Ça a débuté comme ça :
Sonia, notre rédac-chef préférée (j'attends une nouvelle rentrée de stock-options...), nous envoie un jour ce message : "Une maison d'édition, l'Abat-jour, aime bien notre travail, et nous envoie la version numérique d'une de leur publication pour savoir ce qu'on en pense, c'est des nouvelles policières décalées, qui s'en charge ?" Absorbé tout entier par le chef-d'oeuvre de la rentrée gastro-entéro-littéraire, à savoir le torche-c... de "Trier vieil air", j'ai failli passer mon tour, mais je me suis bien vite suis ravisé, ma constipation étant passée par miracle entre la page 2 et la page 3... " Ok Sonia, je m'en charge ! au fait tu as pensé à mon augmentation ....?"
Avouant ne pas connaître cette maison d'édition, je vais sur leur site internet, m'inscris à la newsletter ; et là, comment dire, que des gens comme eux s'intéresse à des gens comme nous, c'est plutôt flatteur et ça met la pression.
Tâchons néanmoins de rester nous-mêmes (mais au fait, qui sommes-nous ?).
Les "Editions de l'Abat-jour" c'est : Depuis Octobre 2010 à Bordeaux, des éditions papier et numériques, une revue littéraire trimestrielle en ligne et très très bien illustrée, "l'Ampoule", mais aussi plus de 200 nouvelles consultables, des lectures audio, des romans feuilletons (j'adore!), des articles sur la littérature, tout cela par plus de 150 auteur, une trentaine d'illustrateur et qui fonctionne en milieu ouvert, c'est-à-dire que vous pouvez envoyer vos textes très facilement à "envois de textes" (http://www.editionsdelabatjour.com/article-envois-de-textes-117008281.html). Evidement, je n'ai pas fait le tour des richesses du site, à vous de faire le votre, mais d'ores et déjà bravo Franck Joannic et Marianne Desroziers pour votre travail !
http://www.editionsdelabatjour.com/qui-sommes-nous.html
http://www.editionsdelabatjour.com/
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A vos plumes donc, mais de grâces ne sortez pas vos rédactions de quatrième, il y a du niveau, ET de l'originalité ! A l'image de ce receuil de nouvelles écrit par Serge Cazenave-Sarkis, intitulé " Amis imparfaits " que j'ai eu le plaisir de lire en avant première si je comprends bien.
Un peu décontenancé, je dois l'avouer par la brièveté de la première nouvelle, "La chaussette" et son style un peu sec, presque scénaristique, je poursuis avec son "Animal de compagnie", et là le déclic se fait, je rentre dans l'univers déroutant et singulier de l'auteur. "Il n'y a pas trente-six façons d'aimer. Pourtant, chacun a la sienne", belle vérité qui commence la troisième nouvelle "mon Inuit". Ne vous attendez pas pour autant à des bluettes, ça non : médecin bedonnant tourmenté par son passé, tétraplégique calculateur, table de salon au ciment prompt, d'étranges pots de confiture, marin mytho, clodo digicodé, "parfait" au subjonctif, Serge Cazenave-Sarkis, à travers une profusion de cadavres, sait pêcher le détail dérangeant et qui fait mouche. A rebrousse-poil des clichés du genre, il nous propose un bestiaire bizarre peuplé d'individus en rupture ou à la croisée des chemins. Pas ou peu de cas de consciences, les personnages sont plongés dans le bain de l'action comme dans un fleuve fatidique; certains se débattent un peu, d'autres essaient en vain le nage à contre-courant... la majorité y plonge avec délice !
Deux choses me ravissent : aucune espèce de morale, encore moins de moralité et tous ces détails loufoques et décalés qui ne peuvent être que vrais , car comme disait l'autre, il les a inventés. Mention spéciale pour "Animal de compagnie", "une petite toux", "fruits de saison" et surtout pour le tout dernier récit un peu à part, "A la Sorbonne", qui fleure bon l'autobiographie, et cette démence passagère de 68 vue de l'intérieur et à hauteur d'enfant et qui sent la nostalgie difficile.
petite touche perso, en bande originale, "quartier Latin" de Léo Ferré...j'ai pas pu résister
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Voilà, j'espère m'être honorablement acquitté de cette tâche de critique littéraire qui est un vrai métier, mais pas le mien. Si je vous ai donné envie de le lire, c'est gagné. Pour les moins fortunés, il y a des extraits gratuits sur le site de l'Abat-jour ici:
http://www.editionsdelabatjour.com/2014/05/amis-imparfaits-de-serge-cazenave-sarkis.html
Pour ceux qui voulaient balancer 20 euros dans le bouquin de l'ex-première-dame, n'en faites rien, malheureux ! Vous aurez pour le même prix, non pas une cintrée (salut Valéééérie !) mais au moins 13, comme le nombre de nouvelles du Beau Serge ( Cazeneuve-Sarkis, "Amis imparfaits" au prix de 14 euros !) et avec les 6 euros qu'il vous reste, vous pourrez vous acheter un petit Côtes du Rhône tout à fait honnête, seul vrai remède contre la dépression, hein ma Valoche !
https://www.facebook.com/amisimparfaits
http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.fr/2014/07/amis-imparfaits-de-serge-cazenave.html
http://www.lautrelivre.fr/serge-cazenave-sarkis/amis-imparfaits
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Pour revenir aux "Editions de l'Abat-jour", si c'est à abattre le jour, c'est-à-dire les soleils trompeurs, les lumières trop évidement séductrices à la surface desquelles, moucherons que nous sommes, nous nous collons irrépréssiblement jusqu'à brûler d'un feu stérile, si c'est de cela qu'il s'agit, et bien alors nous pouvons, nous qui nous réclamons De Minuit donc à jour abattu, nous considérer en frères ou soeurs, cousins, grand-oncles, petit neveux, peu importe... les meilleurs liens famillaux sont ceux que l'on se choisit. Laissons faire les genres, il en sortira toujours quelque-chose de bon .
F.L.
frenchy