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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Le marché a-t-il tué l'art ?

 

COUP DE MOU

 

Nice, vendredi 15 février, 9h30 du matin, plein soleil sur la promenade des Anglais au Centre Universitaire Méditerranéenne, le magazine Marianne organise une Assemblée sur le thème L'ARGENT ET L'ETHIQUE, tout un programme ! Pas moins de 29 conférences se déroulent sur trois jours.

J'ai choisi d'assister à deux d'entre-elles : « Le marché a-t-il tué l'art ? » et « L'éthique est-elle l'ennemie de l'argent ? »

L’accueil est dilettante mais souriant, on m'indique le mauvais amphi et je m'installe dans la grande salle du bas au comble de têtes blanches. La conférence qui m’intéresse sur « Le marché a-t-il tué l'art ? » se passe au premier étage, presque à huit clos, par contre ici la foule attend JFK et FOG pour « Le coût du travail est-il un fardeau ? »...je change d'amphi.

« Le marché a-t-il tué l'art ? »

Conférenciers : Olivier Kaeppelin (président de la Fondation Maeght) et Jacques Martinez (artiste peintre) Modérateur : Nicole Laffont (journaliste Nice-Matin)

C'est Olivier Kaeppelin qui parle le plus, qui se pose en « expert »(Olivier Kaeppelin est officier de l’Ordre national du Mérite, Chevalier des Arts et Lettres), ça commence par sa définition de l'art : l'art est une création de l'esprit proposée à autrui à travers ses formes, et sa définition du marché de l'art : la création de l'esprit va se matérialiser en objets, on va la manipuler comme un objet ; et ce sont les objets d'art qui sont les éléments du marché. Selon O.K. une œuvre d'art n'est jamais un objet d'art (!). Le marché de l'art c'est la circulation des objets d'art, leur diffusion, la communication autour d'eux, ce sont aussi les experts, collectionneurs, galeries d'art.

Pour lui aujourd'hui il y a confusion entre œuvre d'art et objet d'art, confusion entre valeur marchande et valeur de l’œuvre. Spéculation, manipulation, marché, argent. Marcel Duchamp a pris une position critique sur l'art (…) initiateur du ready-made, attitude qui consiste pour l'artiste à choisir un objet manufacturé, à changer son contexte et à le désigner comme œuvre d'art (Duchamp,Urinoir en porcelaine, FONTAINE 1917).

Pour lui c'est clair, se sont les artistes qui portent l'art.

Donc non, le marché n'a pas tué l'art. Sinon nous serions à la fin d'une civilisation. L'art doit continuer de rester une expérience profonde ou pas !

Quant à moi je suis hypnotisée, séduite par l'homme de lettres, je l'imagine tout a fait acteur dans une grosse production du style « Da Vinci Code » n'importe quoi ! mon cerveau est annihilé, incapable de réagir à l'absurdité du discours.

Jacques Martinez, très beau, très class, artiste à grosses lunettes rondes portant des chaussures de ninja, nous parle lui de la folie de l'argent depuis 20 ans dans certains secteurs comme le foot, le mannequinat et l'art donc...Le marché est responsable d'une sorte de folie mais il n'est pas le seul...à quoi, à qui pense t-il ? A force d'être flou et brouillon, comme il le dit lui-même, il m'embrouille et je ne retiens pas la moitié de ce qu'il raconte.

Quand il aborde la notion de valeur d'un objet d'art, à un moment j'ai peur car il évoque la nécessite d'une norme définissant le cadre, d'une œuvre d'art ...

Une galeriste de Nice (à double patronyme) intervient pour témoigner qu'elle fait son travail correctement en exposant de valeureux inconnus mais que c'est pas facile.

Je suis  déçue par cette conférence, les intervenants nous ont embrumé l'esprit avec des définitions incomplètes qui ne les impliquent pas, voir les protègent d'une réflexion sur leur responsabilité, je pense clairement à Mr Kaeppelin. Sa définition de l’œuvre d'art comme n'étant jamais un objet d'art est fausse, que nous laisse l'artiste si ce n'est la matérialisation de l'idée, par lui-même ou un autre.

De plus, ce qui me préoccupe actuellement sur le sujet donné est une question d'éthique, la notion d'influence du marché de l'art, de la valeur argent, et même de la demande sur le travail des artistes, cette notion n'a pas été abordée.

En réalité, dans la vraie vie, je connais pourtant quelques artistes talentueux à Nice et à Paris, qui se laissent par moments et par nécessité, influencer par la demande, puisqu'ils se cantonnent à ce qui plaît et font inlassablement la même chose ou presque.

Peut-on produire/créer des œuvres d'art en toute liberté et en se laissant influencer ?

J'ai le sentiment que la force créatrice de ces artistes pervertis malgré eux s'enlise et s’affaiblit. Cela me rend triste parfois. Mais ça se vend bien alors …

 

Pascale Allegret, aux niçois qui mal y pensent

 

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Numéro : 5 -