À l’arrière des côtes c’est la Saint Barthélemy pour les enfants du monde ! Jadis bucolique, tout est à présent couvert de sang dans la plus grande partie du monde. Pleuvent les obus, fracassent le ciel les missiles, éclatent les enfants en pluie de chair.

Dans l’arrière-pays de l’âme, l’obscurité côtoie l’obscurantisme à nouveau. L’inhumanité est en progression. Les paysages bucoliques cachent des esprits torves et vicieux, là où jadis les laboureurs fréquentaient les poètes.
 

L’arrière-pays des poésies se situe au creux des guerres, des rafles, des incarcérations. Quand le bonheur est absolu, nul besoin de faire de l’art, nul besoin de visions ni de révolutions. Dans l’arrière-pensée se situe ce pays flou et fragile. C’est le maquis des résistants aux abus et aux injustices. Là où se cacher du monde reste possible, agir en clandestins la priorité.

L’arrière-pays des âmes où se retrouvent ceux qui partagent, ceux qui ont faim, qui restent debout sans être dupe. Ces paysages sont légion et couvrent le monde de la Corse à l’Oural, du Maghreb à l’Australie. La Suisse s’en est exclue, l’argent n’ayant pas d’odeur, il n’y a ni sensation ni de sentiment, c’est la neutralité, c'est à dire le contraire absolu du pays caché derrière les pays.

Cet arrière-pays se nomme liberté. C’est celui de la divagation la plus débridée, les rivières y sont de vin clair et pétillent, les monts y sont accrochés aux nuages. On y a les pieds sur terre, la tête aux étoiles, et la lune y projette des ombres faites pour y dissimuler dans la chaude amitié les derniers pourfendeurs solidaires et leurs éclats de rire.

Jay Cee, aux Urbains de Minuit