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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Vivian Maier, portrait fantôme

 

Vivian Maier, portrait fantome

d'une photographe

Parler de Vivian Maier c'est un peu comme parler d'une apparition ou plus justement d'une réapparition.

Tout commence fin 2007 à Chicago lorsque que jeune agent immobilier achète dans une salle des ventes un carton de photos, ou plutôt de négatifs, afin d'y trouver des illustrations anciennes. Pour sa malchance sur les 30 000 négatifs présents et la poignée de photos développées rien ne correspond à sa recherche. Mais John Maloof fait une autre découverte, celle d'une photographe au talent énorme et qui lui dévoile au fur et à mesure de ses recherche des scènes de vie du Chicago populaire, de New-york puis de l'étranger avec cette liberté absolue dans le choix de ses thèmes.

Une photographe, mais comment le sait-il ? car il n'est associé à ce carton aucun nom, aucune adresse . Il le devine car au milieu de ces dizaines de milliers de négatifs revient comme seule trace de vie, l'image cette femme frêle, à l'allure gauche qui se photographie elle-même avec sur le visage toujours le même doute que sa propre image puisse imprimer la pellicule.

Qui est-elle ? Pendant les deux années qui vont suivre, John Maloof part à sa recherche, traque son identité et ça n'est qu'à la faveur d'une adresse sur un bon de developpement qu'il va la retrouver... mais trop tard; nous sommes alors en 2009 et Vivian Maier vient de mourir. Pendant ces années de recherche, il aura aussi fait un travail d'archiviste, d'historien, numérisant les photos, les films retrouvés et les enregistrements sonores. D'autres  sources apparaissent et Vivian Maier commence à faire parler d'elle, le fantome sort des brumes...

Je ne suis habituellement pas trop fan de Wikipédia, mais compte tenu du peu de sources qu'il existe en français et de la qualité de la page consacrée à Vivian maier, ce serait du snobisme de ne pas la consulter...un scénarion de film à elle seule:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Vivian_Maier

Voilà c'est fait, vous connaissez maintenant tout le principal de la vie de Vivian Maier et on peut passer à la suite. Car sa vie pour être passionnante, secrète et bourrée de paradoxes, sa vie en elle-même... ne m'intéresse pas.

Ce qui me fascine c'est  qu'à partir d'un moment donné dans sa vie, et certainement à cause de ses maigres revenus et du prix exhorbitant des développements, elle a continué à prendre des photos, mais sans plus jamais les voir... tout au plus a-t-elle pu les deviner à travers les négatifs.

Je ne suis pas spécialiste de la photographie, mais  cette démarche interpelle. Une femme dans les années 50-60 attachée à une famille comme nounou d'un côté, et consummée par une passion, de l'autre. Cette passion qui la pousse à courir les rues, se mêler aux pauvres, aux noirs (il faut remettre ça dans le contexte), se mêler à la vie tout simplement. Car au-delà du résultat artisitique qu'elle même ignorait et grâce à son appareil photo (qui aurait pu tout aussi bien être vide), elle fait intrusion dans la vie, dans cette substance bouillonnante et fugace qu'on appelle le présent.

Peu importe le résultat final du développement, ce qui compte c'est son propre dévoilement dans le monde au travers de cet acte intrusif qu'est l'art de la photographie. Se développer à soi-même en se mettant justement en retrait, hors champ, hors cadre. Faire surgir la vie de sa propre disparition.

 

Cet homme à cheval dans les rue de Chicago possède la puissance de vie d'un Centaure !

 

   A partir d'un certain moment, Vivian Maier  décide de passer à la couleur, comme si c'est la couleur qui choisissait la vie. Formidable intuition, à cette époque où la représentation du monde conditionne le monde lui-même.

Cette démarche est fascinante et c'est presque un ôde à l'écriture, une véritable puissance libératoire qu'un écrivain pourrait comprendre. Car tout les vrais écrivains le diront, ce qui compte c'est l'acte d'écrire, le moment de l'écriture et pas le passage aux rotatives (qui rotent qui rotent!), ce moment où le supplément de vie surgit, et ce jeu de vases communiquants nécessaire, cette flamme qui s'entretient, cet orage qui promet.

Il n'y a rien d'autre à dire sinon aller voir tous les sites officiels, non-officiels qui sont magnifiques et pour les parisiens du hasard ou les niçois de  passages il y a une expo Vivian Maier au musée du Jeu De Paume jusqu'en Juin 2014 :

http://www.jeudepaume.org/index.php?page=article&idArt=1987&lieu=6

 

http://www.vivianmaier.com/

émission France Inter : http://www.franceinter.fr/emission-lhumeur-vagabonde-le-realisateur-americain-charlie-siskel

le film : http://www.findingvivianmaier.com/

Il y a aussi de nombreuses pages http://facebook...au moins 5 ou 6 !

 

F.L.

 

 

 

 

2 commentaires
Le 2013-12-19 10:21:32 par Karla Paslac
Sublime, douloureux, touchant, vrai...
Merci pour cette découverte, Frédéric.
Le 2013-12-21 10:34:01 par benPacafun
Très beau effectivement.
Attention l'expo n'est pas au Jeu de Paume... mais à Tours !
Numéro : 25 -