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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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L'administration c'est de l'ordre irrationnel

Je me remémore tous ces instants de vie où les centres des allocs et les bureaux d’inscriptions m’ont plongée dans des dimensions plus surréalistes que les œuvres de Dali. Le premier, l’entretien avec ma conseillère d’orientation au collège aurait dû me mettre la puce à l’oreille :

«Enfin mademoiselle ! Bédéiste ce n’est pas un vrai métier ! Non, vous vous devez faire un cursus Informatique Gestion et Communication ».

15 ans après,  quelques « vrai métiers » plus tard, plus une maîtrise d’Histoire, 6 numéros d’allocataires et 8 numéros provisoires de sécurité sociale, la phrase de cette conseillère d’orientation était devenue prophétique...

Mon diplôme en poche, je vais au pôle emploi rencontrer une conseillère, afin de trouver une formation financée pour monter ma propre entreprise...ou pour trouver un boulot en cohérence avec mes années de fac....Après moult procédures abrutissantes je suis reçue dans le bureau d’une dame qui m’annonce d’emblée qu’insulter une personne travaillant dans le domaine public est punissable d’une amende, je lui réponds, souriante, que je n’ai absolument pas l’intention de la malmener. Après lui avoir expliqué mon cas, mon interlocutrice d’un air outré, me scande que dans la conjoncture actuelle, ma demande est totalement utopique et que je devrais revenir dans la réalité ! Elle rajoute qu’à mon âge, 28 ans, créer sa propre entreprise est absolument impossible, qu’avec la crise financière, je risque de me confronter à des problèmes que je n’ai pas les « capacités » de surmonter, que je suis surdiplômée pour les jobs que l’on peut me proposer et qu’il faudrait un peu que j’arrête de me prendre pour la personne que je ne suis pas, que j'envoie des CV dans le milieu de la vente et surtout que « artiste » n’est pas un métier valable à mettre dans une lettre de motivation.

Suite à cet affrontement passé à me retenir en fait, je rentre chez moi pour y trouver, encore, une lettre de la CAF, me demandant de renvoyer, pour la cinquième foi, les mêmes papiers…

Dans la philosophie chamanique, on apprend que des épisodes de la vie peuvent fragmenter notre âme et que l’on peut perdre un morceau en chemin. L’administration doit fortement y contribuer.

Dans le genre paperasse inutile, certaines péripéties font réellement penser à Brazil, œuvre cinématographique culte de Terry Gilliam, réalisée en 1985. Aussi, vous devez absolument suivre les marquages au sol lorsque vous êtes au centre des impôts. Vous ne devez pas rogner la petite bande jaune qui vous sépare de la personne qui s’entretien avec l’employé de l’état, sous peine d’être considéré comme un criminel. Ou encore vous ne pouvez pas parasiter le silence meurtrier qui règne dans une salle d’attente sans être perçu comme le dernier des psychopathes. Le fonctionnaire qui s’adresse à vous a toujours raison même si la logique des lois universelles prouve qu’il a tort. La preuve en est, s’il y a erreur dans le montant de vos impôts vous devez payer d’abord et régler le problème ensuite.

Il y a quelques jours, me voilà partie à la fac pour récupérer ma licence. Arrivée sur le campus, on me dit que le bureau des diplômes est le n° 130, j'y monte. Je tape à la porte, entre poliment et m’adresse à  une secrétaire visiblement dépassée par la servitude qui l'afflige :

"Vous êtes étudiante?"

"Non, je ne le suis plus."

"C’est pareil, vous sortez et vous tapez à la porte du bureau 129."

Surprise, je regarde à  droite, il n'y a pas de mur qui sépare le 130 du 129 ! Tant pis, je ressors, tape à la porte du 129 et entre donc dans la même salle. Hum. Une autre secrétaire m'annonce que pour retirer mon diplôme, il faut envoyer un mail au bureau des diplômes, ce même bureau, avec la copie de ma carte d'étudiant et de ma carte d'identité.
Je sors de mon sac les copies demandées :

"Tenez je les ai justement sur moi"

"Non non, vous devez nous les envoyer par mail."

N'ayant pas le temps de me disputer avec une autre représentante de l'absurdité, je rentre chez moi et envoie le dit mail.
Quelques jours après, je reçois une réponse, m'expliquant que pour retirer mon diplôme je dois renvoyer par mail, une demande de rendez-vous avec le bureau 129…mmmmhhhhh....l'ordre irrationnel............

 

NLF,

fée urbaine de minuit à midi.

Mots clés : #société
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Numéro : 27 -