M : Montagne
« Le peintre peint et dépeint. » Mytophane Sémanphile Gutoro, poète de l’imaginaire, patagon.
Il regarde les montagnes et se dit qu’elles étaient enchaînées. Il n’y a pas de montagne qui n’en tienne une autre. Crêtes par combes, dévalements par éboulis, cônes de déjection par amas de gravats, rochers inertes et sédentaires par plissements et fractures, tout un enchaînement mène la montagne comme une seule. C’est qu’il en regarde un bout de la montagne. A chaque bout de montagne il a donné un nom, comme aux gens. Avant les gens. Il y a même des gens qui ont des noms de montagne : Lamontagne, Montagner, Spitz, Colin, Montagnon, Mont, Mons et même Monsieur dont l’ambiguïté n’est pas due qu’à son pic. Ravine, Vallon, Rivière en sont des féminins. Naissance de l’air entier, vibrant, transportant les sons. Chacun est dans l’ensemble singulier, appartenant à l’unique. Humides vagabondages à travers les rideaux de tulle, déambulations équilibristes sur les voies aériennes, circonvolutions sédentaires dans les maisons de toile aux parois tantôt transparentes tantôt opaques, au gré de la course de la lumière, soleil. La montagne dressée, solitaire, de chacun contourne son volume de la ligne du ciel mouvant.
La vérité est la vérité inversée. L’objet et son contour, le discours et son contexte, le narratif et les protagonistes.
Olivier Garcin, Nice, 2009, ©adagp