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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Sociologie du voyageur Marseille-Paris de 5h50

Le train train quotidien

 

Plusieurs fois par an je vais à Paris. J'observe les voyageurs et je me fais quelques réflexions.

Le voyageur Marseille Paris de 5h50 est en général un mâle blanc de plus de 40 ans avec l'apparence soignée du cul béni du dimanche allant voir monsieur le curé.  Il porte un complet, une chemise bien évidemment bleue, des chaussures bien cirées, des lunettes, un mini PC (comme par hasard), une montre, une bague au doigt, c'est un CSP+ voire CSP++.

Il s'est couché tard et s'est levé tôt pour prendre le TGV et aller à la Capitale faire signer quelques contrats improbables et inutiles à des parisiens (qui se moqueront de lui le traitant de provincial) mais dont ils ont besoin pour parer leur incompétence.

Le voyageur dort donc de ce sommeil du juste et n'est réveillé de sa torpeur que par le contrôleur ou les divers bruits des autres voyageurs.

Car "les autres" sont le cancer du brave voyageur ! Entre ceux qui ronflent, ceux qui tournent brillamment leurs pages de contrats inutiles en marmonnant dans leur tête leur argumentation approximative, ceux qui écoutent une musique de sauvage, ceux qui pianotent sur leur BlackBerry, leur PC ou leur secrétaire avec qui ils vont coucher cette nuit dans quelque hôtel, ceux qui parlent d'une voix forte au téléphone en anglais pour montrer leur supposé pouvoir (gros mytho qui voyagent en 2ème classe), le Brave Voyageur passe en quelques minutes de chance du micro sommeil à la torpeur la plus absolue tout en laissant couler  un trait de bave aux lèvres.

Il est dans ce même état baveux quand parfois quelque femelle voyageuse passe et le réveille de son pas assuré. Alors le BV la regarde dans les yeux pour chercher quelques dilatations de la rétine apte à prouver aux autres  que c'est lui le bonhomme. Puis un glissement d'œil vers les seins et une descente vers le bas avec l'espoir d'en voir, justement des bas. Ou tout autres artifices féminins qui soulignent avec grâce les jambes. La vue d'un pantalon est une horrible déception. Un rapide coup d'œil aux chaussures pour les plus fins observateurs (qui savent). Mais ce que préfère le BV, c'est quand elle revient, la femme voyageuse. Il a alors tout le loisir de contempler l'objet de son désir : Les fesses. Peu importe que ce soit un canon ou une fille qui ne sache pas se mettre en valeur, le BV  la reluque .La  dernière trace est olfactive. Un parfum souvent acheté au  SuperU laisse le BV dans un fantasme tout ferroviaire où il entrevoit....ce que vous voulez.

 

Le soir, le BV est serein. Il a signé ses contrats et rentre tout heureux d'avoir pu niquer le parisien dont la nullité crasse n'a d'égale que l'incompétence et la prétention imbécile du veau qui vit en banlieue. Ce que ne sait pas le BV c'est que c'est le parisien qui a fait une bonne affaire en payant moitié prix ce qu'il aurait payé chez ses congénères.

Bref, ça fait deux cons heureux !

Mais la planète n'est pas bien heureuse. Ça coûte combien en CO2 les  2000 km en TGV ? (Chaque fois que je vais à Paris pour le travail on aurait pu le faire par téléphone).

Imaginez le nombre de personnes que ça fait vivre ces conneries de trajets. Les cheminots, les aiguilleurs, les contrôleurs, les stewards, les femmes de ménages dans les trains, les gares, les râleurs professionnels, les journaux, mais aussi les coiffeurs, les grossistes en vêtement de la rue Tapis Vert à Marseille, les parfumeurs, les bijoutiers, les concepteurs de train.

TOUT ÇA POUR que deux nuls se rencontrent.

Ah elle est belle la France qui se lève tôt et rentre tard le soir !

Je râle mais je participe à 100% à ce système capitaliste. Mais tu ne sais pas la meilleure, ami Urbain : quand je monte à la Capitale, je suis bêtement heureux.

Aujourd'hui j'ai marché vers Beaubourg. Il faisait beau c'était chouette.

 

The Kingdom, aux Urbains de Minuit, et de midi

 

Mots clés : #France, # société
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Numéro : 27 -