Cet été, je me suis penché sur ce livre paru en 2008.
Il décrit à travers son héros, Célio Mathématik, la vie de débrouille des habitants de Kinshasa en république démocratique du Congo. Ceux-ci doivent chaque jour lutter contre leur plus grand ennemi, la faim, celle qui vous ronge les entrailles car vous ne pouvez manger qu'un jour sur deux ! Entre la violence et la corruption qui gangrène le pays, chaque famille doit se démener quotidiennement pour trouver de l'argent pour se nourrir. Et s'il n'y en a pas assez, la moitié de la famille mange un jour sur deux et se contente d'un verre d'eau glacée pour calmer l'hydre qui lui ronge l'estomac.
Tout cela est raconté de façon assez caustique, entre rire et amertume. À travers la description de la vie des différents protagonistes, In Koli Jean Bofane, nous dévoile l'histoire de son pays, avec ses bons et terribles côtés. Il n'émet pas de jugement sur ses compatriotes, quels qu'ils soient. Il raconte juste ce que chacun pense devoir faire pour sortir de la misère, ou ne pas y retourner. Le choix entre participer et bénéficier de la corruption endémique en Afrique, et rester fidèle à ses amis et défendre l'intérêt commun, se pose à chaque habitant de Kin (Kinshasa).
Malgré les exactions et ce monde de marchandage entre politiciens véreux et diplomatie internationale, l'auteur arrive à nous faire sourire et surtout à nous interroger sur le fonctionnement de la « démocratie africaine ». Par ricochet, il arrive aussi à nous questionner sur notre propre système dit démocratique. Quand nous avons au gouvernement ou dans l'hémicycle des « élus » mis en examen, ou ayant déjà été condamnés pour différents délits, la question se pose d'elle-même : Ne sommes-nous pas en train de glisser vers une république « bananière » où les commis de l'état de quelque bord qu'ils soient se protègent et se partagent les arcanes du pouvoir ? Ce sont ces mêmes hommes et femmes, élus pour défendre nos intérêts, qui votent à l'unanimité des lois amnistiant leurs forfaits passés ou des avantages sociaux qui garantissent leur niveau de vie au-delà de leur mandat !
Bien sûr, nous ne sommes pas en Afrique, mais l'extrait ci-dessous, tiré du livre, peut convenir à n'importe quel gouvernement :
« Fais comme tu veux, mais oublie le gouvernement, ce n'est pas pour toi. Je comprends qu'il ait fallu que tu travailles, mais pas au risque de te brûler les ailes. Prends plus tôt en compte ta nature profonde.Tu ne seras jamais un salaud. »
http://www.actes-sud.fr/catalogue/aventure/mathematiques-congolaises
Boris Burasovich, aux urbains de Minuit
