils pratiquent la création cathartique.

 

 

 

Nydenlafée, artiste, artocrate et fée urbaine.

A tous les philosophes de comptoir qui rêvent de poser leur pêche sur une toile et de la vendre 15 000 euros.

 

 

3 commentaires
Le 0000-00-00 00:00:00 par Nadie
Ah!Ah!Ah! Excellent! Merci de la part d'une "glandeuse"!
Le 0000-00-00 00:00:00 par fred
Chacun met le curseur où il juge bon, il me semble. Pour moi l'art doit toucher émotionnellement de sorte à opérer une transformation intérieure. Si l'art ne nous modifie pas, à quoi bon ! C'est peut-être une question de timing, de rendez-vous manqué avec une oeuvre, parfois ça ne marche pas... et parfois le miracle s'accomplit. Etre curieux, faire confiance à notre "petite voix", sachant qu'au-delà de l'art tout peut nous faire réfléchir. Alors être accepté dans une galerie parisienne ou pas...
Le 0000-00-00 00:00:00 par Livio
Il y aurait beaucoup à dire sur cet article , lui-même mélange de clichés et de pertinence mais posez-vous plutôt la question de qui décide qu'untel est artiste ou pas et de ce qui est art contemporain (ou pas) ? L'expression de soi n'est pas forcément "art" sinon tout serait art, ôtant à celui-ci toute sa valeur...Ce n'est à mon sens ni aux petites coteries , ni au Marché, ni à la pseudo-histoire occidentale de l'art de décider..La sensibilité et la subjectivité ne doivent pas être mises au panier...L'enjeu actuel de l'art est sans doute de retrouver un art à FIGURE HUMAINE , efficient et conscient , émancipateur et en accord avec la Vie, creuset libre et agissant ..Porteur de Sens , de recherche intérieure et aiguillant le désir pour l'accès de chacun à une Sensibilité riche et pleine (qui ne se réduit pas à l'émotivité ou à des ersatzs émotionnels ! )
Numéro : 36 -