H: hétérotopie

Le propre des grands concepts philosophiques réside dans leur capacité de débordement du champ de la philosophie, quitte à courir le risque du contre-emploi, de la trahison ou du déguisement.

Quand j'entends  un publicitaire  utiliser le mot de "concept", j'ai envie de sortir mon dictionnaire et le lui faire bouffer.

Mais aussi, lorsque le livre sur Leibniz et le Baroque intitulé "Le pli", est sorti,  son auteur Gilles Deleuze reçut un grand nombre de lettres d'admirateurs dont certaines émanant  du "Mouvement Français des plieurs de papier"  reconnaissant totalement leur démarche dans les mots du philosophe. Plus étrange encore, les surfeurs s'approprièrent le concept ( ils mettaient enfin des mots justes sur leur pratique sportive et leur "philosophie de vie") ce qui valut à notre philosophe plutôt casanier une invitation officielle à "La Nuit de la Glisse" ! (http://www.lieux-dits.eu/Correspondances/deleuze.htm)

Le concept d'hétérotopie élaboré par Michel Foucault connut la même destinée, inspira les notions des TAZ (Zones d'Autonomie Temporaire) ainsi que divers courants anarchistes. Il reste sans doute encore quelques pistes à explorer comme ces tentatives de transformation de l'espace Urbain en  galerie à ciel ouvert. 

Hétérotopie : « sont des lieux réels, des lieux effectifs, dessinés dans l'institution même de la société, et qui sont des sortes de contre-emplacements, sortes d'utopies effectivement réalisées dans lesquelles les emplacements réels, tous les autres emplacements réels que l'on peut trouver à l'intérieur de la culture sont à la fois représentés, contestés et inversés, des sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux, bien que pourtant ils soient effectivement localisables ». Michel Foucault

Même si justement elles ne revêtent jamais de caractère universel, les hétérotopies sont soit des espaces d'illusion (lieu agissant comme en misoir inversé par rapport à la société qui l'héberge, acceuillant la déviance par rapport à cette norme qu'est la société de loisir : asile, maison de retraite, cimetière...), soit des lieux de perfection où une utopie se réalise de fait à un moment donné, sur un lieu donné. Souvent accompagnée d'une hétérochronie, ces lieux sont des réservoirs de l'imaginaire, s'ouvrent et se ferment et ont leur temporalité propre. Par exemple : la cour d'école, ce n'est plus seulement un lieu clos dépendant d'un batiment administratif géré par les municipalités, mais il devient le far-west, la plaine, le territoire des cow-boys et des indiens, le petit buisson ici est la jungle, la cage à écureil un château... puis on sonne la fin de la récréation et cette hétérotopie se ferme jusqu'à la prochaine fois.

Musée, bibliothèque, théâtre, bâteau, tout endroit où l'homme peut créer un imaginaire à venir, l'espace urbain tout entier pourquoi pas (c'est ce qu' était à l'origine le Carnaval...il y a longtemps) l'Hétérotopie est vôtre, à moins que vous ne préfériez  subir, et entrer dans celles que le système génère pour vous...

...du texte

http://foucault.info/documents/heterotopia/foucault.heterotopia.en.html

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du son...

http://youtu.be/lxOruDUO4p8

http://youtu.be/NSNkxvGlUNY

A vous !

F.L.