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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Abécédaire des Urbains, lettre P pour : Porte-jarretelles

 

 

A votre avis, quelle est le point commun entre ça :               un porte jaretelles (pour nos amis qui n'ont pas la couleur) et "Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous mettons nous-mêmes" ?

Réponse : elles sont toutes les deux sorties du cerveau du vieil Emmanuel Kant. Kant oui, le philosophe du 18ème né à Königsberg, plus connu pour sa "Critique de la raison pure"  que pour l'invention du porte-jarretelles. Faut-il croire à ce propos Thomas de Quincey qui dans "Les derniers jours d'Emmanuel Kant"* décrit  les petites manies insupportables du philosophe vieillissant ? La légende est parfois plus belle que la réalité, alors une fois de plus laissons-nous porter:

 "Et, puisque nous sommes en train d'exposer les notions qu'entretenait Kant sur l'économie animale, il pourra être bon d'ajouter un autre détail, qui est que, par crainte d'arrêter la circulation du sang, il ne portait jamais de jarretières. Cependant, comme il avait trouvé difficile de garder ses bas tirés sans leur aide, il avait inventé à son usage un appareil extrêmement élaboré que je vais décrire. Dans un petit gousset, un peu plus petit qu'un gousset de montre, mais occupant assez exactement la même place qu'un gousset de montre au-dessus de chaque cuisse, était placée une petite boîte assez semblable à un boîtier de montre, mais plus petite. Dans cette boîte avait été introduit un ressort de montre roulé en spirale, et autour de cette spirale était placée une cordelette élastique dont la force était réglée par un mécanisme spécial. Aux deux extrémités de cette cordelette étaient attachés des crochets: ces crochets passaient à travers une petite ouverture du gousset, descendaient ainsi tout le long du côté interne et externe de la cuisse et allaient saisir deux œillères fixées à la partie extérieure et intérieure de chaque bas",  Thomas De Quincey, Les Derniers Jours d'Emmanuel Kant.

Non l'auteur de la "métaphysique de moeurs" n'avait pas de vices cachés, ne s'adonnait pas au travestissement ni à la débauche, et sa vie ponctuée de petits cérémonials comme pour mieux la jalonner de prévisible, fut l'inverse de son apport à l'histoire de la philosophie: inconsistante et sans intérêt.

La description du porte-jarretelles "à la Kant" ressemble plus à un article de pêche qu'à cette machine de guerre érotique que constitue cet agencement complexe de dentelles, d'où s'étirent les jarretelles elles-mêmes...et au bout du bout...les petites attaches qui, une fois fermées...tirent légèrement sur le bas... Nul doute que la version glamour de son invention aurait horrifié notre puritain philosophe.

Alors pourquoi, selon De Quincey, qui relaie avec talent les écrits de Wasianski, disciple du philosophe, pourquoi en est-il venu à inventer le porte- jarretelles, ou son ancêtre ?

Et bien peut-être que la seule idée que lors d'une de ses promenade, un des ses bas puisse glisser de l'une de ses jambes, devait simplement l'empêcher de penser... seulement pour nous, plus de deux siècles plus tard, c'est justement l'inverse qui se produit. Nous pauvres hommes, ou femmes d'ailleurs, dont la seule vue, aussi furtive soit-elle, d'un bas maintenu par un porte-jarretelles empêche toute faculter de réfléchir, de parler, de bouger...

On mesure l'intelligence d'un individu à la quantité d'incertitudes qu'il est capable de supporter.                                                                                                                                                                                                                      Kant

Apparement, notre cher Manu n'était pas capable de supporter l'idée de la chute incertaine de ses bas sur ses jambes d'athlètes...

 

F.L.

*http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Derniers_Jours_d%E2%80%99Emmanuel_Kant

 

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Numéro : 31 -