Ami lecteur, ouvre ta gueule !

Parce que Les Urbains de Minuit sont un outil, nous vous donnons la parole.
Vos réactions seront lues et approuvées par notre sympatique comité de rédation dans les 48 heures.
Les propos racistes, xénophobes ou outranciers ne seront pas publiés.










CAPTCHA Image   Reload Image
Enter Code * :

ENREGISTRER
Numéro 61 - 07 septembre 2016
Inscrivez-vous à notre mailinglist :

Pierre Rhabi, Oasis en tous lieux (republication)

image An Oasis in the Desert-David Bates-1899

Que ceux qui ne connaissent pas Pierre Rhabi et les Colibris lèvent le doigt et aillent illico au fond de la classe car nous ne prétendons pas refaire la génèse du Mouvement pour la Terre et l’Humanisme qui, depuis 2007, « encourage l'émergence et l'incarnation de nouveaux modèles de société par une politique en actes ».

Les Urbains sont des colibris, qu’on se le dise, car rien ne se conçoit dans l’isolement, et le grand rassemblement des consciences initié par Pierre Rhabi  depuis 1994, avec « Oasis en tous lieux », ratisse large (donc, les artistes aussi). Forcément, puisque l’idée de base est de connecter en réseau des initiatives alternatives basées sur un retour de l’écologie et de l’humanisme, de façon à engendrer un maillage puissant et solidaire qui évolue vers un autre modèle de société que celui, dont il devient agaçant d’évoquer les dérives, et que nous dénonçons tous à notre manière dans nos écrits, nos pensées et parfois, pour les plus audacieux, nos actes. Et surtout, opinion personnelle, de façon à être prêt avant "la catastrophe" qui nous pend au nez.

C’est de ce concept originel d'oasis (Pierre Rhabi est lui-même né dans une oasis algérienne), remis à l’ordre du jour, que j’aimerais vous désaltérer les méninges et, plus particulièrement de son manifeste, et ce, sous forme d’extraits choisis.

Alors, voici :

« La crise, telle qu'on l'entend, apparaît comme une fausse crise. Car ce ne sont en effet ni nos capacités à produire ou à innover ni les ressources planétaires qui font défaut, mais la morale et l'équité, qui devaient présider à leur gestion, remplacées par l'égoïsme et l'avidité.

Pour qu'il y ait une véritable mutation, n'avons-nous pas à travailler à l'humanisation, c'est-à-dire à notre affranchissement à l'égard de ce qui nous enlise dans la peur et dans la violence directe et indirecte ?

La crise est, à l'évidence, dans la conscience individuelle et collective de l'humanité, non dans les institutions et les structures qui n'en sont que les représentations et les outils.

D'une façon générale et sur le plan structurel, nous pensons qu'il ne peut y avoir d'alternative globale sans changement radical de la logique qui domine le monde d'aujourd'hui. Il faudrait renoncer au profit sans limite et à l'obligation de croissance et se rallier à la LOGIQUE DU VIVANT, seule garante de la pérennité de notre espèce.

Pour cela, changer l’éducation est primordial. Il semble en effet très difficile de changer de logique sans changer d'éducation. Celle-ci détermine dès l'enfance la représentation mentale que nous aurons de la réalité dans laquelle nous sommes inclus, et, par conséquent, la qualité de notre relation aux autres et à la nature. Nous héritons des « valeurs » de notre famille, de notre groupe social, de notre nation. Nous sommes profondément conditionnés, endoctrinés, et comme programmés. Nous souhaitons donc de toute notre raison et notre cœur une éducation qui ne se fonde pas sur l'angoisse de l'échec, mais l'enthousiasme d'apprendre. Une éducation qui révèle l'enfant à lui-même tout en lui révélant les richesses, l'énergie et la beauté qu'offre le monde à son alliance vitale et non à son avidité insatiable et destructrice."

