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Numéro 61 - 07 septembre 2016
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Estrosi, les gens du voyage, et la faiblesse de l'Etat

 

Le Maire de Nice n'aime pas les nomades, le Maire de Nice n'aime pas la contradiction. Le Conseil Général non plus. Le Maire de Nice et le Conseil Général font de grands effets de manches, sous les caméras des journalistes locaux. Pour les municipales 2014, c’est reparti comme en quarante.

Le zèle électoral de M. Estrosi

Retour sur actualité : le 29 juin 2013 arrivent,  comme tous les étés, 100 caravanes et, comme tous les étés, en violation de la loi Besson, il n’y aucune aire de grand passage pour les accueillir en totalité. Alors les caravanes fraquent un stade qui a le seul et véritable malheur de se trouver ce jour là sur le trajet du Tour de France.

Alors, comme tous les étés, Estrosi et Ciotti bondissent, de concert cette fois, la fleur Nice Matin au fusil :
http://www.nicematin.com/nice/video-dimanche-sous-tension-autour-des-gens-du-voyage-au-arboras-a-nice.1326096.html

Insultes, menaces, barrages, etc. On en a (presque) l’habitude[1].
Mais ce n'est pas tant cela qui est intéressant… Ce que nous allons questionner, c'est la présence de l'Etat dans l'application de la loi.

Dans le rôle de l'Etat, un préfet de police : Christophe Mirmand, sur scène face aux duettistes Estrosi/Ciotti.

Ce 29 juin, le préfet donne raison aux nomades contre les sheriffs locaux. Ces derniers ont ordonné avec force insultes aux nomades de déguerpir dans un délai de 48h ; Mirmand donne l'avis contraire, les autorisant à rester jusqu'au 16 juillet, arguant l'absence d'aire de grand passage dans la commune. Stupéfaction citoyenne : l'Etat joue son rôle à Nice !? ... Ô Joie !

Colère d'Estrosi, grand fracas, téléphonage au Ministre de l'Intérieur, Manuel Valls : «Faites sur-le-champ rentrer dans les rangs ce Préfet m'outrageant  sinon.» (en substance)

Le 30 juin les nomades s'en vont, d'eux-mêmes...

La « valls » des préfets,  bras coupés de l’Etat :

Ça tombe bien et ça ne mange pas de pain, puisque notre Défenseur des Grands Intérêts Sédentaires sait que M. Mirmand est sur le départ. Il a été nommé, en conseil des ministres datant du 19 juin, préfet de Corse et  vient de prendre ses nouvelles fonctions le 8 juillet.

Sa Bienveillance Protectrice des Domiciles Fixes profite donc d’un vide institutionnel : comment le Préfet, représentant de l’Etat, peut-il gérer sérieusement cette affaire alors qu’il est en train de faire ses valises ?

De son côté, M. Valls s’indigne des propos tenus par le Grand Chevalier des Propriétés Respectables, amalgamant « Roms » et « gens du voyage ». C'est gentil tout plein, mais l’on se demande surtout, la loi faisant obligation aux départements et communes de fournir des aires de grand passage adaptées, que fait l’Etat pour contraindre les collectivités locales à se plier à la législation et rappeler à certains responsables politiques ayant exercé des fonctions éminentes au sein de la République qu’ils ne parlent de respect de la loi que quand ça les arrange ?

http://www.francetvinfo.fr/politique/gens-du-voyage-que-dit-la-loi_365358.html

http://www.liberation.fr/societe/2013/07/16/accueil-des-gens-du-voyage-le-sud-est-mauvais-eleve_918594

Sonia Grdovic, Achoure Ouaâli, aux niçois qui mal y pensent.


[1] La préfecture des Alpes-Maritimes, tout en admettant « le caractère illicite de l'installation », fait remarquer que «celui-ci est à mettre en balance avec le manque de terrains d'accueil disponibles pour les gens du voyage dans le département». La litote suggère évidemment que la mairie est elle-même en infraction, et que M. Estrosi est en partie responsable de la situation qu’il dénonce. L’on n’oserait y croire…

De son côté, le président d’Action Grand Passage, Désiré Vermeersch, qui a servi de relai entre la communauté des tsiganes évangéliques et la préfecture, précise : « Il y a deux ans, une autre mission s’était installée à cet endroit, et monsieur Estrosi ne les avait pas fait bouger d’un iota. […] On aurait pu régler cela tranquillement, en toute discrétion, comme on le fait souvent. Des campements, il y en a partout, les maires sont souvent réticents mais on s’arrange toujours. Dans ce cas précis, le maire a voulu se servir de cette histoire à des fins électoralistes, il a voulu faire un "buzz" autour de tout cela », ajoute M. Vermeersch. Mais où vont-ils chercher tout ça ?

Annexes : 1) Une aire d’accueil a une capacité comprise entre 15 et 50 places de caravanes. Souvent bétonnée, elle doit disposer de sanitaires, et d’un point d’eau et d’électricité pour chaque emplacement. En outre, un système de ramassage des ordures et de gardiennage est obligatoire. Il ne s’agit pas d’une aire de camping gratuit, chaque «abri mobile» devant s’acquitter d’un droit d’usage, au tarif fixé par la collectivité locale.

(2) Une aire de grand passage est un terrain viabilisé, avec accès à l’eau et l’électricité, capable d’accueillir les grands rassemblements, qui regroupent entre 50 et 250 caravanes.  

(3) La loi Besson (2000) : relative à l'accueil et à l'habitat des gens du voyage, oblige les communes de plus des 5 000 habitants à mettre deux terrains à la disposition de ces populations : une aire de "stationnement" qui doit pouvoir accueillir 50 caravanes et une seconde, de "grand passage"  "destinées à répondre aux besoins de déplacement des gens du voyage en grands groupes à l'occasion des rassemblements traditionnels ou occasionnels, avant et après ces rassemblements". Or, la ville de Nice n'a qu'un seule espace dit "de stationnement" à proposer. Les gens du voyage souhaitant se rendre à Nice peuvent donc s'y installer, à condition de ne pas s'installer à plus de 50 caravanes à la fois.

Mots clés : #nice
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