"Lieu de félicité entre réalité et symbole, l'oasis hante les esprits d'une nostalgie vivace, celle du paradis perdu mais dont les hommes ont tenté de ressusciter de leurs mains d'humbles fragments. Lieu essentiel, comme une parcelle de tropique, entre chaleur et eau sur des territoires hostiles à la présence humaine. C'est sur ces considérations concernant l'oasis concrète, son rôle, son pouvoir, sa symbolique, que le concept a été inspiré. En effet, le monde contemporain souffre de désertification non seulement physique et biologique, mais aussi économique, sociale, éthique et politique. Entre les dérives des villes surpeuplées ou évoluent misère, exclusion et violence, et des campagnes où évoluent abandon et friches, notre conviction est qu'un nouveau projet de société n'est possible, au nord comme au sud, que par la synthèse des valeurs et des acquis du monde rural et de la société urbaine.

De nombreuses rencontres ont déjà eu lieu. Elles ont permis d'avancer dans l'affinement et la précision du concept. Des projets sont en gestation, des sites de concrétisations existent sous diverses formes. De nombreux projets fonctionnent depuis longtemps (Oasis de Sebet, Hameau des Buis, Oasis Bellecombe, , Eco-site “La Clairière”, “Le Val Heureux”, Terre de Possibles, Oasis Carapa).

Dans sa forme idéale et pour répondre de manière globale à l’ensemble des besoins, une Oasis se déploierait suivant 5 axes majeurs avec le changement humain au centre :

· gouvernance partagée,

· agroécologie,

· éducation/transmission,

· eco-construction,

· économie locale et solidaire.

 

Les Oasis en Tous Lieux sont à construire.

Elles consistent en des regroupements géographiques d’unités de vie (terrain et habitat), fondées sur la terre nourricière et les échanges favorables à la reconstitution du lien social.

Les idées forces :

- 1. Mettre l’humain et la nature au cœur du développement.

- 2. Recourir à la terre comme alternative pour un changement de vie.

- 3. Développer les cultures vivrières pour l’autosuffisance alimentaire selon les principes de l’agroécologie (produire sans détruire).

- 4. Etre acteur du développement local.

- 5. Etablir une solidarité ville – campagne sur la base d’une fédération de tous ceux qui adhèrent aux valeurs que les Oasis veulent servir et promouvoir.

- 6. Avoir un regard responsable sur nos besoins et nos modes de consommations. Adopter la sobriété de vie comme valeur de bien-être.

- 7. Recréer le lien social authentique par l’écoute, le partage et la solidarité.

- 8. Privilégier les échanges de proximité dans une démarche d’autonomie (système ouvert) et non pas d’autarcie (système fermé).

- 9. Dans une Oasis chaque personne est créatrice et responsable de son activité économique et financière.

- 10. Encourager les péréquations financières fondées sur la régulation des ressources.

- 11. Favoriser la pluriactivité des personnes à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Oasis.

- 12. Repenser l’accès à la propriété, son usage et sa pérennité.

- 13. Promouvoir un habitat écologique à faible coût.

- 14. Privilégier un habitat de proximité qui respecte la vie privée de chacun.

- 15. Se souvenir qu’avant d’être un refuge, l’Oasis est à construire.

- 16. Unir les Oasis dans une dynamique de réseau, régionale, nationale, internationale."

 

N’es-tu pas déjà un peu cela, toi, urbains des villes ou des campagnes ?

J’ai constaté récemment une bien plus fervente envie de nature et d’authenticité de la part des citadins que des bouseux (dont je fais partie). Le blé nouveau germe au sein des villes et d’abord dans les consciences. Créons des Oasis fertiles et interconnectons-les afin de transformer nos rêves en actions !

 

"Incarner l’utopie, c’est avant tout témoigner qu’un être différent est à construire. Un être de conscience et de compassion, un être qui, avec son intelligence, son imagination et ses mains rende hommage à la vie dont il est l’expression la plus élaborée, la plus subtile et la plus responsable".  Pierre Rabhi - préambule du Manifeste pour des Oasis en tous lieux.

Karla Paslac, aux oasiens des villes et des campagnes

https://www.colibris-lemouvement.org/sites/default/files/contents/files/Manifeste_Oasis_en_tous_lieux.pdf

le 2014-07-22

 

1 commentaires
Le 0000-00-00 00:00:00 par Bernard
Et donc penser et mettre en acte la transition, comme y incitent d'autres chercheurs avec d'autres pistes concrètes : http://yannickrumpala.wordpress.com/2012/04/28/t-comme-transition/
Numéro : 60 -